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Les bûcherons de la planète s’arrachent ses scies

Un fabricant de Chaudière-Appalaches est une référence internationale

À 62 ans, Jean-Pierre Mercier consacre tout son temps à la conception de ses scies et à la participation aux compétitions internationales.
Photo Annie T. Roussel À 62 ans, Jean-Pierre Mercier consacre tout son temps à la conception de ses scies et à la participation aux compétitions internationales.

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Bien cachées au milieu de la forêt à Sainte-Agathe-de-Lotbinière, des scies québécoises sont la convoitise des bûcherons les plus chevronnés de la planète, qui doivent patienter plus de deux ans pour espérer s’en procurer une.

Des compétiteurs forestiers de partout connaissent bien l’adresse de Jean-Pierre Mercier : que ce soit de la Belgique, de l’Australie, des États-Unis ou du reste du Canada, les commandes ne dérougissent pas depuis que l’homme s’est lancé dans la fabrication à temps plein en 1997.

À près d’une heure de route de Québec, sur la route 271, une menue pancarte où il est inscrit «Mercier» se distingue à peine parmi les arbres ; c’est l’un des rares indices qui désignent l’endroit insoupçonné où sont conçus ces outils de compétition.

De l’électronique au bois

Jean-Pierre Mercier a travaillé dans l’électronique pendant près de 20 ans avant de répondre à l’appel du bois pour de bon.

M. Mercier en plein processus de fabrication.
Photo Annie T. Roussel
M. Mercier en plein processus de fabrication.

«Mon objectif était d’en sortir entre 20 et 30 par année. Après, je pourrais seulement réparer les scies en circulation. Le problème, c’est que les commandes n’ont pas baissé», s’exclame-t-il, lui dont la famille a une riche tradition bûcheronne.

Une soixantaine de titres de champion du monde et une trentaine de records mondiaux plus tard, les scies «Mercier» sont convoitées à un point tel que les compétiteurs forestiers doivent patienter «au minimum» deux ans avant de mettre la main sur l’outil convoité.

Chaque scie nécessite une cinquantaine d’heures de travail minutieux et se détaille entre les 2000 et 3000 $. Les fabricants de telles scies haut de gamme se comptent d’ailleurs sur les doigts d’une main.

Bien que l’intérêt pour les compétitions forestières soit grand ailleurs dans le monde, même dans l’Ouest canadien et les Maritimes, il a chuté drastiquement au Québec depuis quelques dizaines d’années.

«C’est tombé à l’eau, déplore M. Mercier. C’est souvent des agriculteurs qui pratiquent ce sport-là. C’est difficile de concilier les deux.»

Compétiteur aguerri

Le sexagénaire a lui-même usé de ses scies pour triompher dans les plus grandes compétitions au monde. Il compte une vingtaine de titres mondiaux à son actif depuis ses débuts en 1975, la plus récente victoire remontant à cet été au Wisconsin. Et sa passion n’est pas à la veille de s’éteindre.

«Tant qu’on peut, on continue!», assure-t-il.

 

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