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Un outil pour mieux gérer la forêt québécoise

La lutte aux changements climatiques intégrée dans les calculs du Forestier en chef

Quebec
Photo Stevens Leblanc Le Forestier en chef Louis Pelletier prépare depuis un an et demi un logiciel qui lui permettra de calculer les impacts de ces décisions sur la capacité de la forêt québécoise à absorber des gaz à effet de serre. 

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Le Forestier en chef du Québec va intégrer la lutte aux changements climatiques dans ses calculs pour déterminer les superficies de forêt à couper, a appris Le Journal.

« On est en train d’élaborer un outil qui va nous aider à optimiser notre forêt pour maximiser la séquestration de carbone, tout en maintenant la possibilité forestière », affirme le Forestier en chef, Louis Pelletier, en entrevue avec notre Bureau parlementaire.

Ce logiciel sera prêt pour 2021. C’est à ce moment que l’organisme annoncera ses prochaines cibles de possibilités forestières, qui correspondent au volume maximum de coupes pouvant être faites sans affecter la capacité de la forêt à se régénérer. Un projet pilote est en cours pour la région du nord du Lac-Saint-Jean.

Plus de coupes ?

Ce logiciel permet de calculer en temps réel les impacts sur les gaz à effet de serre (GES) des décisions du Forestier : faire des éclaircies commerciales, éliminer les arbres indésirables, malades ou brisés, planter plus. Il est possible que ces orientations mènent à une hausse de la possibilité forestière, et donc des coupes, mais ce n’est pas l’objectif, indique M. Pelletier.

Le ministre de la Forêt, Pierre Dufour, a fait les manchettes la semaine dernière après avoir déclaré que couper plus d’arbres permettait de réduire les GES. Cette affirmation a été critiquée par les environnementalistes et spécialistes de la forêt.

M. Pelletier n’a pas voulu sauter dans ce débat. « Je ne fais pas de politique », a-t-il lancé. Il assure toutefois que la forêt québécoise aménagée peut absorber davantage de carbone et devenir un « moyen de lutte aux changements climatiques ». Il est possible de le faire en plantant plus d’arbres et en réalisant des travaux sylvicoles au bon moment.

Une recette complexe

« Nous allons connaître l’impact de nos décisions sur la séquestration de carbone et l’optimiser », explique-t-il.

La recette varie d’une région à l’autre, d’un sol à l’autre, d’un climat à l’autre. « C’est très complexe », dit-il. Le Forestier pourra demander une éclaircie commerciale, davantage de travaux sylvicoles, et prévoir les secteurs à couper en fonction de la courbe de croissance des arbres, qui diffère en fonction des essences (par exemple érable, bouleaux, mélèzes, épinette, etc.).

« Nous pourrons alors affirmer qu’il y a une meilleure captation des GES, preuve à l’appui. Nos chiffres pourront être challengés. Si on dit quelque chose, ça doit être rigoureux et appuyé sur la science », a-t-il dit.

Comment absorber plus de GES ?

Mais comment la forêt peut-elle absorber plus de GES ? Premièrement, en haussant la quantité de bois sur les terres publiques.

« Aujourd’hui, j’ai 2,4 milliards de mètres cubes de forêt sur pied. Si j’augmente ce stock, j’augmente la séquestration du carbone. C’est possible de le faire en aménageant davantage la forêt », explique l’ingénieur de formation. « Je ne contrôle pas l’entrée d’argent, mais je peux dire ceci : si on veut séquestrer plus de carbone, il faut qu’on ait un certain nombre de millions de dollars en travaux sylvicoles », dit-il.

Ensuite, il faut s’assurer que l’utilisation du bois récolté est durable : les 2x4 ont une durée de vie plus longue que le papier, par exemple. Le Forestier intégrera cette notion dans son calcul.

Le bois plutôt que le béton

Le troisième aspect, la substitution, n’est toutefois pas de son ressort. Il s’agit de remplacer le béton et l’acier, des matériaux polluants, par le bois.

Il est possible que ces orientations permettent d’augmenter les volumes de coupes, mais ce n’est pas une certitude, a dit M. Pelletier. La coupe est néanmoins nécessaire.

« C’est vrai que ce n’est pas beau, une coupe. Après deux ou trois ans, c’est laid, mais la forêt repousse. Aménager notre forêt, c’est un cycle. La récolte en fait partie. Lorsqu’on récolte, c’est à ce moment qu’on coupe le cycle naturel de mortalité et qu’on séquestre le carbone en transformant l’arbre en produit du bois », souligne-t-il.

Qui est le Forestier en chef ?

  • Le poste a été créé en 2005 et constitue l’une des principales recommandations de la commission Coulombe sur la forêt, tenue à la suite de la diffusion du documentaire-choc L’erreur boréale.
  • Québec avait également coupé de 20 % la possibilité forestière dans les forêts publiques résineuses du Québec.
  • Le Forestier est indépendant du gouvernement et de l’industrie.
  • Il a pour principale fonction de déterminer, tous les cinq ans, le volume maximum annuel des coupes de bois pouvant être faites sans affecter la capacité de la forêt à se régénérer.
  • Il tiendra maintenant compte de la capacité de la forêt québécoise à capter les GES.
  • Louis Pelletier occupe cette fonction depuis 2016.
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