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Maudite ocytocine

Maudite ocytocine
Illustration Adobe Stock


J’envie un tantinet les parents dont les enfants s’endorment seuls dans une bassinette dès leurs premières semaines dans le grand monde. Ces parents qui arrivent à recevoir la visite à souper sans devoir disparaître pour aller livrer les bébés dans les bras de Morphée.

Mon plus jeune, du haut de ses huit mois, ne s’endort toujours pas seul. À presque quatre ans, mon plus vieux non plus. Est-ce que ça fait un pli sur ma bedaine mollassonne ? Pas tant.

Si la routine du soir rêvée consiste à donner le bain, jouer un peu, un petit boire et hop-on-ferme-les-lumières-au-lit, bébé somnolent, mais pas endormi, porte close, moniteur à ON, bébé s’endort, party, celle de mes enfants est loin d’être aussi structurée. On improvise plutôt au gré de nos envies et selon l’inspiration de la journée. De toute façon, mon mari et moi n’avons jamais vraiment été de très grands fans de la routine.

Chez nous, une soirée typique ressemble surtout à on joue, on joue, on joue encore, oups faudrait bien rentrer pour souper, hop dans le bain, on brosse les dents, attaque de chatouilles, attrape-moi si tu peux, une petite histoire, on ferme les lumières et je m’allonge avec les petits dans le lit familial, bébé branché au sein gauche, mon grand au sein droit jusqu’à ce que dodo s’en suive.

Si l’absence de structure règne, la soirée se termine toujours de la même façon.

Je reste auprès d’eux jusqu’à ce que le sommeil arrive. Idéalement, le leur avant le mien (objectif Netflix and chill), mais la réalité en est souvent tout autre. Maudite ocytocine. La plupart du temps, je finis par me réveiller aux petites heures tout ­habillée pour aller enfiler mon ­pyjama et me recoucher.

Un moment sans les enfants

Mais si, par un hasard inouï, je réussis à rester éveillée au-delà du premier cycle de leur sommeil, j’use de tactiques ninja pour m’extirper de leur emprise, rouler hors du lit sans faire de bruit et filer sur la pointe des pieds jusqu’à ma liberté. Je reclippe mon soutien-gorge d’allaitement, moniteur à ON. À moi Netflix.

Pour plus ou moins soixante minutes top chrono.

Parce qu’évidemment, l’un des héritiers va s’éveiller au terme du prochain cycle de sommeil. Son sixième sens se rendra compte que je ne suis plus là. Le plus jeune appellera mon nom de ses pleurs de bébé, le plus vieux viendra me rejoindre, les yeux encore à moitié fermés. « Viens faire dodo, maman. »

Il m’arrive de me demander si mes enfants réussiront un jour à s’endormir seuls, s’ils seront capables de s’assoupir sans être allaités, si je crée de mauvaises habitudes ou si je suis une mauvaise mère. Tant de questions, trop peu de réponses. L’essence même de la maternité, quoi.

Mon temps est écoulé. Je retourne me coucher, blottie contre mes bébés, le nez dans leurs petits cheveux d’anges. Puis, tous mes doutes se dissipent. Mon univers est à mes côtés. Je suis heureuse. Épuisée, mais comblée. À ce moment précis, je réalise qu’il est là mon bonheur. Notre bonheur. La visite peut bien se passer de moi une heure ou deux.

 







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