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Visages de la pandémie



Derrière tous ces mots utilisés pour décrire la crise qui bouleverse notre quotidien depuis plus d’un mois, il y a surtout des gens dont la vie a été écourtée. Dont les dernières années ont été volées dans des circonstances souvent pénibles. Plus de 800 familles québécoises ont déjà été plongées dans le deuil. Notre équipe de journalistes a récolté l’histoire de 44 d’entre elles, car il nous est apparu essentiel de mettre un visage sur les trop nombreuses victimes de ce tueur sournois et invisible.   


Doris McCall, 79 ans, LaSalle, Montréal  

Doris McCall avec ses enfants Deborah, Patrick et Michael. Photo courtoisie

« Ça va bien aller », répétait toujours Doris McCall de son vivant, bien avant que ces mots deviennent le dicton face à la maladie qui l’a finalement emportée.           

Le 1er avril, la dame de 79 ans s’est éteinte après trois jours de détresse respiratoire au CHSLD de LaSalle, où elle avait contracté la COVID-19.           

« C’est une personne qui a été assez malade physiquement. Elle avait une maladie associée à toutes les lettres de l’alphabet. Mais elle avait son moral, cette résilience, un mental tellement fort, et un positivisme malgré tout », se rappelle sa fille, Deborah Ward.           

Même si elle avait de la difficulté à marcher, la septuagénaire adorait se promener dans la nature et écouter le chant des oiseaux.           

« Elle avait une grande écoute. Elle mettait de côté ses problèmes, ses douleurs et se donnait entière à l’écoute de l’autre. Elle finissait toujours la conversation avec une phrase sage. Elle aimait tellement les gens », souligne-t-elle.           

Quand les préposées prenaient une pause, elles allaient s’asseoir avec elle pour discuter, ajoute sa fille.           

Quelques jours avant que le gouvernement annonce la fermeture des CHSLD, celle qui était décrite comme une « femme forte » avait été libérée de l’hôpital où elle séjournait en raison d’une pneumonie.           

– Roxane Trudel  


Lise Giroux, 80 ans, Montréal  

Photo courtoisie

Lise Giroux a contracté la COVID-19 au CHSLD Yvon-Brunet, à Ville-Émard.           

Elle en est décédée le jour de Pâques.           

Elle était « la personne qui aidait tout le monde », résume son fils Daniel Rouleau.           

Elle a été gouvernante, chauffeuse privée, femme de ménage, énumère-t-il.           

Une « bonne vivante » qui a pratiquement élevé ses propres frères et sœurs.           

Quatre jours avant sa mort, ses fils sont montés dans une échelle pour rejoindre sa fenêtre et lui montrer un arc-en-ciel dessiné par sa petite-fille.           

Elle était auparavant hospitalisée au Centre hospitalier universitaire de Montréal depuis le mois de février pour une panoplie de problèmes de santé et avait été transférée au CHSLD le 26 mars afin de libérer un lit à l’hôpital en vue de la vague de coronavirus.           

« Elle a été sacrifiée », dénonce son fils.           

Malgré ses difficultés à marcher, elle était encore loin de la mort et avait encore plusieurs belles années de vie devant elle, assure M. Rouleau.           

– Dominique Scali  


Colette Laganière, 97 ans, Lévis  

Photo courtoisie

Originaire de Matane, résidente de Québec durant plusieurs années, Colette Laganière – née Langis – a été emportée par la COVID-19 le 3 avril, soir de ses 97 ans.           

« C’était une femme généreuse, gentille, ouverte. Elle était rassembleuse, elle aimait énormément sa famille. On va tous s’ennuyer d’elle », témoigne sa petite-fille Françoise Boissinot.           

Mère de cinq enfants et grand-mère de huit petits-enfants, Mme Laganière avait emménagé au Manoir Liverpool, à Lévis, en septembre 2018. Chaque semaine, sa petite-fille lui rendait visite pour faire des casse-têtes, notamment.           

Le 1er avril, Colette Laganière était menée à l’Hôtel-Dieu de Lévis. La nonagénaire ne mangeait plus et était déshydratée. Elle avait précédemment eu de la toux et de la fièvre. Deux jours plus tard, elle recevait un diagnostic positif au coronavirus... et rendait l’âme.           

« Ça fait un gros trou dans la famille. Elle était un point central, qui nous rassemblait tous », termine Mme Boissinot.           

– Kathryne Lamontagne  


Gary Nelson Coveduck, 66 ans, Laval  

Photo courtoisie

Dans la soixantaine, Gary Nelson Coveduck venait tout juste de prendre sa retraite et avait l’intention de voyager pendant les années à venir.           

« Il avait travaillé comme entrepreneur en rénovation toute sa vie, il voulait voir le monde, il jouait de la guitare et voulait faire un peu de musique », confie sa sœur Shelley Coveduck, bouleversée.           

En l’espace de trois semaines, l’état de santé du Lavallois s’est dégradé à une allure fulgurante. Les premiers symptômes sont apparus sous forme de légère fièvre, mais à peine quelques jours plus tard, M. Coveduck avait peine à se lever pour répondre au téléphone.           

« Nous étions très proches, je suis malade moi aussi, alors je ne pouvais pas m’occuper de lui comme j’aurais voulu, dit sa sœur. Ce qui me fait le plus de peine, c’est qu’il est mort tout seul dans son appartement. »           

Ce sont les policiers, à la demande de Mme Coveduck, qui sont allés chez la victime le 9 avril afin de s’enquérir de son état de santé. Le père de famille était décédé à leur arrivée.           

– Frédérique Giguère  


Guy Charbonneau, 83 ans, Rouyn-Noranda  

Photo courtoisie

Guy Charbonneau allait encore à la pêche sur glace cet hiver. Un mois avant de contracter la COVID-19, il a pu prendre son premier arrière-petit-fils dans ses bras, et ses yeux bleus se sont remplis de larmes à cause de l’émotion.           

L’état de l’ancien mécanicien du ministère des Transports du Québec a dégénéré en moins d’une semaine, quand il a commencé à ressentir les symptômes du coronavirus.           

