Le Québec va changer: nos habitudes de transport seront bouleversées
La voiture sera privilégiée, estiment des spécialistes
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Les transports sont déjà bousculés par la crise actuelle. Quels changements les Québécois apporteront-ils à leurs habitudes lorsque la COVID-19 sera derrière eux? Hausse de l’utilisation de la voiture et du commerce en ligne, nouveaux aménagements dans les aéroports? Des experts font le point.
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Le transport en commun en souffrira
Le transport collectif risque de subir les contrecoups de la pandémie, en raison des contacts rapprochés qu’il impose, estiment les spécialistes. Déjà, l’achalandage dans les réseaux de transport a fortement diminué. «Il va y avoir tout un défi pour le transport en commun, croit Jean Dubé. Je ne sais pas comment les gens vont réagir. Mais comme c’est un mode qui n’est pas hyper populaire, je ne pense pas que tout d’un coup, ça va être l’électrochoc pour le populariser. Je ne sais pas jusqu’à quel point ça va faire chuter la part modale [de l’autobus] ou juste causer un léger recul temporaire.» Chez Trajectoire Québec, on a bon espoir que la reprise sera rapide, mais on convient que les villes devront faire des efforts de communication pour expliquer les bienfaits du transport collectif. Les efforts supplémentaires dans l’entretien devront aussi être maintenus, selon François Pépin.
Mesures sanitaires accrues dans les aéroports
Le 11 septembre a changé les façons de voyager. Ce sera le cas aussi avec la COVID-19, estime la professeure Pascale Marcotte. Les mesures sanitaires seront probablement complètement revues dans les aéroports et les aéronefs. «C’est un choc plus grand qu’après le 11 septembre. Ça va prendre beaucoup de temps pour repartir la machine.» Le PDG de l’Association québécoise du transport aérien, Jean-Marc Dufour, estime lui aussi que des changements majeurs surviendront. «C’est un tournant.» On peut penser à la prise de température avant l’embarquement, à la désinfection plus stricte entre chaque vol, à la distanciation des sièges dans l’avion ou à la réduction du nombre de bagages admis dans la cabine.
L’influence du commerce en ligne
Après des semaines d’habitudes de consommation complètement chamboulées, quelle sera la relation des Québécois avec le commerce en ligne? C’est une question sans réponse pour le moment, indique Fanny Racicot-Tremblay, de l’ÉNAP. «Une grande inconnue demeure l’impact des achats en ligne sur l’augmentation du camionnage, le plus grand contributeur de la hausse des émissions de gaz à effet de serre au Québec, et le transport des marchandises en général. Quel sera le pouvoir d’achat des consommateurs? Est-ce qu’ils vont privilégier l’achat local? Comment pouvons-nous assurer un transport des marchandises à plus faible empreinte carbone?» questionne-t-elle. Selon elle, «la crise actuelle, aussi dramatique qu’elle puisse être [...], offre l’opportunité aux individus de réfléchir à notre demande en transports et aux gouvernements d’agir en cohérence avec les plans et les politiques de mobilité durable et d’électrification des transports».
La voiture gagnante
La voiture personnelle deviendra probablement le mode de transport privilégié, pensent plusieurs spécialistes en transport. «Le prix du pétrole va continuer à être bas. Ça va favoriser l’auto à court et à moyen terme», estime Jean Mercier, professeur à l’Université Laval.
Une opinion partagée par son collègue Jean Dubé, qui croit que ceux qui hésitaient à embarquer dans le transport en commun vont plutôt choisir de prendre leur voiture «parce qu’ils ont peur de la propagation du virus». François Pépin, de Trajectoire Québec, prévient cependant que cette ruée vers l’auto pourrait avoir l’effet pervers d’intensifier la congestion.