Légalisation du cannabis: plusieurs années avant de mesurer les impacts réels
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QUÉBEC | Il faudra attendre environ cinq ans pour avoir un portrait précis de l’impact potentiel de la légalisation du cannabis sur les consultations dans le système de santé, estime un chercheur spécialisé en prévention de la toxicomanie.
À la veille du premier anniversaire de la légalisation du cannabis au Canada, il est difficile pour le moment d’évaluer si la nouvelle loi a entraîné, ou pas, une augmentation des consultations ou des hospitalisations en lien avec la consommation de cannabis.
C’est que les admissions ou les consultations entraînées par la consommation de la substance peuvent être liées à d’autres facteurs et la cause principale peut passer sous le radar.
«Les données administratives et la codification sont vraiment moins structurées. Il y a donc beaucoup d’incertitudes», indique Jean-Sébastien Fallu, chercheur à l’Institut universitaire sur les dépendances du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.
«Pas toujours dans l’ignorance»
Le chercheur rassure et indique «qu’à long terme, nous ne serons pas toujours dans l’ignorance».
«Je pense que dans cinq ans, nous serons en mesure d’avoir un portrait plus intéressant», croit-il.
Le Dr Richard Bélanger, pédiatre et médecin de l’adolescence au CHU de Québec, abonde dans le même sens que M. Fallu.
Il indique toutefois qu’un projet de recherche sera lancé sous peu, lequel permettra notamment de voir si la légalisation a influencé les consultations aux urgences.
Des résultats pourraient commencer à être observables au courant de la prochaine année.
Des chercheurs du Colorado consultés par M. Fallu sont toutefois unanimes.
«Après trois ou quatre ans, il est trop tôt pour publier un rapport et tirer des conclusions. Il y a des chiffres qui soutiennent des hausses et d’autres des baisses», rapporte M. Fallu.
Aucune variation
Autant du côté du CHU de Québec que du CIUSSS de la Capitale-Nationale, aucune variation à la hausse ou à la baisse réelle n’est observée pour le moment.
Le CHU de Québec a fourni au Journal un tableau sur les hospitalisations de courte durée chez les 10 à 24 ans en lien avec la consommation de diverses substances.
Dans la catégorie du cannabis, et pour les périodes 2017-2018 et 2018-2019, les hospitalisations passent de 18 à 6.
Toutefois, ces indicateurs sont difficiles à interpréter, puisque l’année de légalisation se retrouve dans les deux périodes.