Il était un homme droit qui respectait les règles, selon sa petite-fille Annabelle Guimond. « Aussitôt que le gouvernement a dit de ne pas sortir, il respectait ça à la lettre. Il a déjà été dans l’armée, mon grand-père, si on lui disait quelque chose, c’est certain qu’il le faisait », a-t-elle souligné au Journal.  

M. Charbonneau laisse dans le deuil sa conjointe des 54 dernières années, et a été père de trois enfants.       

– Amélie St-Yves  


Antonnietta Grande, 93 ans, Montréal  

Antonnietta Grande avec un de ses deux arrière-petits-fils. Photo courtoisie

Une femme de 93 ans ayant vaincu quatre cancers au cours de sa vie a succombé le 3 avril dernier à la COVID-19, un mois après son emménagement dans un CHSLD de Montréal.           

« Si elle n’était pas allée en CHSLD, elle aurait sûrement eu des visites d’infirmières à la maison, et aurait quand même été à risque. Mais elle n’aurait fort probablement pas contracté le virus », ne peut s’empêcher de penser son fils, Dino Grande, 63 ans.           

Sa mère, Antonnietta Grande, a rendu l’âme au CHSLD Notre-Dame-de-la-Merci, à Montréal.           

Cette femme d’origine italienne est venue s’installer ici en 1953, à 26 ans, pour commencer une meilleure vie.           

L’ancienne couturière commerciale était, sans surprise, décrite comme « une battante » par ses proches, après avoir vaincu quatre cancers.           

« Elle était toujours très agréable, aimait passer du temps à l’extérieur, avec ses amis, et elle aimait son chat, se remémore son fils unique. Ce sont des circonstances difficiles pour tous à travers le monde. »           

– Jonathan Tremblay  


Roméo Lapointe, 77 ans, Montréal  

« Tout ce que je voulais, les dernières fois qu’on s’est vu, c’était le faire rire », souligne Christian Lapointe, en parlant de son père Roméo Lapointe. Photo courtoisie

Même s’il est décédé le 8 avril dernier, Roméo Lapointe parvient encore aujourd’hui à faire rire son fils au travers des souvenirs qu’ils ont partagés.           

« Qu’est-ce qu’on peut raconter ici ? se demande Christian Lapointe en riant. Avec ses collègues, il faisait toujours des blagues au téléphone en se faisant passer pour quelqu’un d’autre. Il aimait vraiment rire avec les gens. »           

L’homme de 77 ans est décédé de la COVID-19, au CHSLD Joseph-François-Perreault où il résidait depuis deux mois en raison de la maladie d’Alzheimer.           

« C’était un homme travaillant et un bon vivant. Son plus grand plaisir, c’était de jouer des tours [...] Il était aussi vraiment généreux de son temps. Il m’a tellement aidé, que ce soit avec les enfants, sur la maison... », se rappelle son fils unique.           

Grand-père de trois petits-enfants, Roméo Lapointe aimait bien s’entraîner et rester en forme.           

Après avoir contracté le virus, sa condition s’est détériorée rapidement, soutient son fils.           

« Ça a été un très gros choc parce qu’on a appris le lundi matin qu’il ne feelait pas bien, et le mercredi soir, il était décédé », explique l’homme de 45 ans.           

Néanmoins, il essaie de porter son attention sur le positif et souhaite lever son chapeau à tous ceux et celles qui travaillent dans les CHSLD en ce temps de crise.           

– Roxane Trudel  


Paul Mak, 68 ans, Montréal  

Photo courtoisie

Paul Mak n’avait vraiment aucune chance lorsque le virus l’a atteint, en mars dernier, au CHSLD Notre-Dame-de-la-Merci, à Montréal.           

« Mon père était une encyclopédie de maladies », confie July Mak, la fille de l’homme de 68 ans qui vivait au Québec depuis près de 50 ans.           

Ce dernier a passé les neuf dernières années de sa vie en résidence, en raison de problèmes de santé, dont le diabète.           

Ses proches étaient ainsi conscients que s’il contractait la COVID-19, il en succomberait.           

Cet immigrant de Canton, en Chine, était un passionné d’arts martiaux et un restaurateur qui a connu le succès dans plusieurs villes à travers le Canada, selon sa fille.           

« C’était un preneur de risques et une grande influence pour tous les gens qui le connaissaient, souligne-t-elle. Il était un père et un grand-père aimant pour ses trois enfants et ses deux petit-enfants. »           

– Jonathan Tremblay  


Corine Lavoie, 77 ans, Laval  

Photo courtoisie

L’ex-joueur des Nordiques de Québec Steven Finn a été touché par « la bonté » d’une infirmière qui a pris le temps de faire un appel vidéo avec sa mère Corine Lavoie quelques heures avant son décès.           

Résidente du CHSLD Sainte-Dorothée de Laval, l’un des épicentres de la crise au Québec, Mme Lavoie a malheureusement été infectée par le virus.           

Avant qu’elle ne parte, M. Finn a pu profiter de « la bonté » d’une infirmière qui a pris le temps de faire un appel FaceTime afin qu’il voie sa mère une dernière fois.           

« Elle était sûrement débordée, mais elle a pris le temps pour que je parle à ma mère », raconte-t-il, reconnaissant.           

« Merci, Amélie ! » a répété M. Finn sans avoir eu le temps, dans l’émotion, de lui demander son nom complet. « L’empathie que j’ai ressentie, c’était incroyable, c’est du monde incroyable », plaide-t-il.            

– Nicolas Saillant  


Kenneth Wheeland, 85 ans, Montréal  

Photo tirée de Facebook

Kenneth Wheeland est décédé le 4 avril au CHSLD de LaSalle.           

Avec son épouse Connie, il résidait auparavant au centre Herron de Dorval, montré du doigt pour avoir été déserté par une bonne partie de son personnel à la fin mars.           

Mais déjà au mois de décembre, sa fille Judie Wheeland avait constaté de graves manquements dans les soins prodigués à son père.           

