[PHOTOS] Le lac Saint-Augustin à travers l’histoire
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Il y a 13 000 ans, à la suite de la dernière glaciation, la mer de Champlain recouvrait les basses terres du Saint-Laurent. Peu à peu, les eaux se sont retirées jusqu’aux rives actuelles du fleuve. Des rivières et des lacs, dont le lac Saint-Augustin, ont pris forme dans les dépressions du sol. Les premiers humains ont habité ce territoire, il y a 8000 ans.
Pendant des millénaires, le lac et son environnement ont semblé immuables. Mais, à partir du 17e siècle de notre ère, l'évolution s'accélère: la forêt laisse place à la campagne, la force motrice, la glace et les attraits nautiques du lac sont exploités.
Voici, en accéléré et en images, les faits marquants de cette histoire.
Présence amérindienne
Les fouilles archéologiques menées au cours des 10 dernières années par le département des sciences historiques de l’Université Laval ont révélé la présence d’Amérindiens à proximité du lac, remontant à plus de 3000 ans. Ces nomades fréquentaient les lieux, attirés par une pierre très dure à grains très fins qu’ils prélevaient sur le bord du fleuve: le chert vert. Sur place, ils en tiraient des ébauches qu’ils transportaient sur leurs sites d’habitation et qu'ils transformaient par la suite en pointes de flèche, couteaux, grattoirs et perçoirs.
Le lac entre son canal et son moulin
En 1671, le propriétaire de la seigneurie, Jean Juchereau de la Ferté, fait ériger le premier moulin à farine de la seigneurie Demaure à la décharge du lac Saint-Augustin, sur le bord du fleuve.
Le flux de l’eau actionne la roue de ce moulin où les censitaires font moudre leurs grains. En 1737, trois ans après avoir acheté la seigneurie, les Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec le font démolir et le remplacent par un imposant moulin à deux roues. En 1747, afin de réguler le débit de la décharge, les Hospitalières entreprennent des travaux d’envergure. Sur la rivière du Cap Rouge, elles font élever une digue de 3,5 m de hauteur sur une centaine de mètres de longueur. Pour acheminer jusqu’au lac l’eau du réservoir ainsi formé, un canal de 1,4 km est creusé.
Le lac va alimenter un moulin de 1671 à 1884.
Un lac aux multiples noms
Les cartes et des plans anciens nous révèlent que le lac Saint-Augustin a connu plusieurs appellations au fil de l’histoire. Les plus marquantes sont: lac Demaure, lac du Moulin et lac du Calvaire. «Demaure» se rapporte à Jean Juchereau, sieur de Maur, à qui fut concédée la seigneurie de Saint-Augustin en 1647.
Le «calvaire» en question est également associé aux Augustines de l’Hôtel-Dieu. Elles le font construire en 1747, à la croisée du chemin du Roy et de la côte qui descend jusqu’au moulin banal. Son emplacement est toujours visible dans le parc du Boisé-Saint-Félix.
La belle époque de la coupe de la glace
Jusqu'au milieu du 20e siècle, le lac est entouré de terres agricoles. Avant l’invention des refroidisseurs électriques permettant la conservation à longueur d’année des bidons de lait, de la viande, du beurre et de la crème, les cultivateurs dépendent de la glace, prélevée sur le lac ou sur le fleuve, pour la sauvegarde de ces vivres durant l’été. Les blocs de glace, sciés à la main, mesurent 1,25 m de long et peuvent atteindre jusqu’à 70 cm d’épaisseur. Ils sont entassés dans des glacières et recouverts de sciure de bois afin de les isoler de la chaleur. Les cultivateurs riverains vendent ou troquent une partie de leur production de glace à ceux qui n’ont pas la chance d’habiter près du lac.
Cette activité hivernale connaît son apogée au milieu des années 1930 avec la construction d’une immense glacière sur la rive nord du lac, par l’entreprise de la famille Holden de Québec. L’avènement des réfrigérateurs domestiques entraîne la disparition de cette activité.
La belle époque de la villégiature
Avec la démocratisation de l’automobile, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le lac devient un lieu de villégiature de plus en plus recherché. Déjà, des propriétaires riverains offraient aux citadins des aires de pique-nique, des balades en chaloupe, de la pêche, de la baignade, du camping, des terrains pour la construction de chalets et même un hôtel.
Les résidents estivaux étant de plus en plus nombreux, le lac raffermit sa vocation de «parc récréatif». Dans les années 1950-1960, il bourdonne de vie: yachts, skieurs nautiques, canots et hydravions s’y côtoient. La plage Beaupré, le camping Juneau et le club nautique sont des lieux très populaires.
Cette période, qualifiée de «belle époque», prend fin au milieu des années 1970, au moment du prolongement de l’autoroute 40 jusqu’à Saint-Augustin. Les chalets sont transformés en résidences et bientôt le développement domiciliaire déloge l’occupation agricole.
Un texte de Geneviève Auger et de Bertrand Juneau
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