[PHOTOS] Voici 10 choses à savoir sur l'histoire du ski alpin dans la région de Québec
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La géographie et le climat de notre province influencent grandement la pratique des activités sportives et de plein air. Sans hésiter, on peut dire que le ski alpin est l’un des sports favoris des Québécois. Aujourd’hui, on compte environ 90 stations où l’on peut pratiquer ce sport. Mais comment tout cela a-t-il commencé dans la région de Québec?
1) Le ski sur les plaines d’Abraham
Au Québec, c’est au début du 20e siècle que le ski fait son apparition. À Québec, les plaines d’Abraham deviennent l’endroit par excellence pour ceux qui désirent pratiquer ce sport. C’est tout d’abord le saut à skis qui prend d’assaut les Plaines. À partir de 1907, le Quebec Ski Club contribue à faire connaître ce sport en organisant des compétitions de saut à skis pour le plus grand plaisir des habitants de la ville.
Quant au ski de fond, il est également popularisé au tournant du 20e siècle par des Norvégiens. Très tôt, les Plaines sont reconnues comme l’un des meilleurs endroits pour le ski de randonnée. En l’absence de pistes, les skieurs pouvaient pratiquer librement leur sport sur le site. C’est seulement en 1986-1987 que trois pistes de ski de fond sont inaugurées par la Commission des champs de bataille nationaux.
2) Qu’est-ce que le ski joëring?
Tout d’abord considéré comme un moyen de transport, le ski joëring (ski attelé), activité sportive ancestrale, nous arrive tout droit de Scandinavie. Le ski attelé marie le ski à un attelage animal. Un cheval ou un chien attelé traîne le skieur, qui doit combiner vitesse et équilibre.
À une certaine époque, il était courant de voir des skieurs se promener dans les rues enneigées du quartier Montcalm. Il arrivait même que certains d’entre eux se fassent tirer par des chevaux, des motos ou des voitures.
3) Le Relais
La station de ski Le Relais naît de la volonté des membres de la Chambre de commerce des jeunes de Québec de créer un centre de ski à Québec. Au début des années 1930, celle-ci considère les plaines d’Abraham pour aménager le futur centre. Toutefois, le célèbre skieur Herman Smith-Johannsen les convainc que cette station doit plutôt se trouver au nord de la ville, dans les premiers contreforts des Laurentides.
Le mont Murphy est finalement acquis en 1936. L’Association des sports d’hiver de Québec fournit 1500 $ pour la construction des pistes. En 1938, on y installe les premières remontées mécaniques de la région. Auparavant, c’est à la sueur de son front que le skieur parvenait au sommet des pistes. Cette même année, à la suite d’une souscription publique qui permet de recueillir 8500 $, un premier chalet appelé le Relais est ouvert. C’est ce nom qui est resté pour la station de ski toujours en activité à Lac-Beauport.
4) Le centre de ski du Manoir Saint-Castin à Lac-Beauport
Vers la fin des années 1930, le Manoir Saint-Castin, voisin du Relais, ouvre deux pistes de ski en face de ses installations sur le mont Murphy. Celui-ci, qui devient plus tard le mont Saint-Castin, est considéré comme la première montagne destinée uniquement au ski alpin dans l’est de la province.
Tout d’abord, on érige un tremplin de saut pour le plus grand plaisir des amateurs de ski. Le premier essai du tremplin est fait le 8 décembre 1937 par Joseph Fréchette et Paul Godin.
Après 60 années d’existence, le centre de ski Saint-Castin cesse ses activités en 1997. Ce sont 108 personnes qui perdent leur emploi.
Ce film de l’abbé Maurice Proulx tourné en 1944 vous permettra d’en savoir plus: Parallel Skiing in Quebec.
5) Le Valcartier Ski Lodge à Saint-Gabriel de Valcartier
C’est en 1946 que la compagnie Valcartier Développement inc. fait construire ce bâtiment au mont Saint-Sacrement. Elle a comme objectif d’en faire un chalet pour un futur centre de ski alpin. Dès 1948, les plus grands skieurs du Canada et des États-Unis, dont l’équipe nationale de ski du Canada, viennent s’y entraîner sous la direction du skieur français Émile Allais.
En 1949, l’endroit devient le Valcartier Ski Lodge. Toutefois, l’aventure alpine est de courte durée. Au milieu des années 1950, des problèmes financiers forcent l'entreprise à se séparer de ses installations. Ce sont les religieux du Très-Saint-Sacrement de Québec qui achètent l’endroit. Ils fondent le séminaire Mont-Saint-Sacrement en 1955. Aujourd’hui, c’est l’école secondaire Mont-Saint-Sacrement qui se situe à cet endroit.
6) Stoneham
Au début des années 1960, le ski est un sport de plus en plus populaire. Le centre de ski du Lac-Beauport ne suffit plus à la demande. Comme les amateurs de ski sont de plus en plus nombreux, plusieurs d’entre eux n’hésitent pas à se rendre de l’autre côté de la frontière pour pratiquer leur sport favori.
L’ouverture de centres de ski supplémentaires devient nécessaire. D’un point de vue économique, c’est un avantage fort intéressant pour la région. Plusieurs amateurs de ski, issus du milieu des affaires de Québec et de Trois-Rivières, investissent 300 000 $ pour aménager trois pistes de ski et deux remontées mécaniques à Stoneham. C’est ainsi que le Club de ski Stoneham voit le jour en septembre 1964.
En 1984, la Station touristique de Stoneham se fait connaître à l’échelle mondiale avec la Coupe du monde de ski acrobatique ainsi que d’autres compétitions de haut calibre. Plus tard, en 1993, c’est la consécration, puisque s’y tiennent deux épreuves de la Coupe du monde en slalom et slalom géant. L’aventure se poursuit encore aujourd’hui.