Il a contracté une pneumonie en janvier et a notamment développé des plaies de lit qui refusaient de guérir, explique Mme Wheeland. « Nous devions nous battre avec eux pour que mon père soit retourné toutes les deux heures. »           

Les responsables ne prenaient pas ses plaintes au sérieux, bien avant que la pandémie ne fasse son entrée dans l’établissement, souligne-t-elle.           

Au-delà de ces douloureux moments, elle se souviendra de son père comme du « meilleur homme qu’elle a jamais rencontré ».           

« Pour toujours dans mon cœur », écrivait-elle sur sa page Facebook le jour du décès.           

– Dominique Scali  


Hermann Girard, 80 ans, Montréal  

Capture d'écran, TVA Nouvelles

Hermann Girard est décédé le 5 avril au CHSLD Herron de Dorval, à l’âge de 80 ans.           

Ce « leader naturel » était atteint de la maladie d’Alzheimer, mais n’était pas malheureux, explique son fils Frédérick Girard.           

Il s’était d’ailleurs fait plusieurs amis parmi les autres résidents.           

Lorsqu’il a contracté le coronavirus, sa famille a choisi de le laisser mener ce combat au centre Herron plutôt que de risquer un transport vers l’hôpital.           

Les médias et le gouvernement ont ensuite révélé à quel point la direction de la résidence avait perdu le contrôle de la crise.           

Le premier ministre a même qualifié la situation dans ce centre d’« épouvantable ».           

« C’est un immense choc », dit Frédérick Girard, qui se demande maintenant dans quelles conditions son père est décédé.           

Père de trois enfants et grand-père de huit petits-enfants, Hermann Girard a eu une longue carrière en administration publique, ayant œuvré dans différents ministères et organismes provinciaux.           

– Dominique Scali  


Yvette Boisvert Giguère, 92 ans, Shawinigan  

Photo courtoisie

Dans les moments qui ont précédé le décès d’Yvette Boisvert Giguère, ses enfants ont pu lui chanter des chansons et prier pour elle à travers la fenêtre de sa résidence, où elle était confinée.           

« Ce n’est pas compliqué, ma mère, c’était une sainte », lance Carmelle Giguère.           

La femme de 92 ans résidait dans une chambre du rez-de-chaussée du CHSLD Laflèche, en Mauricie, depuis plus de deux ans.           

Elle était traitée aux petits oignons par les membres du personnel, qualifiés de « vrais anges » par la famille de la défunte. Elle avait été placée par ses proches après une chirurgie au cœur qui l’avait paralysée presque complètement.           

Atteinte de la COVID-19 comme de nombreux autres résidents de l’endroit, Mme Boisvert Giguère est décédée environ 48 heures après avoir reçu son diagnostic.           

La nonagénaire était reconnue pour son cœur immense et sa façon de toujours voir le bon côté des choses.           

« Elle nous disait toujours que s’il faisait toujours soleil, on ne saurait pas l’apprécier », se remémore émotivement sa fille.           

– Frédérique Giguère  


Gilles Poirier, 86 ans, Maria  

Photo courtoisie

Comme il était déjà très malade, la femme de Gilles Poirier n’a eu d’autre choix que « d’accepter » son départ lorsqu’il a contracté la COVID-19.           

Déjà « faible du poumon » et atteint de la maladie d’Alzheimer depuis un bon moment, sa condition n’a donné que très peu de chances à l’homme de Caplan, en Gaspésie.           

Transféré à l’hôpital après avoir contracté la maladie, M. Poirier ne « voulait rien savoir du masque ».           

Céline Bujold a donc accompagné son conjoint dans la mort pendant de longues heures.           

« Je lui ai dit que c’était son temps, que ça me faisait bien de la peine, mais que je l’acceptais », raconte sa conjointe avec émotion. « La vie continue », se convainc-t-elle.           

Cette dernière n’avait d’ailleurs que de bons mots pour le Manoir du Havre de Maria où l’aîné vivait. « C’est comme une famille, il y a seulement 16 résidents, il y a de bons repas et le personnel est en or », tient-elle à dire.           

– Nicolas Saillant  


Sœurs Yvette Rivard, 92 ans, et Bertha Laforest, 94 ans, Chicoutimi  

Sœur Yvettte Rivard (à gauche) et sœur Bertha Laforest, de la communauté des Antoniennes de Marie. Photos courtoisie

La communauté des sœurs Antoniennes de Marie de Chicoutimi est durement éprouvée par la COVID-19, alors que deux religieuses ont rendu l’âme à la maison mère depuis le début de la pandémie.           

Sœur Bertha Laforest est tristement devenue le 10 avril la première religieuse canadienne à être emportée par le virus.            

Originaire de Saint-Eugène d’Argentenay, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, la dame de 94 ans comptait 75 ans de vie religieuse.           

Cinq jours plus tard, sœur Yvette Rivard, de Saint-Prime, succombait aussi à la maladie. Âgée de 92 ans, elle se consacrait à la religion depuis plus de 71 ans.           

Ces décès ont ébranlé la communauté.            

Les témoignages ont été nombreux sur la page Facebook des sœurs Antoniennes de Marie, qualifiant les disparues de sœurs « aimantes » et « charmantes ».           

– Kathryne Lamontagne  


Albany Paul, 88 ans, LaSalle, Montréal  

Albany Paul en compagnie de sa petite-fille Caroline Jodoin. Photo courtoisie

L’un des plus grands plaisirs d’Albany Paul était d’être entouré des êtres qui étaient chers à son cœur, soutient sa petite-fille Caroline Jodoin, 39 ans.           

« Mon grand-père adorait danser. C’était un homme de plaisir, il aimait la musique, il aimait rire, ajoute-t-elle. C’était un homme ultra travaillant qui n’avait pas peur d’avoir plusieurs emplois pour nourrir ses enfants. »           

Dès que la famille avait la chance de se retrouver, elle le faisait, souligne Mme Jodoin.           

