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Le développement durable est bon pour la santé

écologie et développement durable
Photo Adobe stock


La question des changements climatiques nous préoccupe à juste titre et a fait l’objet de nombreuses discussions lors de la dernière campagne électorale. Les scientifiques sont unanimes sur cette question : nous avons une planète à sauver.

À ce sujet, un article récemment publié dans la revue Modern Healthcare a attiré mon attention, car il suggère que la question du climat et de l’environnement est intimement liée à la santé et devrait être considérée parmi les facteurs importants pour la santé de la population (1)

La directrice du Harvard Global Health Institute, la Dre Ashish Jha, fait d’ailleurs remarquer qu’on ne réalise pas suffisamment que la protection de l’environnement par le développement durable est intimement liée à la santé. 

Un enjeu de santé publique

En d’autres termes, « être vert » fait partie d’une stratégie de santé publique. Ainsi, avec l’initiative de l’Alliance santé Québec (AsQ), le milieu de la santé de Québec reconnaît maintenant l’importance des déterminants sociaux et environnementaux de la santé, et la nécessité d’aller au-delà de la médecine purement curative en y ajoutant la prévention.

Un exemple évident est la qualité de l’air. La pollution contribue au développement de maladies respiratoires comme l’asthme et la maladie pulmonaire obstructive chronique, et explique aussi de nombreux cas de cancers. Même les maladies cardiovasculaires sont plus fréquentes dans les milieux urbains pollués, un phénomène bien documenté. 

Des gestes concrets

Si, par exemple, les résidences de personnes âgées et les hôpitaux sont localisés dans des secteurs où la pollution est plus importante, on peut difficilement espérer que l’air que les patients respirent soit de qualité. Pour aider à contrer ce problème, la Cleveland Clinic, aux États-Unis, offre des incitatifs financiers aux employés pour favoriser le covoiturage et l’achat de voitures hybrides, contribuant ainsi à diminuer la pollution reliée au trafic automobile.

Par ailleurs, l’organisation de soins de santé Kaiser Permanente de la région d’Oakland, aux États-Unis, a investi plus de 200 millions de dollars pour rénover les résidences de personnes âgées ou en construire de nouvelles afin d’éliminer les moisissures et le plomb présent dans la peinture, et ainsi améliorer la qualité de l’air de ces établissements. 

Un autre exemple de l’impact environnemental sur la santé est le réchauffement climatique. D’ailleurs, nos centres de services de santé ont un rôle important à jouer à cet égard, car la grande quantité de déchets qu’ils produisent est une source notable d’émissions de carbone. L’Organisation mondiale de la Santé mentionne que, dans les pays à revenu élevé, chaque patient génère en moyenne 0,5 kg de déchets dangereux ou contaminés par jour. Plusieurs organisations de soins de santé ont donc développé des stratégies afin de diminuer leur empreinte environnementale. 

Acheter des aliments locaux

Ce qui m’amène au point suivant. La question des systèmes alimentaires durables est essentielle à la survie de la planète et, à Québec, plusieurs chercheurs d’horizons différents travaillent maintenant ensemble à développer des solutions. 

Dans ce contexte, le système de services de santé québécois a une occasion incroyable de tester la valeur ajoutée que représente une économie alimentaire durable et porteuse pour les régions. En effet, le séjour à l’hôpital pourrait être mis à profit pour faire de l’éducation nutritionnelle auprès des patients et bâtir un système alimentaire durable. 

Par exemple, au Kaiser Permanente (cette organisation de services de santé est d’ailleurs bien connue de nos gestionnaires de la santé), on s’est fixé l’objectif d’acheter, d’ici 2025, 100 % des produits alimentaires chez des producteurs locaux et provenant de l’agriculture durable. Ainsi, les gestionnaires ont déjà embrassé la notion qu’une saine alimentation pour leurs patients est une alimentation durable. Ils se sont également engagés à devenir carboneutres d’ici 2020. À ce sujet, j’aimerais souligner avec fierté que l’Université Laval a été la première université québécoise à devenir carboneutre.

Bref, certaines grandes organisations hospitalières reconnaissent maintenant que les changements climatiques font partie de leur programme et qu’ils ont un important rôle de leaders à jouer. 

À cet effet, l’entente récemment conclue entre la Ville de Québec et le CHU de Québec permettra d’utiliser la chaleur produite par l’incinérateur afin de combler les besoins en énergie du nouveau complexe hospitalier du CHU, réduisant ainsi de façon spectaculaire la production de gaz à effet de serre de cette grande organisation. Des humains qui polluent moins, une agriculture propre et durable avec une économie locale vigoureuse favorisant la consommation d’aliments sains produits localement contribueront à améliorer la santé de la population et de la planète. Tout le monde sera gagnant. Nous pouvons bâtir cette économie durable de demain, un beau legs pour nos enfants et nos petits-enfants.


(1) Johnson, Steven R. (2019, 19 octobre). « Healthcare should link social determinants with environmental sustainability ». Modern Healthcare. https://www.modernhealthcare.com/safety-quality/healthcare-should-link-social-determinants-environmental-sustainability [consulté le 24 octobre 2019]

* Jean-Pierre Després est professeur au Département de kinésiologie de la Faculté de médecine de l’Université Laval. Il est également directeur scientifique du Centre de recherche sur les soins et les services de première ligne de l’Université Laval, CIUSSS-Capitale-Nationale, et directeur de la science et de l’innovation de l’Alliance santé Québec.







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