Manifestation contre la loi 143
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Une centaine de personnes se sont rassemblées samedi, en début d’après-midi, devant le Parlement de Québec pour dénoncer la loi 143, qui interdit le remplacement en milieux de garde privés.
Alors que la pénurie de places en milieux de garde continue d’avoir des répercussions sur les parents, la loi 143 pousse plusieurs éducatrices dites « non reconnues » à mettre un terme à leurs services, déplore Sophy Forget Bélec, présidente de l’Association québécoise des milieux familiaux éducatifs privés (AQMFEP).
Selon l’analyse de l’AQMFEP, 92 % des fermetures de services de garde sont dues à la clause de non-remplacement de la loi 143 depuis son application en septembre 2019.
À moins de partir en ambulance au cours de son quart de travail, aucune exception ne permet à l’éducatrice de se faire remplacer, même par une personne qualifiée.
Une loi qui complique le quotidien
Parents, enfants et éducatrices se sont fait entendre afin que Mathieu Lacombe, ministre de la Famille, assouplisse la nouvelle loi. Les parents défendent leur choix de placer leurs enfants où ils le souhaitent et de les confier à une remplaçante ; cette loi complique leur quotidien, disent-ils.
« On ne pourra pas me faire croire qu’empêcher une femme de se faire remplacer en toutes circonstances est pour la sécurité de l’enfant », mentionne Jean-Alexandre Bouchard-Gagné, père et coorganisateur de la manifestation.
L’éducatrice de sa fille a choisi de fermer ses portes à la suite d’une inspection qui s’est transformée en « cauchemar bureaucratique », dit-il. La recherche d’une nouvelle garderie s’est alors avérée très stressante pour lui en raison du manque de place.
Émilie Blouin, coorganisatrice de l’événement et mère de deux enfants, subit les répercussions de la pénurie depuis novembre : son poupon en est à sa quatrième garderie. Elle dénonce aujourd’hui la « rigidité du ministre », qui refuse de négocier les questions de ratio et de remplacement.
Rappelons que selon la loi 143, une personne qui possède une garderie non reconnue agit à son propre compte. Comme elle reçoit une contribution en échange de ses services, elle doit elle-même offrir ledit service.
Si une éducatrice désire s’absenter, elle n’a donc d’autre choix que de fermer son service de garde.
Moyens de pression
La Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec, qui regroupe 10 000 membres en milieu familial régi et subventionné, est présentement en négociations avec le ministère de la Famille en lien avec la rémunération. Depuis le 31 janvier, les portes des services de garde ouvrent de plus en plus tard chaque vendredi en guise de moyen de pression.
Une assemblée générale nationale prendra place dimanche afin de déterminer si les membres veulent une entente de principe ou une nouvelle grève. Celle-ci sera webdiffusée dans 14 points de rencontre à travers la province. Les membres s’exprimeront par scrutin secret à la fin de l’assemblée.
- Avec la collaboration de Marie-Léo Guy