La guerre
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On vit tous de l’inconfort en ce moment. On nous demande de rester chez nous. Les écoles et les services de garde sont fermés pour une période indéterminée. De plus en plus de lieux publics et de commerces se retrouvent limités ou fermés. Vols annulés, frontières fermées, des concitoyens à rapatrier. Certains magasins ont commencé à limiter les quantités pour éviter les abus et les pénuries. Nous sommes en guerre. En guerre contre un ennemi microscopique.
En ce moment, tout est différent. Tout. Les paramètres de nos vies sont en totale redéfinition. Pour les parents, la tâche est doublée. Nous avons nos enfants 100% du temps à la maison en plus de devoir continuer à travailler à distance. Rajoutez à ça qu’il faut éviter de mettre à risque les personnes de 70 ans et plus... ce qui prive plusieurs familles de l’aide des grands-parents.
Ça peut sembler con, mais le nombre de repas à prévoir et préparer se retrouve aussi augmenté. Déjeuner, dîner, souper, vaisselle, déjeuner, dîner, souper, vaisselle. Ajoutez des réunions, de la rédaction, des suivis, des appels à travers ça... il ne reste plus beaucoup de temps pour faire toutes les belles suggestions d’activités que j’ai vues passer depuis la semaine passée.
On adore nos enfants, mais personne n’est vraiment fait pour s’occuper d’enfants à temps plein, en plus de travailler à plein temps!
Sauver des vies chacun chez soi
L’isolement social comporte ses défis en soi. Pas seulement pour ceux qui ont des enfants. La routine prend plus de place : pas de cinéma, pas de sortie entre amis, pas de magasinage, pas de voyage, pas de cours de gym. Une chance que je m’entends bien avec mon chum... parce que c’est quand même un défi pour le couple!
Les manies de ménage de l’un, le manque d’assiduité de l’autre. Un des deux perd patience. On est à fleur de peau. Et pour les célibataires, bien... ce n’est pas vraiment le temps de virer fou sur Tinder, on s’entend.
Et que dire des personnes atteintes de dépression ou d’anxiété. Je pense très fort à vous et je suis certaine qu’on trouvera collectivement les moyens d’atténuer les effets négatifs sur votre quotidien.
Mais malgré tout, la majorité des Québécois suivent les directives. On sent une grande mobilisation et on sait qu’on fait quelque chose d’important.
C’est une situation de crise, c’est normal qu’on vive de l’inconfort. En temps de guerre, on a tous des sacrifices et des compromis à faire. Et on les fait. Et ça a des chances d’être long...
Ça pourrait durer des mois.
J’avoue que ça m’inquiète. Ça m’inquiète pas mal. Bien que mon employeur soit très solide financièrement et empathique, je me demande ce qui arriverait si moi ou mon chum perdions notre emploi. Inévitablement, les embauches vont ralentir au fur et à mesure que l’économie va ralentir. Plusieurs personnes se retrouvent déjà sur le chômage et 50% des PME ont déjà dû remercier des gens. On vient de changer les paramètres en tabarouette... on était, jusqu’à récemment, dans une économie florissante et en pénurie demain d’œuvre.
Alliés pour aplatir la courbe
Dans des moments comme ceux-là, on a le devoir de se rallier autour du gouvernement et des autorités sanitaires. Ce n’est évidemment pas le temps de faire de la partisannerie. Le gouvernement actuel nous le rend d’ailleurs bien, en nous informant, en faisant preuve de transparence, de proactivité et d’authenticité. Évidemment, rien n’est parfait, mais on sent la bienveillance. Et cette confiance mutuelle est essentielle, parce qu’il faut absolument que les gens fassent ce que le premier ministre leur demande.
D’ailleurs, avez-vous déjà vu les artistes travailler de concert avec le pouvoir en place à ce point? Faire exactement et rapidement ce que le premier ministre leur demande? C’est impressionnant de voir ça aller.
Évidemment, il y a toujours des déserteurs... Dans ce contexte, les déserteurs sont ceux qui n’écoutent pas les directives. Qui font à leur tête. Qui ne comprennent pas l’effet de leurs gestes. J’avais envie de crier quand je voyais des gens revenir de voyage, et qui indiquaient de pas avoir l’intention de s’isoler.
Ce qui est fâchant, c’est que ces gens-là vont bénéficier des efforts de tout le monde, tout en continuant leur vie comme si de rien n’était. Des free riders, en bon français.
Mais en général, j’ai surtout vu beaucoup de solidarité. J’ai vu des personnes qui veulent aider leurs proches, aider leurs voisins, aider les petites entreprises autour d’eux.
Vous me rendez fière.
Préparer l’après
Il y aura un «avant» et un «après» COVID-19. Juste nos milieux de travail seront à jamais changés. L’économie sera affectée. Nous saurons ce que cela peut signifier lorsqu’on entendra parler d’un nouveau virus qui apparait, à l’autre bout du monde. Sans doute serons-nous davantage conscients de notre interdépendance extrême.Peut-être aussi que nous apprendrons à vivre dans un monde qui peut aller moins vite. Je ne sais pas. C’est difficile à dire, parce qu’on peut difficilement prévoir. Il existe des dizaines de scénarios hypothétiques en ce moment.
Mais une chose est sûre, si cette situation perdure au-delà d’un mois, ce qui est fort probable, nous aurons une grande reconstruction à faire. Nous gagnerons la bataille, mais il restera beaucoup de travail une fois la guerre terminée. Nous aurons besoin d’un nouveau Plan Marshall.