Le débat de la tourtière
Aujourd’hui, 25 décembre, jour de Noël. La tradition veut que nous soyons tous dans nos préparatifs et dans nos chaudrons. Moment familial par excellence, Noël représente aussi un moment où nous discutons de tout et de rien. Puisqu’au Québec nous nous interdisons de parler de politique et de religion à Noël, je me dois de revenir sur un enjeu récurrent et clivant : le débat de la tourtière.
Aujourd’hui, 25 décembre, jour de Noël.
La tradition veut que nous soyons tous dans nos préparatifs et dans nos chaudrons. Moment familial par excellence, Noël représente aussi un moment où nous discutons de tout et de rien. Puisqu’au Québec nous nous interdisons de parler de politique et de religion à Noël, je me dois de revenir sur un enjeu récurrent et clivant : le débat de la tourtière.
Pour plusieurs d’entre nous, la tourtière n’est que l’autre nom du pâté à la viande. Le célèbre cuisinier Ricardo présente d’ailleurs les choses de la sorte sur son site interne .
Or, nos compatriotes du Lac-Saint-Jean ont horreur que l'onconfonde les deux, en faisant une fierté régionale. Ils mettent fréquemment à notre disposition des photos sur les réseaux sociaux, nous permettant de comparer les deux et de conclure que non, ce n’est pas la même chose.
Au début, je les croyais dans le tort. Je me disais qu’on ne pouvait appeler « tourtière » ce qui ne contenait pas de tourte voyageuse (une espèce d’oiseaux aujourd’hui disparue, signalée pour la dernière fois au Québec en 1911) ou de tourterelle. Ne devrait-on pas appeler ça plutôt une « viandère » quand on met faisan, chevreuil, lièvre, perdrix, canard dinde, poulet, bœuf, porc, bref, tout sauf de la tourte?
Or, après vérification , il semblerait que le nom du mets renvoie non pas à l’oiseau, mais au plat de cuisson. En France, on emploie généralement le terme « tourte » pour désigner une quelconque forme de tarte.
Nos fiers compatriotes jeannois errent cependant sur un point. La tourtière n’est pas une création de chez eux.
Au départ, elle aurait été conçue vers 1600 avant Jésus-Christ. Au Québec, elle émane plutôt du cipaille (également appelée « cipâte », « sea pie » ou « six-pâtres »), un gros pâté de viande conçu pour les équipages des navires qui traversaient l’Atlantique.
Puis, la colonisation de Charlevoix, vers la fin du régime français et au début du régime anglais, a favorisé le croisement du cipaille avec la tourte française.
C’est donc en Charlevoix, et non au Lac-Saint-Jean, que la tourtière a été inventée. J’avoue que ça flatte ma fibre régionale!
Preuve contemporaine ultime : c’est une Charlevoisienne, soit ma grand-mère, qui fait la meilleure tourtière au monde.
Sur ce, je souhaite à tous mes lecteurs de très joyeuses fêtes! Profitez bien du temps avec vos proches. Je vous aime.