Partis à deux chercher nos fruits et légumes
Un couple québécois roulera des milliers de kilomètres pour approvisionner nos tablettes d’épicerie
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Un couple de camionneurs dans une course contre la montre pour aller chercher des fruits et des légumes en Californie afin de nourrir les Québécois se prépare à affronter un de ses plus grands défis professionnels.
« On s’en va dans l’inconnu, a confié quelques minutes avant de partir pour leur périple de 11 000 kilomètres, mardi, la camionneuse Marie-Christine Marchand de Trans-West, à Lachine. On va essayer de se tenir loin des autres. Moi, ça m’énerve un peu plus que lui. »
Lui, c’est Sébastien Desaulniers, son partenaire de route et amoureux. Moins nerveux qu’elle, il répond du tac au tac que les camionneurs ne sont pas les seuls inquiets : les clients se méfient de plus en plus d’eux parce qu’ils ont peur d’attraper le coronavirus. « Quand on va chercher chez nos clients des fruits et des légumes, ils ont commencé à restreindre l’accès pour ne pas que l’on contamine leurs employés », lance-t-il.
Alors que nos voisins du sud sont maintenant les plus touchés au monde par la pandémie, les camionneurs savent bien que leur rôle est plus crucial que jamais pour approvisionner les supermarchés qui dépendent d’eux.
Importations massives
« En ce moment, nous importons massivement des États-Unis [Californie, Arizona], du Mexique et de l’Amérique latine », précise Sophie Perreault, PDG de l’Association québécoise de la distribution des fruits et légumes (AQDFL).
En 2018, le Québec a fait transporter pas moins de 848 millions $ de fruits frais et de noix séchées, dont plus de 14 % des États-Unis, toujours selon l’AQDFL.
Malgré le contexte de crise, des mesures de confinement, des risques pour leur santé et des contrôles plus serrés qui donnent des airs de fin du monde, pas question pour le duo, qui fait ce voyage depuis sept ans, de changer sa routine.
Comme d’habitude, Marie-Christine Marchand tiendra le volant chaque jour de 16 h à 4 h du matin et Sébastien Desaulniers prendra le relais.
« On a des masques, des gants, du Purell, des lingettes désinfectantes. Je ne dis pas qu’on les prendra tout le temps, mais je n’hésiterai pas à m’en servir plus », ajoute Marie-Christine en signant les derniers papiers avant le grand départ.
Lunchs très populaires
En sortant du garage de Lachine, Le Journal croise Tania Rose Guimond, directrice de la cuisine de Trans-West, qui remplit ses frigos de lunchs qui sont plus populaires que jamais.
« Depuis la COVID-19, nos camionneurs préfèrent les repas que l’on prépare ici pour éviter d’arrêter. En trois jours, j’en ai écoulé 800. Normalement, ce nombre-là s’envole en une semaine », raconte-t-elle.
Ces derniers jours, Trans-West avait offert des rabais de 30 % sur ses repas maison, mais l’entreprise vient de décider de les offrir gratuitement en raison de la pandémie.
« À partir de lundi, on va les donner aux chauffeurs parce que l’on veut s’assurer qu’ils restent en santé. On ne veut pas qu’ils attrapent le coronavirus », conclut-elle, en remettant son tablier avant de retourner en cuisine.
- Avec Daphnée Hacker-B, Agence QMI
DES CAMIONNEURS PAS COMME LES AUTRES
Le couple de camionneurs qui a accepté de témoigner au jour le jour de son périple jusqu’en Californie détonne avec l’image des routiers.
Voyage annuel au Japon, exercices physiques rigoureux, halte routière avec panorama... Sébastien Desaulniers, 41 ans, et Marie-Christine Marchand, 36 ans, font le métier à leur façon chez Trans-West depuis sept ans.
Au départ, ils étaient loin de se douter qu’ils deviendraient camionneurs, mais leur passion pour la longue route aura eu raison de leur ex-carrière.
Dans leur ancienne vie, Sébastien était mécanicien et Marie-Christine, conseillère en emploi. Pour changer d’air, ils faisaient un voyage de ski chaque année.
« On faisait du 30 heures de route pour aller dans l’Ouest américain en voyage de ski. On voyait des camions passer et on les trouvait chanceux de faire la même route en étant payés », dit Sébastien Desaulniers.
« On s’est dit : “On pourra peut-être faire ça”. On s’est inscrit à l’école, et on a tout lâché », poursuit sa conjointe Marie-Christine Marchand, sourire aux lèvres.
Aujourd’hui, ils gagnent 50 000 $ par année chacun. Ils font deux ou trois voyages de près de 30 000 kilomètres par mois et passent un mois au Japon tous les ans.
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