Propriétaires en furie contre Saint-Augustin
La Ville leur délivre des permis, puis recule
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Après avoir délivré des permis de construction près de bâtiments historiques, la Ville de Saint-Augustin admet « l’avoir échappé » et demande maintenant à la ministre de la Culture de protéger les éléments patrimoniaux, ce qui choque les propriétaires.
Le maire de Saint-Augustin-de-Desmaures, Sylvain Juneau, affirme qu’« on l’a échappé » dans le rang des Mines. Pour tenter de corriger l’erreur pour laquelle il ne blâme par ailleurs personne dans l’administration, il a convoqué une séance extraordinaire du conseil municipal, mercredi soir, pour faire une demande express à la ministre de la Culture.
Le dossier concerne un ensemble de trois éléments historiques situés dans le rang des Mines : une maison ancienne, un calvaire et une grange qui est sise sur les vestiges de l’une des premières chapelles de Saint-Augustin, datant du début des années 1800. L’ensemble est communément appelé le Domaine des pauvres, car il appartenait au 18e siècle aux Augustines qui y cultivaient la terre pour nourrir les plus démunis.
Le propriétaire du lot, avec l’autorisation de la Ville, a pu le diviser en parties et revendre celles-ci. Des permis ont ensuite été délivrés pour la construction de maisons et l’abattage d’arbres. Or, la Ville a réalisé sur le tard que l’une des constructions se situerait entre la maison patrimoniale et le calvaire, ce qui, selon le maire, ne serait pas judicieux et affecterait l’ensemble historique.
Ordonnance
La Ville demande à la ministre d’émettre une ordonnance qui empêcherait tout développement pendant 30 jours sur l’ensemble pour en analyser la valeur historique. De son côté, le maire estime qu’il en a une et qu’il faut le préserver.
L’un des propriétaires, Simon Bouffard, est tombé des nues quand Le Journal lui a appris les intentions de la Ville, en après-midi. « Jamais de ma vie je n’aurais acheté ce terrain si j’avais su ça », a-t-il lancé, sonné.
Au conseil municipal, lui et un autre propriétaire, Dany Cloutier, se sont interrogés sur l’intérêt nouveau de la Ville pour le patrimoine sur leurs terrains, alors qu’il y a une dizaine d’années, elle a elle-même érigé une station de pompage à cet endroit.
Le maire Juneau a reconnu et déploré que le domaine « est passé à travers les mailles du filet, par nos propres mailles » et a dit attendre les recommandations du ministère avant de se prononcer sur la suite des choses.
— Avec la collaboration de Dominique Lelièvre