D'abord confinés, bientôt confits...
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Je lisais distraitement quand un chiffre me sauta aux yeux: 185 milliards!
Un déficit de 185 milliards d’ici au 31 mars 2021. Un record, selon les alpinistes de la finance confédérale.
Ce méga déficit, c’est le prix des initiatives du Petit PET qui répète: «On reconnaît, on s’assure, on continue»...
Ah!, c’est qu’il a peaufiné son jeu, le PM héréditaire, à son lutrin quotidien, devant une meute qui le torture parfois avec de cruelles questions:
«Vous travaillez tellement fort, n’êtes-vous pas fatigué? Comment faites-vous pour ne pas faire un burn-out?»
Le genre de questions vaselinées qu'on entend à Bonsoir Bonsoir!
Au Québec, on découvre le triste quotidien des personnes âgées, parquées et mises de côté sous la gouverne distinguée et lointaine du ministère de la Santé et des services sociaux, le château de cartes du modèle québécois.
Les enfants, les vieux, ça se compare, sait-on maintenant... Les CHSLD, la DPJ, une faillite similaire. Et regardez bien: le «processus» sera pointé du doigt...
C'est pour oublier ce parti-pris indéfectible de l'État pour lui-même que je lis ou relis ces jours-ci ce qui me tombe sous la main.
Suite française, Trente Arpents, Québec Circus, et ce sera l’Ulysse de Joyce, la semaine prochaine. Lire permet de contenir la peur.
La peur d'un été sans horizon, sans le café chez Bruno, sans la morue des Lebrun...
Sans le fleuve, les truites et les marées. Sans la nature sauvage qui, selon Jimmy, déchaîne ses dards «quand y a apparence de pluie»...
Les doigts croisés, j’attends la fin de cet hiver de force.
Mais la vacuité du quotidien provoque un silence qui n’est pas désagréable.
À Québec, on n’entend presque plus parler du coup d’état ferroviaire.
En rappel de l'absurde, des autobus vides, «en transit» vers nulle part, roulent dans les rues lézardées et désertes... L'inutilité est à son comble et crève les yeux.
Cependant, le silence ne rend pas idiot. L’économie agonise et mais lui survivra la démesure dépensière.
Au bonheur des ventripotents du bal de la mairie, on s’active au buffet des honoraires, on additionne sous les abats-jour, on farfouille dans les plans et devis, on touille la salade de César comme si de rien n’était...
Les rats ne manquaient pas dans l’arche de Noé...
Il y a aussi la quiétude des négociations du secteur public qui pique la curiosité des plus naïfs mais, en vérité, les vociférateurs ont toujours fait diversion et les croupiers sont à leurs postes...
Pensez-y! Négocier quand l’anxiété est à son comble et que le chômage explose, y aura-t-il jamais meilleur moment pour consacrer le statu quo?
Les chômeurs forcés comprendront peut-être une fois pour toutes que le partage de la richesse, ça ne les regarde pas!
D'ailleurs, que disent d'autre les caïds de la cotisation quand ils répètent à la télé: «On ne négocie pas sur la place publique»...
En son temps écoeuré, René Lévesque ne les a pas manqués dans ses Mémoires:
«Lorsqu’on jouit de l’absolue sécurité d’emploi, de vacances enviables, d’une retraite assurée et d’une riche gamme d’autres avantages, il devient presque immoral, quand le voisin est sur le carreau, de continuer comme si de rien n’était à réclamer le «toujours plus».
Pandémie ou pas, l’État ronronne sur sa paillasse, servi par une imposture consensuelle qui permet aux uns de se planquer derrière le dévouement exceptionnel des autres.
Ces-jours-ci, confinés et aux abois, les Québécois ont la tête ailleurs et se foutent du bingo syndical.
Devant l'État, leur destin est celui des citrons; déjà pressés, ils seront confits...