« Quand mon fils était plus jeune, c’était les deux meilleurs amis du monde, se rappelle-t-elle en riant. Mon grand-père avait [alors] 81 ans et il se promenait à quatre pattes, mon fils sur le dos. C’était ça, mon grand-père. »           

Le 29 mars, M. Paul, 88 ans, a rendu son dernier souffle au téléphone avec sa fille.           

La famille se considère chanceuse d’avoir pu être présente par téléphone pour les derniers instants du LaSallois, grâce au bon vouloir d’une préposée, qui s’est habillée en conséquence et qui a utilisé son cellulaire personnel pour passer l’appel.           

– Roxane Trudel  


Martial Pelletier, 90 ans, Shawinigan  

Photo courtoisie

Souffrant de la maladie d’Alzheimer depuis déjà quelques années, c’est finalement la COVID-19 qui a emporté Martial Pelletier.           

Ce grand-papa exemplaire avait été placé au CHSLD Laflèche, en Mauricie, juste avant les Fêtes, lorsque sa maladie s’est aggravée.           

Sa petite-fille, Jacinthe Massicotte, conserve de précieux souvenirs de lui, particulièrement lorsqu’il amenait ses petits-enfants en motorisé dans le Maine. L’homme de 90 ans prenait son rôle de grand-père très au sérieux.           

Il aimait et s’intéressait à chacun de ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, selon sa famille.           

« Il avait beau ne pas être en forme, dans les fêtes familiales, il voulait toujours prendre un des bébés dans ses bras, c’était plus fort que lui », se souvient Mme Massicotte.           

- Frédérique Giguère  


Gustave Joseph, 80 ans, Maria  

Photo courtoisie

Malgré la fermeture de la Gaspésie et le faible nombre de cas dans la péninsule, l’indigeste virus a réussi à s’infiltrer dans une résidence à Maria.           

Gustave Joseph, 80 ans, y a été la première victime de cette maladie.           

Malheureusement, « ç’a été très vite » pour l’homme de Paspébiac, qui avait déjà « des problèmes de santé très graves » lorsqu’il a été infecté.           

Il est probable qu’une employée du Manoir du Havre ait attrapé le virus sans avoir de symptômes, lors d’un voyage dans le sud de la province, et l’a introduit au sein de ce Havre.           

Marcel Joseph, un neveu du défunt qui s’occupait de son oncle, appréhendait la triste fin lorsque l’aîné a été transféré à l’hôpital de Maria où il est finalement décédé. « Ça fait beaucoup de dommages cette maladie-là », constate-t-il.           

– Nicolas Saillant  


Dr Jean-Pierre Légaré, 89 ans, Québec  

Photo courtoisie

La première victime de la COVID-19 à Québec était un médecin très impliqué qui a notamment fondé le service de gériatrie de l’Hôpital Saint-François d’Assise et participé à la création des Remparts de Québec.           

Âgé de 89 ans et déjà très malade depuis plusieurs semaines, le Dr Légaré était hospitalisé au centre Jeffery Hale lorsqu’il a contracté le coronavirus à la fin mars.           

« Sa condition nous laissait déjà croire que la fin approchait sans égard à la COVID », a expliqué sa fille Caroline Légaré.           

Mme Légaré est reconnaissante d’avoir eu le « privilège » d’accompagner son père jusqu’à la toute fin. « En suivant le protocole, j’ai pu être à ses côtés », raconte-t-elle.           

« Je l’ai apprécié grandement. Ça aurait été d’autant plus triste qu’il parte seul », dit la dame avec émotion ajoutant que son père est parti avec « sérénité ».           

Le Dr Légaré a exercé la médecine familiale à sa clinique de Charlesbourg pendant 40 ans tout en fondant le service de gériatrie de l’Hôpital Saint-François d’Assise.           

Sa grande passion pour le hockey l’a amené à s’impliquer au niveau junior majeur en tant que vice-président fondateur des Remparts de Québec.           

– Nicolas Saillant  


Marguerite Lescop, 104 ans, Montréal  

Marguerite Lescop avait 18 petits-enfants et 31 arrière-petits-enfants. Photo d'archives

L’écrivaine Marguerite Lescop a succombé au coronavirus dans son sommeil, le 3 avril dernier.           

Elle avait l’âge vénérable de 104 ans.           

Mère de sept enfants, grand-mère 18 fois et arrière-grand-mère à 31 reprises, Mme Lescop résidait au
CHSLD Alfred-DesRochers de Montréal.           

Celle qui n’avait que 3 ans lorsque la grippe espagnole a décimé la planète a vécu ses derniers jours en pleine éclosion d’une autre pandémie.           

« Une fin pas ordinaire pour une femme hors de l’ordinaire », a souligné sa fille Kateri à La Presse.           

La centenaire s’est fait connaître des Québécois dans les années 1990 avec son autobiographie intitulée Le tour de ma vie en 80 ans.           

Vendue à des dizaines de milliers d’exemplaires, son œuvre publiée à compte d’auteur lui a valu le Grand prix du Salon du livre de Montréal en 1996.           

Cinq ans plus tard, Marguerite Lescop a reçu l’Ordre du Canada des mains de la très honorable Adrienne Clarkson.           

« Elle est un modèle de vivacité, de détermination et de dévouement, et nous montre qu’avancer en âge peut être synonyme de dépassements inédits », peut-on lire sur le site de la gouverneure générale.           

Dans une vidéo sur le thème de la mort, réalisée il y a 10 ans par sa petite-fille et publiée sur Vimeo, Marguerite Lescop disait ceci : « J’ai pas peur de la mort, mais je ne suis pas prête. J’aime encore la vie. »           

– Claudia Berthiaume  


Mariette Tremblay, 82 ans, Lavaltrie  

Mariette Tremblay a été la première personne à périr de la COVID-19 au Québec. Photo tirée de Facebook

Première victime de la COVID-19 au Québec le 18 mars dernier, Mariette Tremblay avait contracté le virus avant que les premières mesures de confinement soient imposées.           

L’aînée vivait à la résidence Eva de Lavaltrie, dans Lanaudière, qui est aussi devenue le premier foyer d’éclosion de la province.           

