Octogénaire sauvagement battue: une remise en liberté angoissante à Tadoussac
Les deux individus accusés de tentative de meurtre sur une aînée remis en liberté en attendant leur procès
TADOUSSAC | Des proches d’une octogénaire sauvagement battue dans sa maison à Tadoussac, en octobre 2017, disent «craindre pour leur sécurité» depuis que les deux présumés agresseurs ont été libérés en attente de leur procès.
«Des membres de la famille, qui désirent garder l’anonymat, ont dit craindre pour leur sécurité», a confié au Journal, sans donner davantage de détails, une personne proche d’Aline Bouchard Caron, gravement blessée dans la nuit du 23 au 24 octobre 2017, à Tadoussac.
La dame avait été retrouvée étendue sur le sol dans son domicile de la Côte-Nord, qui avait été cambriolé. Ce n’est qu’en juillet dernier que Christopher Sehota Paquet, 28 ans, et Ko Prakongkham, 43 ans, ont été arrêtés et font maintenant face à des accusations de tentative de meurtre, de voies de fait graves et de séquestration.
Selon la police, la famille connaissait l’un des deux accusés.
La famille «très déçue»
Après une enquête caution de cinq jours, la juge Sonia Bérubé a décidé, le 16 septembre dernier, de libérer les deux hommes qui étaient emprisonnés depuis leur arrestation. Une ordonnance de non-publication nous empêche de diffuser les motifs derrière cette décision. «La famille de la victime est très déçue de la remise en liberté sous caution et avec restrictions des accusés», soutient la proche de Mme Bouchard Caron.
Même son de cloche de la part de la Couronne, qui s’opposait à la remise en liberté. «On est vraiment déçus», a commenté l’avocate Annick Boivin.
Des aînés craintifs à Tadoussac
À quelques pas de l’ancienne demeure de Mme Bouchard Caron, son amie de longue date raconte que «sa pression s’est mise à monter» après la libération sous conditions des suspects.
«Ça me donne un coup. J’ai peur», confie Jeanne Olsen. «Je suis indignée. Si c’était de moi, ils seraient restés en dedans», juge l’aînée, attristée par l’état de santé de son amie d’enfance, qui conserve des séquelles importantes de l’agression.
«Je suis allée voir [Aline]. Et ça fait pitié à voir», s’attriste-t-elle.
«Ce n’est pas rassurant de savoir qu’ils sont déjà en liberté quand ils viennent juste d’être pris depuis le printemps. Moi, ça ne me rassure pas», admet Nicole Maltais, la vice-présidente de la Fédération de l’âge d’or du Québec (FADOQ) de Tadoussac.
Des conditions «contraignantes»
«Les gens ont une tendance viscérale à ce que les personnes soient détenues vu la nature des accusations dans ce dossier», soulève l’avocat de Christopher Sehota Paquet, Me Matthieu Métivier, en rappelant que les coaccusés sont innocents jusqu’à preuve du contraire.
Et en ce qui concerne la sécurité du public, l’avocat de Ko Prakongkham croit que les conditions de remise en liberté des coaccusés sont suffisamment strictes pour les dissuader de commettre des crimes. «Des conditions si contraignantes mettent des bâtons dans les roues de quelqu’un qui pourrait avoir des idéations criminelles. Ça dissuade énormément de faire des folies», estime Me Louis-Philippe Doucet Gallienne.
Les procédures judiciaires dans ce dossier se poursuivront à Baie-Comeau demain, lors de l’enquête préliminaire.
Les conditions de remise en liberté
►Interdiction pour les accusés de communiquer avec Aline Bouchard Caron ou d’être en sa présence.
►Interdiction de posséder des armes, des téléphones cellulaires, des substances explosives ou des couteaux (sauf au restaurant ou pour tout autre usage légitime).