C’est le «bordel» dans la rémunération des maires
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Des élus d'opposition demandent au gouvernement Legault d’intervenir dans le cafouillis qu’est devenu le salaire des maires au Québec, mais Québec refuse d'agir.
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«Depuis des années, c’est un peu le bordel dans la rémunération municipale. Il n’y a pas de barème, de critères, c’est arbitraire selon ce que le conseil municipal a décidé», a déploré mardi le député de Québec solidaire Vincent Marissal.
«C’est complètement anormal. Juste pour prendre une image, il y a un méchant paquet de maires au Québec dans des municipalités petites qui gagnent aujourd’hui plus que ce que je gagnais comme ministre de la Santé. Ce n’est pas normal», a ajouté le libéral Gaétan Barrette.
Le Journal a publié en fin de semaine un palmarès du salaire des élus municipaux qui réservaient plusieurs surprises. Les maires de Longueuil et Laval, mais également Repentigny et Varennes obtiennent un salaire plus élevé que la mairesse de Montréal.
Sylvie Parent à Longueuil (228 497$) et Marc Demers à Laval (215 971$) ont un meilleur salaire que le premier ministre François Legault (196 193$). Régis Labeaume est au huitième rang, derrière les patrons de Sainte-Julie et Terrebonne.
Grille d'analyse
Vincent Marissal propose de mettre en place une grille d’analyse basée sur des données claires: la taille de la population, le nombre de contrats publics et les responsabilités additionnelles confiées à un maire. Pour l’instant, dit-il, «on dirait que c’est fait sur la gueule».
«Certains se disent: “Je pense que je le mérite parce que je fais une bonne job.” Ben oui, moi je pense que je travaille fort. Est-ce que je peux avoir 250 000$ par année? Non, ça ne marche pas comme ça», a raillé M. Marissal.
Il s’en prend au maire de Varennes, Martin Damphousse, payé 191 673$ par année, soit plus que la mairesse de Montréal ou le maire de Québec. Cette ville n’a que 21 500 citoyens. «Varennes, c’est un bel endroit, que c’est une belle ville de banlieue, mais en tout respect, le maire de Varennes n’a pas les responsabilités de la mairesse de Montréal», a laissé tomber M. Marissal.
Il fait également un lien entre certaines situations «saugrenues» et la presse régionale en déclin. Alors que les élus de l’Assemblée nationale sont sous un «microscope», «dans les petites villes, la presse régionale au Québec rétrécit comme peau de chagrin. Elle est en train de disparaître», a-t-il souligné.
Gaétan Barrette estime également qu’il devrait y avoir des barèmes. «Le gouvernement pourrait établir ça. Un barème qui reflète la charge de travail», a-t-il dit.
Questionné sur le salaire du maire de Québec (174 420$), M. Barrette s’est esclaffé. «Je regarde le salaire de M. Labeaume [éclat de rire]. Ah! Je ne suis pas sûr qu’il est payé à la hauteur de sa charge de travail», a-t-il lancé. En comparaison, le maire de Saint-Lin Laurentides (environ 18 000 citoyens) obtient 173 000$.
Non intervention
De son côté, le gouvernement caquiste ferme la porte à toute intervention. La ministre des Affaires municipales Andrée Laforest soutient que les «élus sont imputables». «Ce sont eux qui se votent leur salaire. Ce sont eux qui décident leurs salaires. Ils en sont responsables. Je leur demande de respecter la capacité de payer des citoyens. Mais ce sont eux qui sont imputables», a-t-elle laissé tomber à l’entrée du caucus de son parti.