La COVID fait la vie dure aux prisonniers et aux prévenus
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Devant les conditions de détention de plus en plus restrictives et contraignantes pour leur client, de nombreux avocats de la défense songent maintenant à demander au juge que le temps de détention provisoire soit compté en triple ou en quadruple.
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Au cours des derniers jours, de nombreux avocats de la défense ont discuté des conditions de détention de leur client qui ont radicalement changé au cours des deux dernières semaines et qui, selon certains, ne cesseraient de se dégrader.
Désormais, les visites sont interdites, les gens incarcérés confinés dans leur aile, les vêtements apportés par les membres de leur famille sont mis en quarantaine, les cours et les formations ont été mis sur pause, ils n’ont plus accès au gymnase et le prix des produits sanitaires à l’intérieur des murs aurait été revu à la hausse.
« Entre le 19 et le 26 mars, des agents correctionnels auraient circulé entre des ailes où des gens présentaient des symptômes vers d’autres ailes où personne n’avait de symptôme, ce qui a aussi amené une hausse importante d’anxiété », a mentionné Me Gabriel Michaud-Brière.
Ce dernier, tout comme ses collègues, estime que «tous ces petits éléments additionnés ensemble militent pour que la détention provisoire soit calculée à la hausse ou que les peines soient moins lourdes.
Détenus transférés
Prévenu depuis le 15 mars à l’Établissement de détention de Québec (EDQ) après avoir conduit un véhicule alors qu’il lui était interdit de le faire, Yann Marceau a été transféré, vendredi dernier, à la prison de Baie-Comeau.
« Quand je suis arrivé, ils m’ont mis dans une cellule pis ils m’ont dit que j’étais en quarantaine... Pas le droit de me laver. Pas le droit de sortir... Je capotais », a-t-il mentionné au Journal après avoir plaidé coupable aux accusations portées et retrouvé sa liberté.
« Ils m’ont redonné mes affaires, sans être à moins de 2 mètres, comme si je n’avais jamais été en quarantaine pis je suis sorti. L’ami qui devait venir me chercher s’est quant à lui fait revirer de bord par la police pis y’a pu d’autobus », a dit l’homme qui était toujours prisonnier de la Côte-Nord lors de notre entretien.
Femmes malades
À la prison de Joliette, des femmes présentant des symptômes de grippe auraient été mises dans une unité de confinement et, selon nos informations, certaines auraient obtenu des résultats positifs aux tests de dépistage de la COVID-19.
« Les détenues se sentent piégées et laissées à elles-mêmes sans aucun suivi sur leur état de santé. Les prisons n’étaient pas préparées à ce genre de crises et ce sont ces femmes qui en paient le prix », a indiqué notre source.