Blague de Justin Trudeau sur Trump: il faut se calmer
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Il faut apprendre à respirer par le nez.
Pourquoi avoir fait tout un plat avec la plaisanterie de Justin Trudeau sur Donald Trump qu’il a faite, début décembre 2019, au palais de Buckingham en Grande-Bretagne? En tout cas, les premiers ministres britannique, français et néerlandais, Boris Johnson, Emmanuel Macron et Mark Rutte, semblent l’avoir trouvée bien drôle puisqu’on les voit en rire un bon coup. Le 5 décembre, le Journal de Montréal a choisi comme titre en page frontispice: «Méchante gaffe. Trudeau provoque la colère de Trump.»
Pas une si grosse gaffe que ça selon moi. Monsieur Trudeau a dit tout haut ce que bien des gens pensent tout bas, tant aux États-Unis qu’à l’étranger. Faudrait-il jouer, même en diplomatie, la carte de l’hypocrisie en affublant Donald Trump de nombreux commentaires élogieux, comme le font les dirigeants d’Israël et du Brésil? La plus drôle, dans ce fait anecdotique, est de voir Donald Trump traiter Justin d’hypocrite. À cet effet, le monsieur est ben mal placé pour qualifier qui que ce soit d’hypocrite.
L’important demeure les relations entre les deux pays, qui ne seront nullement affectées par cette pacotille et non les divergences entre les deux «protagonistes». Et c'est encore plus vrai si, en novembre prochain, les Américains le boutent dehors. On le souhaite ardemment pour le bien du monde de la vaste majorité des pays, pour la santé de la planète et pour la paix.
Les conservateurs gloussent et cancanent
Il fallait bien s’y attendre à la réaction prévisible des conservateurs à Ottawa qui, encore une fois, se sont couverts de ridicule: «Le gouvernement Trudeau fait les frais de l’accrochage avec Trump dans de premiers échanges en Chambre».
Ces mêmes conservateurs qui traitent continuellement les écologistes d’extrémistes et qui en font une fixation paranoïaque: «Andrew Scheer s’en prend aux “radicaux”. Le chef conservateur accuse les opposants à l’industrie pétrolière d’être manipulés par d’obscurs intérêts étrangers».
La dernière défaite électorale a laissé des traces. Suite à la démission d'Andrew Scheer, il faudrait prendre une bonne période de repos avant que ça se gâte. Très démocratique le Parti conservateur du Canada: «Scheer musellerait l’opposition aux pipelines».
Pourquoi pas la prison à ces radicaux qui mettent en péril l’unité et la sécurité nationale?
Les conservateurs ne changent jamais. De Stephen Harper à Andrew Scheer, c’est du pareil au même. Vous vous souvenez de cette perle «Harper a qualifié Kyoto de complot socialiste»?
Comme Trump, les conservateurs ont toujours vu partout des socialistes et des communistes.
Les conservateurs aiment bien des dirigeants comme Donald Trump, car eux aussi, ils nient le réchauffement climatique et les conclusions de rapports émis par leurs propres agences ou ministères gouvernementaux: «Le Canada se réchauffe plus vite que le reste de la planète. Ottawa (Parti conservateur) refuse d’écouter ses propres experts» (La Presse, 31 mars 2008). Du Trump tout craché. Les deux préfèrent s’en remettre aux études et rapports «scientifiques» de l’industrie. Le PC est très mal placé pour faire la leçon à Justin Trudeau.
Alors vous comprenez maintenant pourquoi les conservateurs sont si offusqués que Justin Trudeau ait badiné sur le compte de leur allié idéologique Donald Trump? Et comme les républicains, les conservateurs n’en ont que pour Israël: «Critiquer Israël est antisémite, selon Stephen Harper».
Même plus le droit de seulement «critiquer» Israël. En voulez-vous une autre drôle? «Ottawa (PC) veut éduquer les jeunes Palestiniens» (Le Devoir, 17 janvier 2011). Éduquer les Palestiniens à aimer leurs voisins juifs même s’ils envahissent allègrement leur territoire? Autre signe d’atomes crochus entre les conservateurs et les républicains: même si cela va à l’encontre de la reconnaissance internationale de Tel-Aviv comme capitale, «Scheer déplacerait à Jérusalem l’ambassade du Canada».
Un beau geste humanitaire qui va inciter les jeunes Palestiniens à aimer davantage les Juifs, à favoriser la paix dans la région et le rapprochement de deux peuples.
Justin n’est pas le premier ni le dernier
Certains ont vraiment la mémoire courte et/ou n’aiment pas du tout Justin Trudeau. Ils ne voient en lui que des défauts. En faisant une brève revue de presse, on peut s’apercevoir que d’autres ministres et premiers ministres de pays pourtant alliés ont été plus loin que Justin dans leurs remarques désobligeantes sur Donald Trump. Désobligeantes, peut-être, mais vraies.
Trump fait rire de lui à l’ONU
En 2018, à la tribune de l’Assemblée générale devant les dirigeants de la planète, Donald Trump faisait encore le pitre avec comme résultat: «Le discours de Donald Trump accueilli par des rires à l’ONU. Le président américain vante le “meilleur bilan de l’histoire” des États-Unis».
Bien évidemment, le meilleur bilan de l’histoire des États-Unis grâce à lui et à l’application de ses politiques. Alors, vous ne croyez pas que l’affaire de Trudeau, c’est de la petite bière à côté de ça?
Même leurs fidèles alliés anglais crient des noms à Donald
Vous en voulez une bien pire que la peccadille de Justin, alors vous n’avez qu’à lire le titre de cet article du Journal de Montréal du 6 juillet 2019: «L’ambassadeur britannique à Washington considère l’administration Trump “inepte”».
Vexé de cette vérité, Donald Trump fait une autre montée de lait, et: «Donald Trump ne veut plus traiter avec l’ambassadeur britannique».
Et, en 2016, les députés britanniques en avaient ajouté une couche: «Trump qualifié de “corrosif” et d’“imbécile” au parlement britannique».
Et pourtant, Donald Trump aime le Royaume-Uni et l’encourage à sortir au plus vite de l’Union européenne. Diviser pour mieux régner est sa devise.
Alors vous grimpez toujours dans les rideaux?
Celle-ci est survenue en 2017 et vient de celui qu’il a lui-même nommé secrétaire d’État et chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, ex-président de l’écologique Exxon Mobil: «Tillerson a traité Trump de “débile” (Le Journal de Montréal, 13 mars 2018). «Trump, un menteur invétéré au comportement mafieux selon l’ex-chef du FBI (James Comey)».
Et le fondateur et propriétaire majoritaire de Microsoft, Bill Gates, qui le traite d’ignorant: «Bill Gates se moque de Trump qui a confondu sida et VPH”».
Au moins Donald Trump le sait qu’il est ignorant dans beaucoup de choses, dont celui concernant le déficit commercial imaginaire entre le Canada et les États-Unis, et il l’assume: «Commerce. Trump se vante de son ignorance face à Trudeau».
Alors quelle est la faute de Justin Trudeau? Et pour terminer, il y a l’ex-président du Mexique, Enrique Pena, qui lui, je l’admets, a exagéré: «Le président mexicain compare Trump à Hitler».
Malgré cette insulte grave, cela n’a pas détérioré une miette les relations économiques entre les deux pays. Les États-Unis ne viennent-ils pas de finaliser leur accord commercial avec le Canada et le Mexique?