Agir
Charles de Gaulle écrivait «Délibérer est le fait de plusieurs. Agir est le fait d’un seul».
Ce sont les mots du général français qui a orchestré la reconquête de la France durant la Seconde Guerre mondiale. Ce sont des mots qui doivent être écrits, par urgence, dans le quotidien le plus lu au Québec.
De Gaulle était un soldat. Son héritage militaire lui a laissé un principe qui guidera son action politique: le sens du devoir. Peu importe les circonstances, il se sentait responsable du sort de ses compatriotes. Il devait agir.
Si ma tribune peut servir une cause, ce sera celle de l’engagement.
Individualisme toxique
Aujourd’hui, il faut produire, performer, réussir. Pour être quelqu’un, il faut se détacher des autres. Être sensible au sort des gens constitue un boulet qui ralentit notre ascension vers le succès.
On a troqué les modèles de courage pour les modèles d’Instagram. On ne séduit pas par notre vision du monde, mais par la marque d’un t-shirt, teinté à même l’enfance brisée de jeunes Bangladais. On traverse les lignes de piquetage, car notre plaisir éphémère l’emporte sur l’empathie et la solidarité. On recherche la condition matérielle par peur de se questionner sur notre condition humaine.
L’individualité est devenue un refuge face à un monde trop dur. On ignore l’urgence d’agir.
Dans nos hôpitaux, les infirmières et les préposés aux bénéficiaires soignent nos proches dans des conditions horribles. La lourdeur d’un système centralisé les écrase jusqu’au burn-out.
À l’école, les garçons décrochent. Le culte de l’image impose des standards de beauté irréalistes aux filles. Les jeunes enseignants entrent dans le système d’éducation comme des pompiers dans une maison en feu.
Si on levait les yeux dans la rue, on constaterait l’ampleur de l’exploitation sexuelle et des problématiques de santé mentale des itinérants.
L’indifférence nous éloigne de ce qui reste de notre humanité.
Individualisme civique
L’individualisme actuel doit être sublimé par un individualisme civique. L’individu doit devenir citoyen.
«Agir est le fait d’un seul», disait de Gaulle. À la base du changement social, il y a quelqu’un. Une personne qui se remet en question et qui décide de s’engager pour changer l’ordre des choses. Il y a un être qui ressent, qui rêve et qui aspire à faire une différence. Dans la masse, il décide d’être. Il choisit d’ajouter du sens à l’expérience humaine.
Notre individualité ne doit pas nous réduire à la servitude matérielle, mais nous forcer à ajouter notre couleur à l’idée d’un monde meilleur.
En démocratie, c’est le pouvoir du citoyen qui est garant de la souveraineté d’une nation. L’engagement actif de chacun porte, en soi, l’existence d’une société.
C’est d’un pas léger et les yeux brillants que l’on marche vers la liberté.
Camus ajouterait: «Notre monde n’a pas besoin d’âmes tièdes. Il a besoin de cœurs brûlants.»
Dans la froideur d’une société éclatée, je choisis la chaleur d’un espoir de justice.
J’aspire à aimer.
Si j’ai la chance d’avoir une plume, je dois la consacrer à la défense des oubliés.
Écoutez, comme si vous y étiez, les conversations téléphoniques entre Philippe Larivière et son mentore Josée Legault alors qu’ils discutent de cette chronique finale.
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