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Louise Cordeau: une femme engagée

Dans la famille de Louise Cordeau, aider et s’impliquer n’était pas difficile, c’était une valeur

Ce qui comble le plus Louise Cordeau depuis le début de sa fructueuse carrière, c’est de travailler avec les équipes. «Pour moi, la hiérarchie c’est important dans la mesure où chacun a sa forme de responsabilité, mais le plus important, c’est 
le tout.»
Photo Jean-François Desgagnés Ce qui comble le plus Louise Cordeau depuis le début de sa fructueuse carrière, c’est de travailler avec les équipes. «Pour moi, la hiérarchie c’est important dans la mesure où chacun a sa forme de responsabilité, mais le plus important, c’est le tout.»

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Du plus loin qu’elle se souvienne, Louise Cordeau a toujours été engagée dans de multiples causes, que ce soit au sein de l’école, de la société ou dans son milieu professionnel.

Dans son bureau du Conseil du statut de la femme, organisme qu’elle préside depuis deux ans, Louise Cordeau a l’habitude de tenir une galerie de photos lui rappelant des moments ou des rencontres importants de sa vie. Elle tenait la même au Journal de Québec, où elle a été la première femme éditrice et chef de la direction.

«Tu regardes mon mur des célébrités», lance-t-elle tout sourire alors que j’y jette un coup d’œil, pendant que le photographe l’immortalise derrière sa table de travail. Elle porte un costume rose, couleur préférée de celle qui a instauré l’événement Québec Ville en rose, qui en sera bientôt à sa 10e édition.

L’événement Québec Ville en rose est né de l’initiative de Mme Cordeau. Depuis bientôt 10 ans, des dizaines d’entreprises, de sites et de monuments s’illuminent de rose en soutien à la lutte au cancer du sein.
Photo d'archives
L’événement Québec Ville en rose est né de l’initiative de Mme Cordeau. Depuis bientôt 10 ans, des dizaines d’entreprises, de sites et de monuments s’illuminent de rose en soutien à la lutte au cancer du sein.

Parmi ces photos de gens connus qu’elle a eu la chance de rencontrer, se retrouve bien en vue des portraits de ses parents. Ses modèles qui «lui ont toujours dit qu’elle était capable de tout» et dont l’amour et la bienveillance ont constitué un grand cadeau dans sa vie, souligne-t-elle. «J’avais des parents qui valorisaient l’engagement, et ma personnalité [...] Ils n’ont jamais eu de doute par rapport à mon parcours et mes choix. Je les ai toujours sentis derrière moi, peu importe ce que je faisais.»

Le 1er janvier, chez les Cordeau, on recevait les gens seuls de la famille. Et le lendemain, c’était au tour des gens seuls de Saint-Hyacinthe, d’où elle est originaire. Toute l’année, sa mère cuisinait pour les plus démunis. «L’engagement, ce n’est même pas difficile chez nous. C’est une valeur.»

Amour des gens

Son père, Fabien Cordeau, a été conseiller municipal à Saint-Hyacinthe pendant 15 ans, tout en occupant, pendant cinq ans, les fonctions de député de l’Union nationale à Québec. Il était aussi membre de nombreuses associations. «Il a fondé tant de choses à Saint-Hyacinthe», évoque-t-elle avec fierté.

«Quand ma mère était fatiguée parce qu’ils avaient eu beaucoup de soirées dans la même fin de semaine, j’accompagnais mon père dans ses activités. J’étais aussi engagée dans ma vie scolaire, et dans la communauté maskoutaine, parce que mes parents y étaient engagés.»

Étudiante à l’Université Laval, elle a aussi partagé l’appartement de député de son père à Québec. Elle se souvient de dîners au restaurant de l’Assemblée nationale. Ce fut sa première incursion dans ces lieux qui l’avaient toujours interpellée, et où elle reviendrait plus tard, mais comme directrice de cabinet du président de l’Assemblée.

Première femme éditrice et chef de la direction de l’histoire du <i>Journal de Québec</i>, Louise Cordeau s’est également impliquée avec le Carnaval de Québec à l’époque, comme duchesse. Elle est photographiée en compagnie de bonhomme, dans la salle de rédaction du <i>Journal</i>, en 2014.
Photo d'archives
Première femme éditrice et chef de la direction de l’histoire du Journal de Québec, Louise Cordeau s’est également impliquée avec le Carnaval de Québec à l’époque, comme duchesse. Elle est photographiée en compagnie de bonhomme, dans la salle de rédaction du Journal, en 2014.

«J’ai gagné, de petites expériences en petites expériences, une expertise qui me sert encore aujourd’hui», estime celle qui s’est aussi impliquée à l’époque dans le Carnaval de Québec, comme duchesse.

Quant à sa mère, qui est décédée en novembre, elle lui a aussi légué sa bonté, son amour des gens. «J’avais des parents qui n’étaient pas dans le jugement, mais dans l’ouverture. Deux personnes qui se complétaient, et acceptaient et respectaient le rôle que jouait l’autre.»

