/portemonnaie/entrepreneurship

Produits menstruels réutilisables: deux femmes d'affaires lancent une pétition pour offrir une aide financière

Deux entrepreneures en mission pour défaire le tabou entourant les menstruations et offrir une alternative aux tampons et serviettes jetables.

Produits menstruels réutilisables: deux femmes d'affaires lancent une pétition pour offrir une aide financière
Crédit photo : Marie Faubert, @marie2010

Coup d'oeil sur cet article

Les images de marées de bouteilles en plastique et de tortues avec une paille coincée dans la narine ont réussi à en conscientiser plusieurs sur l’urgence de modifier leurs habitudes de consommation liquide.  

Or, quand vient le temps d’aborder la pollution résultant des produits d’hygiène féminine jetables, un petit malaise s’installe. Le tabou demeure fort, comme une espèce d’omerta menstruelle.          

Mais la question environnementale se fout de ce qui est malaisant.           

Selon certaines estimations, on jetterait environ 45 milliards de tampons et de serviettes par année. À Montréal seulement, cela représenterait jusqu’à 1422 tonnes par année.          

Une entreprise ambitieuse        

Avec leurs culottes et leurs serviettes réutilisables, Olivia et Érica, les cofondatrices de l'entreprise Mme L'Ovary, se sont donné pour mission de mettre en avant le concept de «menstruation positive» afin de mieux affronter le problème.      

Leur produit au design très joli (n’étant pas un expert en mode, j’ai consulté des copines pour confirmer) est bien simple.          

Il s’agit d’une culotte de coton avec une protection intégrée et trois serviettes amovibles faites de tissu absorbant et anti-fluide. Le tout vient dans un petit sac de transport en tissu anti-fluide.        

Leur apparition aux Dragons, les conférences qu’elles donnent et le bouche-à-oreille ont permis à leur entreprise de connaître une croissance impressionnante, même si elle demeure très nichée.          

Mais les ambitions des deux femmes d’affaires ne se limitent pas à l’atteinte de résultats financiers.         

À la mi-janvier, elles présenteront un mémoire afin de promouvoir l’idée d’une aide financière gouvernementale aux femmes qui optent pour des produits écologiques.      

Le raisonnement économique derrière une telle mesure est le suivant: les sommes que les municipalités consacrent à l'enfouissement de déchets (tampons et serviettes) pourraient plutôt être utilisées pour inciter la population à ne plus produire ces déchets.         

Pour appuyer leur opération #sangdéchet, Olivia et Érica ont aussi lancé une pétition, qu’on peut signer ici.           

Changer les mentalités: un défi qui ne leur fait pas peur         

J'étais en chemin pour rencontrer Érica, l'une des instigatrices du projet, quand j'ai croisé une amie. Je lui ai parlé du sujet de mon reportage et elle m'a répondu: «AAARK! OK. Bye.»         

J'ai rapporté l'anecdote à Érica, qui ne s’en est pas offusquée.        

«On a tellement été “drillées” à consommer des tampons et des serviettes que c’est une réaction normale. Dans l’esprit qu’on crée autour de Mme L'Ovary, on ne culpabilise pas les utilisatrices de produits jetables. Ce que je leur dis, c’est: “Voici un nouvel outil qui risque de vraiment upgrader ton bien-être durant tes règles. Essaie-le et, après, tu m’en donneras des nouvelles.”»         

Sur les réseaux sociaux, on peut voir des commentaires de femmes sceptiques auxquelles d’autres répondent avec des phrases comme: «Je pensais comme toi, mais, maintenant, je ne retournerais pas en arrière.»         

Érica croit aussi qu'il est important d’impliquer les hommes dans la conversation: «Dans les conférences qu’on fait sur le cycle menstruel, les gars sont très attentifs et ouverts. On ne se gêne pas pour aller dans le concret. Parce que, parfois, ils voient ça négativement par simple incompréhension. Quand tu ne sais pas ce qu'il y a dans le garde-robe, tu te mets à penser qu’il y a un monstre.»        

Son enthousiasme d’ancienne prof de yoga et sa façon complètement décomplexée d’aborder le sujet font d’elle une ambassadrice drôlement inspirante.          

Dans un monde où les activistes de tous côtés semblent se raidir et opter pour l'affrontement, elle fait preuve d’une ouverture et d’une patience désarmantes. Quand elle parle des éléments liés au concept de menstruation positive, on perçoit un réel désir de favoriser le dialogue avec les sceptiques.         

Sur ce thème, elle aborde évidemment l’environnement, mais la santé est un autre pilier crucial. Une ancienne collègue du Journal avait d’ailleurs publié un récit troublant à propos de sa mère qui avait passé huit jours dans le coma à cause d’un tampon.  

Érica ajoute: «Et il y a le confort et la dignité. C’est un élément un peu plus difficile à expliquer, mais le fait d’avoir quelque chose en matière synthétique et jetable entre les jambes, ça peut contribuer à l’idée que le sang menstruel, c’est un déchet sale et honteux. On l'associe aussi à une odeur forte, mais cet inconfort-là provient principalement du contact entre le sang et les matières synthétiques. Et on voit la différence quand on fait le switch au coton.»            

Après quelques heures à discuter avec Érica, j’ai été tenté d’acheter un kit de Mme L'Ovary à ma mère et à ma sœur pour Noël.          

J'avoue que je n'ai pas osé.          

Mais qui sait, avec la passion et le travail d'éducation d’Érica, d'Olivia et de leur équipe, ce sera peut-être, l’an prochain, un cadeau des plus banals... et avec un rabais offert par le gouvernement!          

Pour signer la pétition, c'est ici et jusqu'au 20 janvier!  

 

Suivez-nous sur
les réseaux sociaux
Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.