À son décès, ses proches ont publié un poignant hommage, implorant les Québécois à suivre les consignes du gouvernement pour éviter d’autres drames comme le leur.           

« Cette femme de cœur, qui a toujours été entourée de ses proches, a vécu ses derniers jours isolée de nous tous, et ça nous brise le cœur. Nous aurions voulu pouvoir lui tenir la main, la réconforter, lui parler doucement à l’oreille, mais nous n’en avons pas eu la chance », a écrit sur Facebook sa petite-fille Bibianne Lavallée.           

Véritable « pilier » de sa grande famille, Mariette Tremblay était mère de quatre filles, en plus d’avoir neuf petits-enfants et neuf arrière-petits-enfants.           

« Malheureusement, au moment où toutes les mesures ont été annoncées et prises, il était trop tard pour épargner ma grand-mère. Lorsque son diagnostic est tombé, elle était déjà condamnée », a ajouté sa petite-fille.           

Sa grand-mère souffrait déjà de problèmes respiratoires, faisant d’elle une « proie facile » pour le coronavirus.           

– Hugo Duchaine  


Viviane Blanchard, 64 ans, Dorval  

Photo courtoisie

Viviane Blanchard était une femme exceptionnelle et elle avait un grand cœur, se rappelle sa fille Véronique Bossé.           

La dame de 64 ans est décédée le 7 avril dernier au CHSLD Herron de Dorval, où elle habitait en raison de l’Alzheimer.           

Elle n’avait aucun problème de santé sous-jacent.           

« Ma mère, elle aimait la musique, elle aimait danser. Elle aimait les fleurs, s’occuper de sa cour et jardiner. Elle était très coquette, elle allait tout le temps au salon de coiffure ou magasiner, elle était vraiment active », confie sa fille, qui apparaît avec elle sur la photo ci-dessus.           

Infirmière de profession, Mme Bossé avait fait transférer sa mère au CHSLD où elle travaillait à titre de directrice pour pouvoir la voir tous les jours. Elle avait quitté son poste à Herron à la fin du mois de janvier.           

« J’ai une vidéo d’elle, elle était au
CHSLD et un homme jouait de la musique. Elle était devant lui et elle dansait. C’est un beau souvenir que j’ai d’elle. La vidéo datait du mois de janvier », se souvient-elle, un sourire dans la voix.           

Malheureusement, elle n’aura pas pu lui parler une dernière fois, puisque sa mère était inconsciente au moment où les infirmières du centre l’ont avertie que sa condition se détériorait.           

– Roxane Trudel  


Thérèse Charlebois, 99 ans, Westmount  

Thérèse Charlebois était comme une « deuxième mère » pour Maude. Photo courtoisie

En accompagnant sa grand-tante Thérèse dans les dernières heures de sa vie, Maude Charlebois croyait se retrouver dans un CHSLD transformé en « soins intensifs ». Elle s’est plutôt retrouvée dans des corridors vides.           

« C’est comme être dans un corridor d’hôtel, mais les portes de chambres sont toutes ouvertes et y’a pas un maudit chat », illustre-t-elle.           

À l’âge de 99 ans, les chances de survie de Thérèse Charlebois étaient minces, convient celle qui la décrit comme sa « deuxième mère ».           

Maude Charlebois déplore néanmoins le manque de soins dans les dernières heures de vie de sa grand-tante au
CHSLD St-Margaret de Westmount.           

La machine à oxygène sur laquelle la quasi-centenaire était branchée aurait sonné à plusieurs reprises sans qu’un préposé intervienne, selon elle.           

Thérèse Charlebois est finalement décédée tôt le lundi de Pâques.           

Maude Charlebois, elle, n’en revient toujours pas de ce qu’elle a vécu.            

« Je ne peux pas croire que j’étais au Québec », décrit-elle.           

– Nicolas Saillant  


Ghyslain Tremblay, 68 ans, Montréal  

Le comédien Ghyslain Tremblay a joué dans plusieurs séries à succès. Photo courtoisie

Le comédien Ghyslain Tremblay a été terrassé par la COVID-19 le 7 avril dernier.           

Atteint de la maladie d’Alzheimer depuis quelques années déjà, l’homme de 68 ans résidait à la Maison l’Étincelle de Verdun, à Montréal.           

Vedette du petit écran québécois dans les années 1980-1990, il a joué dans plusieurs séries à succès, notamment Cormoran, L’Amour avec un grand A, Virginie et Annie et ses hommes.           

Il était aussi un féru d’improvisation et un homme de théâtre accompli.           

Le sexagénaire avait disparu du paysage culturel depuis plus d’une décennie.           

De nombreux membres de la colonie artistique lui ont rendu hommage suivant son décès subit.           

Sa mort a d’ailleurs été annoncée par la comédienne Sophie Faucher, qui le côtoyait depuis plus de 35 ans.           

« Il n’était pas grand, mais il avait une telle présence, s’est-elle exclamée vivement lors d’un entretien avec l’Agence QMI. [...] Il était aussi intense dans la vie que sur scène. On a ri beaucoup, beaucoup. »           

« C’était un gars très très brillant, très articulé, [...] mais c’était également un gars super le fun, super agréable, jovial quoi », a quant à lui illustré son ami Jean-Raymond Châles en entrevue à LCN.           

– Claudia Berthiaume  


Doréa Dee, 86 ans, Maria  

Photo courtoisie

Originaire de New Richmond, Doréa Dee a été une autre victime du virus qui s’est introduit dans une résidence pour aînés de Maria, en Gaspésie.           

« Doréa était une femme aimante, passionnée et pleine de vie quand le virus est arrivé », décrivent ses proches qui lui ont rendu hommage.           

Elle était « un pilier » pour sa famille et une femme d’exception, affirment ceux qui l’ont connue. La femme de 86 ans est finalement décédée dans un hôpital de Québec le 7 avril.           