Un modèle que Mme Cordeau a reconduit dans sa propre vie amoureuse, avec son complice depuis 37 ans. Le couple a fait les mêmes études et a eu deux filles, âgées de la trentaine.

Multiples intérêts

Ceux qui la connaissent ne seront guère surpris de savoir que dès son plus jeune âge, Louise Cordeau s’impliquait comme présidente de sa classe et dans toutes sortes d’activités parascolaires. À la fin de l’année scolaire, elle récoltait les 25 sous des élèves pour acheter un cadeau au professeur.

Si tous ses proches la voyaient pratiquant le droit, pour sa façon très convaincante de s’exprimer, ce n’était pas aussi évident pour la principale intéressée. «J’ai longtemps pensé me destiner à la médecine, mais après que j’aie connu les sciences, je réussissais, mais ce n’était pas ma passion. Ce que je voulais faire, ce n’était pas précis [...] J’avais plein d’intérêts, et des amis qui avaient eux aussi plein d’intérêts.»

Son choix s’est clarifié au cégep, en lisant une offre d’emploi dans un journal où il était question de ressources humaines et de relations de travail. Elle s’est donc dirigée vers les relations industrielles, «parce qu’elle aimait les gens», et a complété un premier baccalauréat.

Mais ses mentors à l’Université continuaient de lui recommander de compléter son droit. Elle les a écoutés, puis a pratiqué le droit du travail, de la famille et de la responsabilité professionnelle. Son mari a fait les mêmes études. Elle a pratiqué dans des cabinets puis a ouvert le sien avec son frère, avocat lui aussi, à Saint-Hyacinthe.

«J’ai représenté beaucoup d’enfants devant les tribunaux, j’ai accompagné des femmes victimes de violence conjugale. J’aimais cette pratique éminemment humaine.»

L’avocate se donnait 10 ans dans ce domaine. Puis, toute la famille a déménagé à Québec. C’est là que les portes de l’Assemblée nationale se sont ouvertes de nouveau. Elle a travaillé auprès de Roger Bertrand, puis de Jean-Pierre Charbonneau, qui lui a succédé. Elle a ensuite été chef de cabinet de ce dernier.

Bougie d’allumage

Après ce passage dans le monde politique, Louise Cordeau a été recrutée par un chasseur de tête, ce qui l’a menée à la direction de Radio-Canada à Québec. Elle y a opéré l’intégration de la télévision, la radio et le Web, un autre défi de taille.

«C’est vrai qu’à travers mon parcours, j’ai travaillé dans des organisations de différentes natures, mais j’ai toujours abordé les choses de la même façon. Toute ma carrière, ç’a été ça : je n’y étais pas à cause d’un ami ou d’une connaissance. Je suis arrivée chaque fois avec un regard neuf sur l’organisation, mais en faisant en sorte de travailler avec les forces des gens.»

Bougie d’allumage, capitaine qui donnait la direction : elle définit ainsi ses aptitudes de gestionnaire. «Je n’ai pas choisi ma carrière, exprime-t-elle, c’est ma carrière qui m’a choisie.» Elle cite Gilles Vigneault. «Il faut parfois risquer de perdre une rive à jamais, pour un jour toucher l’autre.»

«Comme je me suis toujours fait dire “t’es capable”, je n’avais pas à me poser des questions sur ma capacité. Le doute fait partie de moi parce que c’est constructif, ça fait que tu avances plus loin, et c’est ce qui te dit que tu pourrais être meilleure. Mais pas le doute de l’échec.»

En rafale

Inventer une école

Au début des années 90, des parents ont approché Louise Cordeau pour qu’elle se joigne à un projet de fonder une école préscolaire et primaire privée à Saint-Hyacinthe. L’initiative visait à permettre aux enfants qui fréquenteraient l’école de bénéficier d’un encadrement et d’un enseignement de qualité supérieure, supportés par des valeurs d’entraide et de partage. «Finalement, je me suis vraiment beaucoup impliquée jusqu’à devenir cofondatrice», relate celle qui s’est ainsi retrouvée dans l’équipe qui a « inventé une école », monté le projet éducatif, embauché les professeurs, réuni les fonds, notamment auprès des communautés religieuses... et même nettoyé et préparé les locaux. «On a tout fait pour que ça fonctionne, et plusieurs professeurs recrutés au départ sont encore là.» La Petite Académie accueille aujourd’hui 184 élèves et prend place à l’intérieur du Séminaire de Saint-Hyacinthe.

Un rôle naturel

Pour Louise Cordeau, il s’est avéré tout naturel de se retrouver présidente du Conseil du statut de la femme. Première femme à diriger ou à se retrouver au sein de plusieurs organisations, elle a aussi fait maintes fois en sorte que des femmes compétentes soient nommées dans des postes stratégiques. Elle croit aussi beaucoup à l’équilibre dans une équipe. «J’ai travaillé aussi bien avec des hommes qu’avec des femmes, dit-elle, et j’ai toujours tenu à m’entourer des meilleurs.»

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