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Le tramway? Ce sera un vrai cocothon!

Des chiffres et du karaoké...

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Les diseurs de bonne aventure ferroviaire finiront par se planter. Du moins ceux qui seront toujours là quand viendra le temps de constater les dégâts.   

Parce qu'ils oublient l’essentiel quand ils nous vendent jusqu'à plus soif l’avènement du tramway, ô sublime carrosse des temps modernes!   

Pour nous rallier à leur cause, ils supputent, ils supputent, ils supputent toujours un peu plus chaque semaine.         

Ils prévoient maintenant un exceptionnel achalandage, un Vendredi fou tous les jours, des centaines de milliers de passagers lancés quotidiennement à l’assaut du petit train du nord. Ce sera pire qu’au cocothon de Laval.         

Imaginez: plus que n’importe où ailleurs, le tramway fera bondir de 31% en une seule année les statistiques de transport en commun à Québec.         

Photo d'archives

Ils n’ont aucune preuve de cela, évidemment. Sinon la modelisation de statistiques plus ou moins récentes, interprétées par des astrologues sociomathématiciens, des données abstraites qui, une fois bien étirées se métamorphosent en clients potentiels qui, placés devant un tramway, sautent dedans sans hésiter; ce serait pour ainsi dire plus fort qu’eux. Ce n'est plus de la projection, c'est du vaudou!          

Sur le parcours prévu, derrière chaque porte de chaque maison, il y aurait donc au moins un psycho-maniaco-ferroviaire qui attend son heure! De là ce 31%!       

Remarquez qu’ils ne croient pas vraiment ce qu’ils disent, les prédicateurs du rail. D'ailleurs, ils savent qu’on ne les croit pas non plus.        

En fait, à Québec ces temps-ci, personne ne croit à ce qui se raconte sur la place publique. Ah oui? Ah bon! Tu me dis pas!         

Personne ne croit un mot de ce qu’on marmonne dans les micros, surtout à propos du prix. Hein? 300 millions en sus, donc 3,3 milliards... 10%, en trois mois? Nooon!        

La scène politique municipale est devenue une sorte d’immense karaoké. Pour compléter le décor, il faudrait ressortir les tapis de yoga jadis mis aux pieds de Clotaire Rapaille...         

Photo Chantal Poirier

Mais peu importe tout ça. Tous ces problèmes seront sans effet sur l'essentiel: l’automobiliste dort déjà tranquille, il l'abandonne à son sort, le tramway.          

Peu importe ce qu’ils racontent, les bobos, les bobonnes et les poupées russes du conseil de ville, on ne boit plus leurs paroles. Merci, ça suffit le bourre-mou. On la voit venir, la catastrophe.       

La majorité était silencieuse, elle est maintenant sourde et muette.         

Peu importe les inconvénients qui seront multipliés comme autant d’entraves à la circulation. Peu importe qu’ils fassent de la capitale une gare de triage, ça ne changera rien.         

Les automobilistes ne lâcheront pas leur volant, et surtout pas leur petit plaisir. Non, pas celui de conduire sur des routes médiocres et de chercher la sortie du labyrinthe qu’aura dessiné la Direction des transports, du privilège de circuler et de l'immobilité durable.   

Mais ce petit plaisir vivace d’être dans sa bagnole, coupé du monde, comblé par ce cocon sur quatre roues. Rouler est une renaissance. Un rebirth sur pneumatiques.         

C’est la solitude qui a fait et qui fait toujours le succès de la bagnole. La liberté, bien sûr aussi, mais c’est d’abord la solitude.         

On est plus en sécurité dans un F-150 que dans une Volt ou une Corolla, mais dans l’un comme dans l’autre, on trouve le plaisir unique de la solitude.     

Parce que le contribuable, celui qui travaille et qui paie son dû de gré ou de force, c'est d'abord un individualiste sincère.        

On n’en fera pas un abonné de Communauto en faisant passer un tramway sous son nez.         

Rouler, le matin, le soir, tranquille. Rentrer chez soi dans la douceur de la conduite et la lumière des phares.          

Réfléchir en matinée, toujours dans le trafic, à la journée qui vient.         

Écouter la musique, la radio, parfois sans entendre, se perdre dans ses pensées, penser sans savoir à quoi on pense. Rouler comme en sofa.          

Penser aux vacances. Au chalet, aux rénovations, à l’anniversaire de sa douce, à Noël et au jour de l'An. Au boss ou au voisin qui fait chier.       

Photo d'archives

On n’arrive pas à une telle sérénité debout dans la foule hébétée, caracolant sur un pied ou l’autre, ou assis entre Bouvard et Pécuchet, entre l’amateur de rap et la duchesse de la FADOQ, face aux plus beaux spécimens de l’humanité, grippés et encapuchonnés, tous indistinctement enveloppés dans les effluves de savon ou de manque de savon, l’Old Spice ou le Chanel N°5 se mêlant à la transpiration, aux haleines nicotinées et à l'Antiphlogistine des arthritiques...         

Non, gratuit ou pas, terminus, beaucoup n'y monteront pas...         

Le tramway ne battra jamais la bagnole. Ça ne vaut même pas la peine d’essayer. Gardez votre fric, on n’embarquera pas dans cette galère électrique.          

Et pendant que vous y êtes, fermez le club optimiste, on les a assez entendus, les bagou-macoutes, les saladiers de carrière et les vendeurs du temple municipal.          

Ils peuvent bien annoncer un monde meilleur sans virage à gauche ou sans virage à droite, rien n’y fera. Que votre joie demeure, messieurs les gros salaires! L'Histoire ne vous oubliera pas, c'est certain.         

Tombé sur la ville comme un obus, le tramway fera davantage la gloire de la banlieue. D'ailleurs, on y bâtit des apparts en hauteur maintenant.       

Les plus prisés seront ceux avec vue sur le chaos...         

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