COVID-19: aucune mesure dans les pénitenciers du Québec, peste un employé
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Les pénitenciers du Québec n’ont mis en place aucune mesure pour éviter une éventuelle propagation de la COVID-19, dénonce un employé des services correctionnels inquiet pour la santé de ses collègues et des détenus.
«La consigne donnée dans les pénitenciers, c’est de continuer de travailler comme d’habitude. Il n’y a rien par rapport à la période de crise», déplore ce fonctionnaire fédéral qui a tenu à garder l’anonymat, de peur de perdre son emploi.
Jeudi matin, seules les visites avaient été suspendues. Les programmes correctionnels, les programmes sociaux, la formation scolaire, les transferts inter-établissements, les rencontres entre les agents correctionnels et les détenus ainsi que les rassemblements ont toujours lieu, selon lui.
«Comme si de rien n’était, peste notre source. Le fameux “un mètre de distance entre les personnes”, quand les gens sont deux dans une cellule, pensez-vous que c’est respecté? Jamais. On ne peut pas, c’est impossible.»
L’inquiétude est vive chez les membres des services correctionnels, mais aussi chez les détenus. «Ils ont peur de nous. Ils sont réactifs quand ils nous voient rentrer. Ce n’est pas eux qui sont un danger pour nous: c’est nous qui sommes un danger pour eux. C’est nous qui allons faire entrer la pandémie», illustre notre informateur.
Selon lui, il importe que le personnel en mesure de faire du télétravail demeure à la maison. «Il y a une grosse partie de notre travail qu’on peut faire à distance. Et on pourrait mobiliser le nombre minimum d’employés sur le terrain. Il faut que les travailleurs fonctionnent au strict nécessaire. On est en période d’urgence sanitaire!»
Isolement au provincial
Par ailleurs, au provincial, une dizaine de détenus se retrouvent en isolement préventif dans cinq prisons parce qu'ils toussent, font de la fièvre ou reviennent de voyage.On ignore toutefois si les prisonniers sont affectés par la COVID-19, puisque les tests dans les établissements carcéraux se font attendre, a appris Le Journal.
Jusqu’à maintenant, un seul individu a été testé pour le coronavirus et les résultats se sont avérés négatifs, selon nos informations. Or le Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec réclame depuis vendredi dernier que les infirmières dans les prisons soient formées pour soumettre les détenus au test de dépistage de la COVID-19, ce qui permettrait de rassurer la population carcérale.
«On n’a toujours pas eu de réponse de la Direction de la santé publique, à ce jour», a simplement confirmé Mathieu Lavoie, président du syndicat.
La situation dans les prisons suscite beaucoup d’inquiétude actuellement, selon des avocats avec qui Le Journal a pu s’entretenir. On s’attend d’ailleurs à ce que le nombre de personnes en isolement soit appelé à augmenter, ce qui représente un casse-tête pour les établissements carcéraux. Autant des détenus que des gardiens ont pu être en contact avec des individus maintenant en isolement.
Incidents partout dans le monde
Partout dans le monde, on rapporte des incidents dans des prisons relativement au coronavirus. Plusieurs gouvernements, dont celui du Canada, ont décidé de suspendre les visites aux prisonniers.
Toutefois, on a assisté à des émeutes dans plusieurs établissements italiens, alors que le pays est durement touché par le coronavirus. Au Brésil, des centaines de détenus se sont carrément échappés. Du côté de l’Iran, 85 000 détenus ont été libérés provisoirement, dans l’espoir que le virus ne se propage pas.
– Avec la collaboration d’Antoine Lacroix et Eric Thibault, Le Journal de Montréal
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