– Nicolas Saillant  


Jeannine Leroux, 77 ans, Verdun, Montréal  

Jeannine Leroux aux côtés de sa petite-fille Stéphanie Renaud. Photo courtoisie

Jeannine Leroux était une battante qui se donnait corps et âme pour ses proches, souligne sa petite-fille Stéphanie Renaud.           

« C’était une femme au grand cœur qui était prête à tout pour que ses enfants et ses petits-enfants ne manquent de rien. Elle passait toujours le bonheur des autres avant le sien, et ce, sans se poser de questions », soutient la jeune enseignante.           

Grande passionnée de musique country, la dame de 77 ans est décédée à Verdun le 9 avril dernier.           

« Elle adorait les chevaux, jouer au bingo et jouer aux cartes. Lorsqu’elle avait une idée en tête, elle y allait jusqu’au bout, et il était difficile de l’en dissuader. C’était une battante et elle a gagné sa place au ciel ! », ajoute-t-elle.           

Mère de quatre enfants et grand-mère de sept petits-enfants, Mme Leroux a passé sa vie à s’occuper seule de l’un de ses fils.            

« Elle a passé sa vie à prendre soin de mon oncle handicapé, seule, étant donné que mon grand-père est décédé du cancer il y a de cela presque 30 ans. Il était hors de question pour elle de placer mon oncle dans un centre, tant et aussi longtemps qu’elle serait capable de s’en occuper », poursuit Mme Renaud.           

Ils ont tous les deux été placés il y a quelques années, étant donné que l’état de santé de Mme Leroux ne lui permettait plus de prendre soin de son fils chez elle.           

– Roxane Trudel  


Paul Brissette, 99 ans, Québec  

Photo courtoisie

Vétéran de la Deuxième Guerre mondiale, membre de l’Aviation royale canadienne, Paul Brissette, 99 ans, est décédé le 11 avril à la résidence des anciens combattants à Québec.           

« Toi, un p’tit gars de Limoilou parti faire la guerre avant même ta majorité, tu as su défier mille fois les petits et grands maux de la vie », témoigne l’une de ses trois filles, Louise, dans un texte hommage transmis au Journal.           

M. Brissette a été emporté par la COVID-19 alors qu’il séjournait au CHSLD Paul-Triquet, où une éclosion touche une trentaine de résidents et de membres du personnel. Il est le seul à en être décédé jusqu’à présent.           

« Va retrouver ta famille, maman et tes amis disparus. Prends ton dernier vol, mon papa, et trouve ton nuage, tu as mérité ce qu’il y a de mieux. Merci d’avoir été là pour nous. Bon vol et bonne route », écrit Louise Brissette.           

Ses enfants, ses petits-enfants et ses arrière-petits-enfants garderont de lui le souvenir d’un homme « bon, audacieux, vaillant, débrouillard, souriant et combien résilient », termine sa fille.           

– Kathryne Lamontagne  


Lucien Gingras, 87 ans, Québec  

Photo courtoisie

Bénévole actif et engagé, père de quatre enfants, grand-père de 12 petits-enfants et arrière-grand-père à huit reprises, Lucien Gingras a rendu l’âme le 8 avril, à l’âge de 87 ans.           

« Mon père était un homme qui avait un grand cœur. Il a fait du bénévolat toute sa vie, il a reçu la médaille du gouverneur général en 2012, il a déjà été bénévole de l’année dans la région de Québec », relate sa fille, Chantal.           

Actif et lucide jusqu’à la toute fin de sa vie, Lucien Gingras a eu un diagnostic de cancer en janvier dernier.           

À la fin février, il était admis aux soins palliatifs de l’Hôpital Jeffery Hale. Il a été déclaré positif à la COVID-19 le 8 avril en après-midi. Il est décédé quelques heures plus tard.           

« C’est ce qu’on a trouvé difficile. C’est un homme qui a été tellement dévoué toute sa vie à tout le monde. C’était toujours le premier à vouloir aider. Et il est mort tout seul », expose Chantal Gingras, qui l’a vu pour la dernière fois 48 heures avant son décès.           

– Kathryne Lamontagne  


Jean-Pierre Labossière, 77 ans, LaSalle, Montréal  

Photo courtoisie

Jean-Pierre Labossière est décédé le 30 mars dernier à LaSalle, à 77 ans.           

Les résultats du test sont revenus positifs, malgré le confinement instauré le 14 mars, explique sa fille Chantal Labossière sur Facebook.           

« Il semble que les cas se propagent au-delà de ce qui est souhaitable. La transmission communautaire est bien présente parmi le personnel et les résidents des CHSLD », peut-on lire dans les commentaires, sous une photo d’elle et son père lorsqu’elle était plus jeune.           

Il faut prendre le virus encore plus au sérieux si nous voulons vraiment sortir de cette crise sanitaire, ajoute-t-elle.           

« La famille tient à remercier le personnel de l’Hôpital de LaSalle et le CHSLD LaSalle pour leur soutien et les bons soins prodigués », peut-on lire dans la notice nécrologique.           

– Roxane Trudel  


Eva Blais, 94 ans, Québec  

Photo courtoisie

Bien consciente qu’on « ne peut pas blâmer » les employés de la santé qui se démènent à travers cette crise, la fille d’Eva Blais, décédée au centre Jeffery Hale, avoue cependant être « très en colère » devant la situation.           

Chantale Bédard, une infirmière à la retraite, ne peut que constater la « déconstruction » du réseau depuis son départ en 2007.           

Le décès de sa mère le 13 avril dans le foyer d’éclosion le plus important à Québec lui a fait réaliser à quel point c’est le « désordre » dans les CHSLD.           

« Depuis 15 jours, on n’avait aucune nouvelle, déplore-t-elle, on ne sait pas ce qui s’est passé dans les derniers moments ».           

La famille tient tout de même à remercier ceux qui étaient là pour Mme Blais.            

« Quand tu es toute seule, ce n’est pas de la mauvaise volonté. On a deux bras et une tête, on fait ce qu’on peut », constate Mme Bédard en parlant des professionnels de la santé.           

– Nicolas Saillant  


Esther Savard, 89 ans, Chicoutimi  

Photo courtoisie

« Ce n’est pas une fin de vie normale ».           

