Une crise qui sème l’inquiétude
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La découverte d’un cerf atteint de la maladie débilitante chronique dans une ferme d’élevage de la région de Grenville-sur-la-Rouge samedi est une véritable catastrophe, selon le coordonnateur provincial pour la gestion du cerf de Virginie.
Selon François Lebel, la faune québécoise traverse même sa pire crise de tous les temps. « Si des mesures ne sont pas prises rapidement, dit-il, c’est plus de 25 % du cheptel des chevreuils et des orignaux de la Belle Province qui pourrait être décimé par la maladie, comme ce fut déjà observé ailleurs en Amérique du Nord lors d’épisodes semblables. »
Dès que les intervenants gouvernementaux ont été avertis de la situation, une cellule de crise s’est mise en branle. Les spécialistes ont contacté le Département des ressources naturelles de l’État de New York, où la maladie avait été découverte sur cinq bêtes en 2005, afin d’obtenir des conseils avisés de leurs équipes de scientifiques.
Grâce à leur plan d’attaque, ils avaient pu éradiquer la maladie au cours de cette même année.
« C’est ce que nous avons aussi l’intention de faire, assure M. Lebel. Nous ne voulons pas être les hôtes d’un foyer d’infection comme c’est encore le cas en Pennsylvanie, en Virginie, en Virginie-Occidentale, en Alberta et en Saskatchewan. »
Notons qu’en Saskatchewan, le troupeau avait complètement éradiqué le cheptel dans les zones infestées, avant qu’un élevage soit repris cinq ans plus tard... et qu’on constate que la maladie était toujours présente.
Une équipe spécialisée, formée par la direction de la protection de la faune, est déjà sur le terrain pour prélever des spécimens. « Ces derniers doivent toujours avoir en tête qu’il n’y a aucun signe apparent de la maladie et que les cinq chevreuils porteurs de la maladie dans l’État de New York ne laissaient présager aucun indice eux non plus », souligne Nicolas Bégin, le coordonnateur des relations avec les médias pour le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP).
Chasse interdite
Une des mesures prises par le ministère a été de délimiter un secteur près de la ferme d’élevage où il sera interdit de chasser cet automne.
À cet effet, des milliers d’archers et d’arbalétriers qui s’apprêtent à se lancer aux trousses des cerfs de Virginie dans la zone 10 est, puis à compter du 29 septembre dans la zone 9 ouest, ne pourront accéder à leur territoire.
La chasse sera interdite dans un quadrilatère d’environ 400 km² qui couvre moins de 5 % de la zone 10 est et moins de 3 % de la zone 9 ouest. Il est ceinturé par les municipalités de Boileau, Harrington, Grenville-sur-la-Rouge et Notre-Dame-du-Bonsecours.
Il y aura aussi une zone d’interventions contrôlées de 7,5 km² à proximité du foyer originaire de l’infection, où les citoyens devront éviter le secteur et où toutes formes de chasse et de piégeage seront interdites.
De plus, tous les chasseurs qui récolteront un chevreuil dans un rayon de 45 km autour de la zone concernée devront l’enregistrer dans un poste d’enregistrement local, où un prélèvement des ganglions et de l’obex (partie du cerveau) sera effectué. Les échantillons seront envoyés en laboratoire et le chasseur recevra les résultats dans les 48 heures afin de savoir si le gibier est comestible. « Afin de limiter la propagation, les cerfs devront être transformés chez un boucher local, situé à dans un rayon de 45 km pour éviter de déplacer des carcasses », précisait M.Bégin.
Du côté de la Sépaq, le responsable des relations avec les médias, Simon Boivin, explique qu’aucun séjour de chasse n’est affecté dans les réserves fauniques par ce cas isolé observé dans la ferme d’élevage. À peine 1,5 % du territoire de la réserve faunique de Papineau-Labelle est touché par le périmètre de surveillance établi par le MFFP. Les chasseurs qui récolteront du gibier dans les secteurs de chasse 6, 21, 22, 23, 71, 72 et 74 auront toutefois l’obligation de le faire débiter à l’intérieur du quadrilatère établi.
Recommandations
Les intervenants du MFFP suggèrent aux amateurs qui chassent dans le secteur englobé par la zone du 45 km de limiter au minimum l’appâtage pour éviter les attroupements. Ils ne souhaitent pas l’interdire, car si la population récolte moins de chevreuils, les biologistes auront moins de bêtes à analyser.
« Utilisez des urines synthétiques et portez des gants lors de l’éviscération. Ne tentez surtout pas de prélever l’urine d’une bête à même sa vessie pour vous en servir ultérieurement. Ne retirez pas non plus les glandes tarsiennes qui auraient pu être en contact avec les prions », conclut M. Lebel.