La perchaude n’a pas la même santé partout dans le fleuve
Les poissons ont plusieurs traces de contaminants dans le lac Saint-Pierre
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GATINEAU | Les populations de perchaudes, prisées par les scientifiques pour évaluer la santé du fleuve Saint-Laurent, sont en bonne santé autour de Montréal, mais leur état se dégrade considérablement plus ces poissons se rapprochent du lac Saint-Pierre, en Mauricie.
« On ne trouve plus de juvéniles dans le lac Saint-Pierre. Il y a un effondrement des populations, mais on ne sait pas pourquoi », s’inquiète la chercheuse Maeva Giraudo, d’Environnement et Changement climatique Canada.
Ses collègues et elle étudient la perchaude dans le fleuve Saint-Laurent depuis cinq ans. Elle a présenté hier certains de leurs constats au congrès de l’Association canadienne pour le savoir (ACFAS).
La perchaude est l’espèce sentinelle du fleuve, selon elle.
« C’est un poisson emblématique, tout le monde le connaît et le consomme, on le trouve partout », dit-elle.
Elle avance quelques pistes pour percer le mystère du lac Saint-Pierre. Il est encerclé de terres agricoles et des pesticides se trouvent dans l’eau en grande quantité. Les jeunes poissons pourraient aussi être plus sensibles aux contaminants. Une perte d’habitat pourrait aussi empêcher les poissons matures de pondre des œufs.
La chercheuse se spécialise dans l’étude des gènes pour évaluer l’état de santé des poissons, parce qu’il s’agit « de la plus petite entité biologique affectée en premier ».
« [Les gènes] sont comme des interrupteurs. Des contaminants vont allumer certains gènes et en éteindre d’autres », explique-t-elle.
Contaminants
Plusieurs contaminants ont été identifiés, notamment dans le foie des poissons, puisque c’est l’organe chargé de détoxifier le corps. Les chercheurs ont trouvé des composés perfluorés, utilisés pour imperméabiliser des objets, comme des emballages ou des tissus.
Des retardateurs de flamme, trouvés dans les ordinateurs ou les tissus, ont aussi été identifiés. Puis des métaux associés aux eaux usées rejetées dans le fleuve.
Ces contaminants ont notamment comme impact d’affecter négativement le système immunitaire et le métabolisme des poissons. Et les stress reliés aux contaminants ont été davantage identifiés dans le lac Saint-Pierre que dans les lacs Saint-Louis ou Saint-François, par exemple.
Comestibles
Malgré la présence de contaminants, Maeva Giraudo se veut rassurante. La perchaude pêchée dans le Saint-Laurent est encore comestible.
Malgré un moratoire sur la pêche en place depuis 2012 dans le lac Saint-Pierre, les poissons de deux ans ou moins restent rares, selon la chercheuse, dont l’équipe n’a pas réussi à en trouver depuis deux ans.
Par contre, les poissons plus âgés sont encore abondants.
« Il se passe vraiment quelque chose dans le lac Saint-Pierre », dit-elle. La prochaine étape sera de déterminer exactement quoi.
Un robot sexuel à l’image de Trudeau ?
Est-il mal d’utiliser un robot sexuel simulant Justin Trudeau sans son consentement ? Voilà l’audacieuse question qu’a posée hier à l’ACFAS le chercheur en éthique de l’intelligence artificielle à l’Université de Montréal, Martin Gilbert.
Les robots sexuels commencent à être développés et leur arrivée prochaine sur le marché soulève des questions éthiques. Qu’un tel robot à l’image du premier ministre soit légal ou non, il pose la question d’un point de vue moral. Et le chercheur l’avoue d’emblée, il n’a pas la réponse à sa question.
« Les gens devront se demander si c’est acceptable [...] Peu importe le droit, si ça devient disponible, si je le fais, suis-je moralement correct ou non ? », dit-il.
Il a choisi Justin Trudeau pour illustrer sa question, car il s’agit d’un homme blanc, en situation de pouvoir, qui n’est donc pas une personne vulnérable. Il est aussi « clairement l’objet de fantasmes ».
D’un côté, l’idée d’un tel robot pourrait être jugée « dégradante » ou miner la réputation de la personne. Mais d’un autre, ce qui se déroule en privé et que l’on ignore n’a aucune conséquence sur notre vie, fait-il valoir comme courants de pensée possibles. Le choix reviendra à la société, croit-il.
Pas le remplaçant d’un partenaire
Les robots sexuels sont surtout perçus comme un complément à la vie sexuelle, et non comme le remplaçant d’un partenaire, selon une étude préliminaire d’un étudiant au doctorat en psychologie.
Simon Dubé de l’Université Concordia a présenté hier à l’ACFAS les premiers résultats d’un sondage sur les robots sexuels. Ces objets sont présentement en développement, dit-il, d’où l’intérêt de sonder la population.
Sur les 235 adultes ayant répondu à son questionnaire, plus de la moitié se sont dits prêts à les essayer. Presque tous n’y voyaient pas le remplaçant d’un partenaire ou d’un ami. La plupart se sont dits curieux afin de se procurer du plaisir sexuel (80 %) et très peu parce qu’ils sont seuls (15 %).
« Ça ne va pas remplacer nos rapports avec les autres êtres humains, mais un complément à la gratification sexuelle, pour le plaisir, par exemple », croit Simon Dubé, toujours à la recherche d’autres participants pour son étude.