/news/society
Navigation

Audit pour démasquer de possibles prêtres pédophiles: d’autres diocèses emboîtent le pas de Montréal

bloc prêtre eglise religion
Photo Adobe Stock

Coup d'oeil sur cet article

Au moins huit diocèses emboîteront le pas à l’Archevêché de Montréal qui lance un audit de ses archives de plusieurs milliers de dossiers de prêtres , afin de déterminer le nombre et la nature d’allégations d’abus sexuels commis sur des mineurs, de 1950 à nos jours. Un processus «bidon» dénoncé par des victimes d'abus. 

Les diocèses de Rimouski, Baie-Comeau, Gaspé, Chicoutimi, Amos, Gatineau, Rouny-Noranda et Mont-Laurier ont confirmé au Journal qu’ils procéderont eux aussi à l’analyse de leurs archives, afin de faire la lumière sur d’éventuelles allégations d’abus commis par des membres de leur organisation.  

Leurs façons de faire, les périodes qui seront à l’étude et toutes les modalités entourant leurs démarches restent toutefois à déterminer, affirment-ils. Pour sa part, le diocèse de Chicoutimi précise d’ores et déjà que son audit ne se limitera pas aux dossiers des prêtres. Il touchera aussi la clientèle du diocèse et les agents de pastorales. «En ce qui nous concerne, nous avons relevé que les dossiers des prêtres ne donneront pas d’information sur le passé qui est bien probante», a expliqué l’avocate du Diocèse, Me Estelle Tremblay.  

Enquête «bidon» 

Malgré tout, des représentants de victimes de prêtres critiquent ce processus d’enquête, le qualifie de «biaisé» et de «bidon». D’une même voix, Carlo Tarini, directeur du Comité des victimes de prêtres, Sébastien Richard, porte-parole des victimes des religieux de la Congrégation de Sainte-Croix, Roger Lessard, qui accompagne plusieurs victimes présumées d’agressions sexuelles par des prêtres et Frank Tremblay, instigateur du recours collectif contre les Rédemptoristes estiment qu’une commission d’enquête publique est nécessaire pour faire la lumière sur le «douloureux» passé de l’Église. «Ça permettrait à tout le monde de se présenter sans crainte de poursuite pour aller parler ouvertement. Quand le gouvernement lancera une commission d’enquête et que les diocèses diront qu’ils ont hâte d’y aller, on commencera à penser qu’il y a une portion d’honnêteté là-dedans», affirme M. Tremblay.  

Questionnée à cet effet mercredi, la ministre de la Justice Sonia Lebel a toutefois fermé la porte à un tel exercice. «Je pense qu’à ce stade-ci, ce n’est pas approprié», a-t-elle indiqué.  

En réflexion 

Par ailleurs, d’autres diocèses, dont celui de Québec, Trois-Rivières, Sherbrooke et Nicolet ont affirmé être en réflexion quant à la mise en place d’une telle mesure d’étude des archives.  

«Nous envisageons également un audit dont les modalités restent encore à préciser», a indiqué l’Église catholique de Québec sur sa page Facebook, mercredi avant-midi.  

Mercredi, le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec, était à Ottawa dans le cadre d’une rencontre de l’exécutif de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Il n’a pas souhaité répondre à notre demande d’entrevue.  

Dans la région de Montréal, les diocèses de Joliette, Montréal, Saint-Jean-Longueuil, Saint-Jérôme et Valleyfield ont mandaté la juge à la retraite Anne-Marie Trahan pour mener un audit de leurs archives, dans le but de «faire la lumière sur les agissements du passé».  

Mme Trahan commencera à auditer les cinq diocèses dès septembre 2019. Selon l’archevêché, aucune limite de temps n’a été fixée, mais l’audit devrait durer de 18 à 24 mois.   

Le rapport sera ensuite rendu public.

– Avec la collaboration de Patrick Bellerose