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Le phénomène du deepfake fait douter même au Québec

On s’est demandé si c’était bien Jean Charest dans une vidéo diffusée jeudi

Voici une capture d’écran d’une vraie vidéo de Jean Charest apparue par erreur sur le web, y annonçant sa candidature à la chefferie du Parti conservateur.
Voici une capture d’écran d’une vraie vidéo de Jean Charest apparue par erreur sur le web, y annonçant sa candidature à la chefferie du Parti conservateur. Capture d'écran, Youtube


La vidéo de Jean Charest annonçant sa candidature au Parti conservateur a créé la surprise jeudi soir, deux jours après son retrait de la course, à tel point que plusieurs ont cru à un hypertrucage, un phénomène qui explose sur internet.   

• À lire aussi: Annonce de la candidature de Charest sur YouTube: une erreur ou un cas d'hypertrucage? 

Le Journal de Montréal et d’autres médias ont utilisé un point d’interrogation à la fin de leur titre sur le sujet tellement un doute subsistait. D’autant plus que Jean Charest semblait beaucoup moins à l’aise que d’habitude devant la caméra.     

Plus tard, des sources proches de M. Charest ont assuré à Radio-Canada que la vidéo était légitime et avait été mise en ligne par erreur. L’ancien premier ministre du Québec a toutefois refusé de commenter l’affaire officiellement.      

Ce n’était donc pas un hypertrucage, mieux connu en anglais comme un deepfake. Il s’agit d’une technologie qui utilise l’intelligence artificielle pour remplacer un visage par un autre dans une vidéo.      

Cela permet notamment de créer une fausse vidéo d’un politicien qui tient des propos controversés, par exemple.     

Obama et Trump  

La technologie a explosé en popularité depuis son apparition en 2017 grâce à des vidéos dans lesquelles le visage de personnalités connues était superposé à ceux d’acteurs ou actrices pornographiques.      

Depuis, des hypertrucages contenant de faux discours des présidents américains Barack Obama et Donald Trump ont révélé les dommages que cette innovation peut causer à la démocratie.      

  

Plusieurs applications facilement accessibles permettent à n’importe qui de faire ses propres montages.     

« Il y en a eu plusieurs aux États-Unis, donc le Québec n’est pas sauf. La technologie n’est pas encore à 100 % parfaite, mais elle risque de se développer et de s’améliorer avec le temps », avertit Corey Bloom, chef du service d’enquêtes et de juricomptabilité pour l’est du Canada chez MNP.     

Dangereux  

Si cet incident semble anecdotique, les pièges associés à ces trucages informatiques, eux, ne le sont pas.     

« Le danger est que les personnes prennent des décisions importantes basées sur de fausses informations vues dans un hypertrucage », ajoute son collègue René Hamel, directeur du laboratoire juri-informatique chez MNP.     

« Le fait qu’on en parle aujourd’hui démontre que cette technologie fait déjà effet au Québec. On n’a même pas besoin d’avoir de vrais cas, juste la crainte d’en voir est assez pour miner la confiance du public [...] Je trouve ça inquiétant », analyse Jeff Yates, conférencier du programme « 30 secondes avant d’y croire » et journaliste spécialisé en désinformation chez Radio-Canada.      

  

Qu’est-ce qu’un hypertrucage ?  

C’est une technologie qui utilise l’intelligence artificielle pour créer des trucages vidéo. Elle permet de substituer un visage à un autre de façon très réaliste.      

« Il est possible de créer des enregistrements audio et vidéo de vraies personnes en train de dire et de faire certaines choses qu’elles n’ont jamais dites ou faites », résument les chercheurs Robert Chesney et Danielle Keats Citron, dans un article publié en 2018.     

Comment le déceler ?   

  • « Posez-vous la question : est-ce que ça a du sens ? Est-ce que ça a de l’allure ? » dit l’expert Corey Bloom.      
  • Regardez bien les oreilles ou les cheveux de la personne, ainsi que le profil du visage lorsque la tête tourne. S’il y a un décalage ou un changement de forme ou de couleur, il y a des possibilités que ce soit un montage.     
  • Faites une recherche sur la source de la vidéo. Est-elle crédible, comme un site d’un média connu ou du gouvernement ?          

  







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