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Prostitution juvénile: les grands événements et les hôtels montrés du doigt

Maria Mourani, criminologue, sociologue et présidente de Mourani-Criminologie, devant la commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs, mercredi.
Photo Dominique Lelièvre Maria Mourani, criminologue, sociologue et présidente de Mourani-Criminologie, devant la commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs, mercredi.

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Les grands événements, les hôtels, les restaurants et les bars sont des «bénéficiaires secondaires» de la prostitution, y compris juvénile, et doivent s’attaquer à cette problématique sans tarder, a clamé une experte entendue mercredi à l’Assemblée nationale. 

En juin 2018, alors que se tenaient presque simultanément le Grand Prix de Montréal et le G7 de Charlevoix, la publicité pour des services sexuels aurait triplé, a avancé la criminologue et sociologue Maria Mourani, pour illustrer à quel point les grands événements peuvent indirectement alimenter le phénomène de la prostitution. 

Pour elle, il ne fait pas de doute que ces rendez-vous, mais aussi le milieu de l’hôtellerie et de la restauration, font partie du problème, et doivent faire partie de la solution. «Tout ce beau monde-là profite de cette industrie, et moi, je pense qu’ils sont imputables», a-t-elle déclaré devant les treize élus membres de la Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs.  

Stratégie nationale 

Mme Mourani estime qu’il est «indispensable» que le Québec se dote d’une stratégie nationale de lutte à la traite de personnes à des fins d’exploitation sexuelle. Celle-ci devrait entre autres voir à la création d’un label «Québec sans prostitution», lequel serait porté fièrement par les entreprises qui ont décidé de prendre des mesures concrètes pour enrayer le problème.  

Ce label pourrait s’accompagner de crédits d’impôts pour les entreprises qui prennent cet engagement et d’amendes pour les entreprises délinquantes. Par ailleurs, le Québec devrait affirmer haut et fort qu’une politique de «tolérance zéro» s’applique sur son territoire, quitte à le faire savoir par de grandes affiches dans les aéroports. 

La députée libérale Christine St-Pierre a, de son côté, suggéré l’idée d’une taxe qui serait perçue dans certaines industries afin de financer un fonds d’aide aux victimes et de lutte contre l’exploitation sexuelle. «Ces grands événements-là reçoivent des millions de dollars de la part du gouvernement du Québec et du fédéral. Est-ce qu’on ne pourrait pas leur dire aussi, bien, est attaché à cette subvention-là un engagement de votre part», a-t-elle aussi soulevé. 

Sensibiliser les enfants 

D’autre part, alors que les réseaux sociaux facilitent le recrutement de jeunes victimes, Maria Mourani est d’avis que le meilleur moyen de protéger les enfants est d’aborder le sujet de la prostitution dès leur jeune âge. 

Elle suggère de le faire dès l’école primaire auprès des élèves les plus âgés, mais déplore qu’il y a de la résistance des enseignants et des parents. «Monsieur, madame tout le monde, dans leur tête, ça n’arrivera jamais à leur enfant», dit-elle, alors que, selon ses observations, les proies des proxénètes proviennent «de tous les milieux» et ont parfois seulement 14 ans. 

«Le mot "prostitution", le fait que l’on peut te recruter sur internet, même dans les documents qui font de la prévention sur le web, je ne le vois pas», s’inquiète-t-elle. 

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