La revente de vêtements en ligne: un marché lucratif aux effluves de Tide
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Chaque soir, pendant plus d’une semaine, plusieurs jeunes femmes sont venues acheter d’anciens vêtements à ma blonde Laurie avec des étoiles dans les yeux, excitées par les aubaines «incroyables». Abasourdi par la quantité de transactions effectuées en un si court laps de temps, j’ai décidé d’enquêter sur ce marché lucratif qu’est la vente de vêtements usagés sur le Web.
Le système est simple. Le «vendeur» affiche sa marchandise, généralement à un prix en dessous de l’original, dans un groupe de «revente» sur les réseaux sociaux et vend au premier intéressé. L’échange se fait par la suite à la discrétion du vendeur et de l’acheteur. Une sorte de friperie «homemade» numérique, quoi.
Facebook regorge de groupes en tout genre, comme Tout le monde est pu capable de son linge ou Échange de vêtements UdeM/UQAM. Des morceaux en fibres naturelles de qualité aux plus «casual», les dizaines de milliers de membres en ont pour leur argent.
Parmi les plus actifs, on retrouve Le Vide Dressing de Montréal, créée par Charlène Morin en 2015. «Quand je suis arrivé de France, j’ai remarqué qu’il n’y avait pratiquement pas d’initiatives sur les réseaux sociaux pour vendre son linge de seconde main, contrairement à mon pays d’origine où on en compte des centaines», m’explique-t-elle. «J’ai donc démarré Vide Dressing et le nombre de membres a grossi très rapidement».
Selon Charlène, cette popularité grandissante est basée sur trois axes. «Il y a un souci environnemental, puisque les gens récupèrent les vêtements au lieu des jeter, un côté économique, vu les prix généralement beaucoup plus bas qu’en magasin, et un aspect profitable pour les vendeurs, qui peuvent se faire un joli paquet d’argent de poche».
Pour Carolane Stratis, blogueuse et rédactrice en chef de Ton petit look, cette forme de magasinage en ligne est un incontournable. «J’ai déniché des pièces de designer pour vraiment pas cher en épiant des groupes de revente!» Comme beaucoup d’acheteurs dans son genre, Carolane ne se procure que des éléments qui en valent la peine. «Vu que c’est souvent au client de se déplacer, je m’assure de triper sur le morceau avant de faire des kilomètres de métro. Je n’irais jamais jusqu’à Viau pour un fond de parfum, mais pour des souliers peu utilisés, BRING IT ON!»
Carolane et sa sœur Josiane ont flairé le potentiel commercial de cette industrie et ont lancé l’Awesome vente de seconde main il y a cinq ans. «On se trouve un local et on invite des amis à venir vendre leur stock le temps d’un week-end. Les clients arrivent et achètent ce qu’ils veulent. C’est pas mal moins compliqué que de dealer en ligne et c’est une affaire en or pour les vendeurs», admet Carolane. Selon la blogueuse, «les gens dépensent pour des centaines de dollars en vêtements usagés» lors de ces évènements.
Un butin dûment gagné
Une «business» qui roule bien peut rendre les poches du vendeur assez pleines, me confie Laurie, qui a fait plus de 450$ en vendant ses bouts de tissus sur Facebook. Toutefois, ce marché a son lot de désagréments quotidiens. «Les gens vont souvent essayer d’épargner des cennes en vous demandant de diminuer votre prix, ou bien encore vont exiger que vous vous déplaciez pour acheter votre produit».
Il faut aussi gérer les communications avec les clients. «Pour 40 morceaux, j’ai dû avoir minimum 120 messages en quelques jours». «On doit crinquer l’intéressé en lui proposant des points de rendez-vous pas trop loin de chez lui. Sinon, c’est sûr qu’il “choke”».
Pour avoir plus de chances de vendre ses articles, il faut afficher sa marchandise sur plusieurs groupes à la fois et porter une attention particulière à la manière de publier ses offres. «Je fais toujours un montage photo pour montrer les différentes textures de mes vêtements parce que je sais que les habitués aiment les posts de qualité». Carolane Stratis vient appuyer cette théorie. «Souvent, les gens mettent des clichés dégueulasses où les vêtements ont l’air sales ou mal entretenus. Je n’ai pas de temps à perdre avec ça! J’aime ça quand c’est beau!»
Après une semaine de commerce intense, Laurie a pratiquement tout vendu. Ayant assisté au branle-bas de combat des derniers jours, je suis certain que ce n’était qu’une expérience «once in a lifetime». Pourtant, assise sur le lit, les liasses de billets multicolores entre les mains, elle me lance: «Ouin! J’ai hâte à la vente de printemps!»
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