Malgré un service très humain offert par les employés du Centre d’hébergement de la Colline, l’épicentre de la crise au Saguenay –Lac-Saint-Jean, les proches d’Esther Savard se désolent de son décès dans des circonstances de crise sanitaire.           

La petite-fille d’Esther, Stéphanie Simard, a eu la chance d’aller voir sa grand-mère avec son père une dernière fois avant de la laisser partir, mais la famille constate qu’elle n’a pas pu « épauler » la chef de famille comme elle l’aurait voulu.           

« Dans un sens, on ne respecte pas les dernières volontés des victimes », dit tristement l’infirmière auxiliaire.           

Mme Simard comprend parfaitement la situation, mais regrette tout de même que sa grand-mère ait été incinérée.           

« Elle va être exposée dans son urne, elle aurait sûrement aimé être exposée dans un cercueil, mais on ne peut pas évidemment », explique-t-elle, ajoutant que les funérailles risquent d’être longtemps reportées.           

– Nicolas Saillant  


Gérard Domingue, 92 ans, Québec  

Photo courtoisie

Gérard Domingue vivait paisiblement à Québec avec sa conjointe quand une mauvaise chute l’a mené à l’hôpital, à la fin février. Soigné pour une fracture de la hanche à l’Hôpital Saint-François-d’Assise, l’homme de 92 ans, né à Saint-Ludger, en Beauce, a été transféré à l’Hôpital Jeffery Hale à la fin mars.           

C’est là qu’il a attrapé la COVID-19.           

« Il est parti comme un animal que tu envoies à l’abattoir », dénonce sa conjointe des 26 dernières années, Huguette Grenier, qui n’a pu être aux côtés de son amoureux lors de ses derniers moments.           

La dame assure avoir visité son conjoint et pris soin de lui chaque jour à l’hôpital, jusqu’au 24 mars.           

Après cela, les visites ont été interdites. « Il m’a dit qu’il m’aimait, qu’il m’avait toujours aimée, et qu’il me remerciait pour tout. Ça a été ses dernières paroles », se rappelle-t-elle, encore secouée par les récents événements.           

Ils ont pu garder contact grâce au téléphone, jusqu’au 7 avril, jour du décès de M. Domingue.           

Mme Grenier décrit son amoureux comme un homme joyeux, bon, qui ne se plaignait jamais. Il avait un fils.           

« Il était toujours positif ! Il était très joyeux. On allait danser régulièrement dans des soirées de l’âge d’or », se rappelle-t-elle, le sourire dans la voix.           

– Kathryne Lamontagne  


Dr Huy Hao Dao, 44 ans, Montréal  

Dévoué et passionné: voilà comment on décrivait le Dr Huy Hao Dao. Photo courtoisie

Un homme « passionné ». Ce mot, les proches du Dr Huy Hao Dao n’ont pas cessé de le répéter pour décrire le médecin, décédé de la COVID-19 à seulement 44 ans.           

« Il avait un grand esprit. Tout ce qu’il faisait, c’était intelligent. C’était quelqu’un qui prenait beaucoup de fierté dans son travail. Il ne disait jamais non [...] Il était profondément généreux, toujours là pour les gens qui avaient besoin de lui », évoque la Dre Sarah-Amélie Mercure, une collègue et amie du Dr Dao.           

Ceux qui l’ont côtoyé le décrivent comme quelqu’un de très intelligent, dévoué à la santé publique et au bien-être des autres.           

« Il avait une rigueur intellectuelle comme j’ai rarement vu [...] Il était passionné de connaissance et de science. Il aimait beaucoup la performance et la productivité », souligne-t-elle, en ajoutant qu’il travaillait constamment sur lui, pour être meilleur que la veille.           

Passionné de jeux de stratégie et de voyage, Huy Hao Dao adorait par-dessus tout sa fille, avec qui il faisait toutes sortes d’activités, de la visite au musée aux ateliers de programmation de robotique.           

« Il adorait l’humour, ajoute sa collègue. Il était simplement passionné de la vie. »           

Le Dr Dao s’est donné corps et âme à son travail dans les dernières semaines, auprès de ses collègues de la Direction de santé publique de la Montérégie, à Longueuil.            

– Roxane Trudel  


Lyse Turcotte, 79 ans, Racine  

Photo courtoisie

Doyenne de sa résidence, Lyse Turcotte était malheureusement une cible plus facile de la COVID-19 en raison de sa santé fragile.           

Celle qui s’apprêtait à souffler sa 80e bougie en mai a succombé au virus en l’espace de quatre jours.           

« C’était tellement inattendu, elle a eu une légère fièvre et une petite toux, mais on croyait que c’était juste un petit rhume », confie sa sœur Monique.           

Mme Turcotte était arrivée à la résidence La Brunante, située à Racine, en Estrie, dès son ouverture il y a 16 ans. Elle avait quelques problèmes de santé, souffrant notamment de diabète, ce qui la rendait plus fragile, selon sa sœur, qui lui parlait deux à trois fois par jour au téléphone.           

Armée de son grand sourire, Mme Turcotte a travaillé plusieurs années comme serveuse dans des restaurants. À sa retraite, elle avait pris des cours afin de se familiariser avec les ordinateurs.           

« Elle était très bonne avec les programmes, elle faisait entre autres des cartes d’anniversaire électroniques, elle avait un grand intérêt pour ça », relate sa sœur.           

– Frédérique Giguère  


Gaston Ladouceur, 90 ans, LaSalle, Montréal  

Photo courtoisie

Même s’il était un homme de peu de mots, Gaston Ladouceur se dévouait entièrement au bien-être de sa famille et de ses proches, témoigne sa petite-fille.           

« C’était un homme travaillant qui était très dévoué à sa famille. Il s’assurait toujours que son monde soit bien, que la famille ait tout ce dont elle avait besoin. Il était très présent », soutient Esther Ste-Marie, 31 ans.           