7) Mont Sainte-Anne
En janvier 1966, c’est au tour de la station de ski du mont Sainte-Anne d’être officiellement inaugurée. Quatre remontées mécaniques sont alors mises en activité et l’on procède à l’ouverture de 10 pistes. La station a célébré ses 50 années d’existence en 2016.
Cependant, la montagne avait déjà été examinée minutieusement en 1944 par François Pichard et Henri Picard. À cette occasion, ils avaient escaladé le mont Sainte-Anne pour ensuite le redescendre en skis. Leur mission était de trouver la piste idéale pour le championnat canadien qui allait être tenu du 20 au 23 février 1947.
Selon eux, le mont Sainte-Anne était la montagne idéale pour cet événement sportif de haut calibre. En 1944, ils obtiennent l’appui du maire de Beaupré, Vital Roy, ainsi que l’approbation des propriétaires pour commencer le déboisement d’une piste sur le flanc sud-est de la montagne. En septembre 1945, avec l’aide de bénévoles, la piste est terminée. La compétition peut désormais avoir lieu.
8) Le Massif de Charlevoix
Dans la région de Charlevoix, le centre de ski Le Massif surplombe le fleuve Saint-Laurent à Petite-Rivière-Saint-François.
Il s’agit de la plus grande station de ski de l’est de l’Amérique. C’est à la fin des années 1970 que les premiers skieurs glissent sur les pentes de la montagne de la Grande Pointe.
Fait intéressant, à cette époque, ce sont des motoneiges qui amènent les skieurs à partir de la route 138 jusqu’au sommet de la montagne. L’exploitation commerciale commence dans les années 1980. Après chaque descente, les skieurs doivent remonter en autobus scolaire. Quant à la première remontée mécanique, elle est mise en activité en 1992-1993.
En 2001, une nouvelle route est construite pour relier la route 138 au sommet de la montagne. Cette dernière est alors accessible à la fois par le sommet et par la base. En 2002, l’homme d’affaires Daniel Gauthier achète Le Massif, qui devient un centre récréotouristique d’envergure. Aujourd’hui, Le Massif de Charlevoix est un haut lieu du ski au Québec et au Canada.
9) La «butte Myrand»
C’est à l’initiative de l’Organisation des terrains de jeux Saint-Thomas-d’Aquin que l’on annonce l’ouverture du Centre de ski de Sainte-Foy en janvier 1964, rue Chapdelaine, juste à côté du cimetière Belmont. On connaît aussi l’endroit sous le nom de «butte Myrand» et de «bosse Myrand».
C’est la Ville de Sainte-Foy qui gère alors le centre de ski destiné à la famille et à l’initiation au ski. Cette école de ski est très fréquentée. Plusieurs jeunes Fidéens y apprennent l’art de skier. Dès son ouverture, la station urbaine est éclairée et offre plusieurs commodités: chalet-restaurant, réparation et ajustement de skis.
En 1996, la Ville décide de ne pas renouveler le contrat de la concession. C’est la fin du ski à Sainte-Foy.
Aujourd’hui, on y trouve le Centre de glisse Myrand, où l’on peut descendre une des six pistes sur une chambre à air.
10) Gaby Pleau: «la reine des neiges»
Née à Loretteville dans une famille de quatre enfants, Gabrielle Pleau est la première Québécoise francophone à se joindre à l’équipe canadienne de ski alpin. Excellant dans plusieurs sports et autodidacte, elle est considérée comme une pionnière dans le domaine sportif au Québec.
En 1939, Gaby Pleau se taille une place de choix alors qu’elle gagne le slalom féminin au mont Murphy. À l’hiver 1943, elle concurrence les meilleures skieuses en Amérique du Nord. C’est alors qu’elle se classe pour les Jeux olympiques de 1944. Ceux-ci sont annulés en raison de la Deuxième Guerre mondiale. Au mois d’avril 1946, elle se qualifie une nouvelle fois pour les Jeux de Saint-Moritz qui auront lieu en 1948.
On lui prédisait une magnifique carrière. Malheureusement, en 1946, elle se fracture la jambe droite à plusieurs endroits. Cela met fin abruptement à sa carrière de skieuse. Néanmoins, elle reste impliquée dans le domaine du ski. À l’automne 1947, elle participe à la création du Club-école féminin Saint-Castin. En 1984, cette grande dame du ski est admise au Temple de la renommée canadien du ski.
Textes par Annie Labrecque et Catherine Lavoie
- Vous pouvez consulter la page Facebook de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) en cliquant ici et son site web en vous rendant ici.
- Vous pouvez également lire nos textes produits par la Société historique de Québec en cliquant ici et par la Société d'histoire de Lévis en cliquant ici.
Sources :
- Les plaines d’Abraham, Commission des champs de bataille nationaux [en ligne]. https://www.ccbn-nbc.gc.ca/
- École secondaire Mont-Saint-Sacrement, Répertoire du patrimoine culturel du Québec [en ligne]. www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/
- L’Histoire du Mont-Saint-Sacrement, L’Auberge du Mont [en ligne]. https://www.aubergedumont.qc.ca/
- L’Entreprise: un peu d’histoire, Stoneham [en ligne]. https://ski-stoneham.com/
- Historique: Gaby Pleau, Le Relais [en ligne]. www.skirelais.com
- DUVAL, André. Mon lac se raconte. Québec, Municipalité de Saint-Dunstan du Lac Beauport, 1983, 237 p.
- SOUCY, Danielle. Le mont Sainte-Anne: une histoire en deux temps. Cap-aux-Diamants, numéro 113 (2013), p. 34-38