Une ex-escorte victime d’un criminel en liberté
Dix ans d’attente pour être indemnisée par l’IVAC après une tentative de meurtre
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En colère à la suite du meurtre de Marylène Lévesque, une ancienne escorte est révoltée par la longue bataille qu’elle livre depuis dix ans contre le gouvernement, qui a refusé deux fois de l’indemniser après qu’elle eut été victime d’un client dangereux qui a tenté de la tuer.
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Dominique Martel n’a pas de mots pour exprimer de ce qu’elle pense d’Eustachio Gallese, le meurtrier en liberté arrêté pour un autre homicide quinze ans plus tard.
« J’ai de la rage et de la colère. Je pense à sa souffrance avant de mourir. Qu’elle repose en paix, pauvre elle. Le système paie pour lui, mais pas pour les victimes », témoigne la femme qui habite Montréal.
En liberté
En 2009, Dominique Martel est passée proche de subir le même sort aux mains de Claude Larouche. La femme se souvient de sa rencontre avec lui, le 17 octobre 2009. Sauvagement battue et étranglée, elle s’était défendue, et son agresseur avait pris la fuite.
Or, deux semaines auparavant, le 1er octobre 2009, Larouche avait kidnappé, violé et tué la fonctionnaire fédérale Natasha Cournoyer avant de se débarrasser du corps dans le secteur Pointe-aux-Trembles. Mme Martel l’apprendra un peu plus tard.
Condamné à la prison à perpétuité, Larouche aurait tué Natasha Cournoyer « à cause d’une frustration sexuelle » et pour obtenir « une gratification sexuelle », selon la thèse de la poursuite présentée lors du procès. Larouche a été déclaré délinquant dangereux avec une peine à durée indéterminée pour la tentative de meurtre sur Mme Martel.
Trop tard
Marquée pour la vie, Dominique Martel est finalement encouragée en 2014 à faire des démarches avec l’organisme Stella auprès de l’IVAC, le programme d’indemnisation des victimes d’actes criminels.
Après un séjour en psychiatrie, un diagnostic de stress post-traumatique, des problèmes de toxicomanie et d’itinérance, elle n’était pas en mesure d’agir plus tôt. Elle avait perdu le contrôle de sa vie, peut-on lire.
Sa demande de prestations est toutefois rejetée par l’IVAC, et son bureau de révision par la suite. Cette décision est confirmée par le Tribunal administratif du Québec (TAQ). Le motif de rejet est la tardiveté de la demande.
« Vous n’avez pas déposé votre demande de prestations dans le délai d’un an prévu à la Loi et vous n’avez pas présenté de motif raisonnable justifiant votre retard », précise l’IVAC.
Le 12 avril 2019, la juge Suzanne Ouellet corrige enfin cette erreur « déraisonnable ». Selon elle, il est clair que Mme Martel fut victime d’un acte criminel au sens de la Loi.
« Le TAQ n’a pas tiré les conclusions justes et raisonnables découlant de la preuve circonstancielle, médicale et d’expertise », répond la Cour supérieure. La juge Ouellet précise que l’IVAC est une loi à caractère social dont l’objectif est l’indemnisation des victimes d’actes criminels. À ce jour, Dominique Martel affirme qu’elle n’a encore reçu aucun versement.
La ministre de la Justice, Sonia Lebel, se dit ouverte à revoir les critères d’admissibilité pour le programme d’indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC) dans le cadre d’une réforme.
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