Décrit comme un « homme bon » par sa fille unique, Gaston Ladouceur est décédé le 28 mars dernier à l’âge de 90 ans. Il laisse également dans le deuil ses trois petits-enfants, son frère ainsi que plusieurs neveux et nièces.           

Il était retraité depuis environ 35 ans et il adorait voyager, ajoute sa petite-fille.           

« Il voyageait beaucoup, et faisait beaucoup de camping, de vélo, du patin [...] Quand on était jeune, il venait régulièrement en camping avec nous », se rappelle-t-elle.           

L’homme de 90 ans avait été placé au CHSLD de LaSalle il y a quelques années, après avoir habité à la résidence Le Cavalier, dans le même secteur.           

« Dans les dernières années, il allait au bord de l’eau à LaSalle, il dansait, dit-elle, un sourire dans la voix. C’était un homme très discret aussi, il ne parlait pas beaucoup. C’était dur de connaître le fond de sa pensée, mais il était toujours présent. »           

– Roxane Trudel  


Yvette Fortin Duplessis, 95 ans, Shawinigan  

Photo courtoisie

Dans un certain sens, le coronavirus aura délivré Yvette Fortin de ses souffrances, quand il l’a emportée le 5 avril dernier, au CHSLD Laflèche de Shawinigan, en Mauricie.           

« Elle avait des problèmes de santé. Elle était rendue sourde et aveugle », confie Yvon Duplessis, le fils de la femme de 95 ans.           

« Disons que ça ne l’a pas aidée [le coronavirus], croit-il. Mais dans sa condition, elle avait presque hâte au jour où ça arriverait. Son vœu a été exaucé. »           

Sa famille tient à remercier spécialement le Dr Turmel et les infirmières qui ont pris soin d’elle jusqu’à son dernier souffle.           

– Jonathan Tremblay  


Monic Champagne, âge inconnu, Montréal  

Photo tirée de Facebook, Armand Thomas

Décrite comme une dame au sourire éternel et aux beaux yeux bleus étincelants, Monic Champagne s’est éteinte le 14 avril dernier à l’Institut de gériatrie de Montréal.           

« On se rappellera d’elle comme une âme généreuse et souriante, élégante et coquette, raffinée et hospitalière, une femme de goût et au jugement assuré, travailleuse acharnée, championne de la famille bien élevée, de la maison bien tenue et du magasinage extrême », témoigne son fils Dominic Champagne dans une publication sur Facebook.           

La mère de trois enfants et grand-mère de cinq petits-enfants était aussi « débordante d’enthousiasme et toujours le cœur sur la main, toujours prête à rire et à accueillir à bras ouverts, à rendre service, à donner et à écouter avec compassion ... », ajoute le metteur en scène.           

– Roxane Trudel  


Jacqueline Pilon, 89 ans, Montréal  

Jacqueline Pilon en compagnie de son fils unique, Robert Paul. Photo courtoisie

Jacqueline Pilon, âgée de 89 ans, vivait au CHSLD Joseph-François-Perrault depuis moins d’un an quand elle a été emportée trop vite par le coronavirus.           

Son fils unique, Robert Paul, la décrit comme une femme indépendante, débrouillarde et autonome. Une femme avec le cœur sur la main, qui donnait sans jamais rien attendre en retour.           

Mais il dénonce avoir été privé de ses adieux avec sa mère, qui est morte seule au CHSLD, sans même qu’il ne puisse l’appeler une dernière fois.           

« J’ai beaucoup de peine, mais aussi beaucoup de rage », admet, Robert Paul, la voix nouée.           

Son décès est survenu seulement quelques jours après que l’établissement l’a avisé du diagnostic positif. Débordés, les employés lui auraient dit qu’ils n’avaient pas le temps de lui permettre d’appeler ou de voir sa mère une dernière fois.           

« Ça rend le deuil encore plus difficile [...] C’est un manque d’humanisme », déplore-t-il. Sa mère n’avait pas de téléphone personnel, car elle souffrait de la maladie d’Alzheimer.           

– Hugo Duchaine  


Marie-Thérèse Saint-Onge, 94 ans, Montréal  

Marie-Thérèse Saint-Onge et son petit-fils Sébastien Tremblay. Photo courtoisie

Marie-Thérèse Saint-Onge, née le 31 décembre 1925, était une femme en avance sur son temps qui portait le pantalon alors que les autres ne portaient que des robes, et qui travaillait à une époque où la plupart restaient à la maison.           

Ses enfants la décrivent comme une femme de caractère, qui savait ce qu’elle voulait, une amoureuse de la chanson française et d’opéra, dotée d’un grand sens de la répartie.           

Elle a notamment occupé des emplois de secrétaire et d’adjointe administrative.           

En 1950, elle a épousé Guy Contant.           

Le couple, qui ne s’est pas quitté jusqu’au décès de M. Contant en 2006, a eu six enfants et trois petits-enfants.           

Mme Saint-Onge est décédée le 13 avril après avoir été transférée en CHSLD, le 20 mars, où elle a contracté la COVID-19.            

La famille a tenu à dire ceci: leur mère n’est pas une victime. Cette crise a surtout démontré le manque de personnel depuis plusieurs années en CHSLD, selon eux.           

« Ça m’a fait réfléchir sur le sens à porter à la situation et ce que ma mère nous aurait dit, affirme la fille de Mme Saint-Onge, Marie Contant : “Bon, c’est vrai que la situation est plate, mais arrête de te plaindre ou de me plaindre, maintenant il faut regarder en avant et trouver des solutions, alors, tu m’amènes du concret pour que les choses changent”. C’était ça aussi le caractère de maman. »           

– Annabelle Blais  


Robert Gignac, 85 ans, Shawinigan  

Photo courtoisie

Les proches de Robert Gignac ont pu lui faire leurs adieux par visioconférence, le jour de son décès au CHSLD Laflèche de Shawinigan, en Mauricie, le 8 avril dernier.           

Le départ de l’homme de 85 ans atteint de la maladie d’Alzheimer n’a pas été facile pour la famille, raconte sa fille Guylaine Gignac, 44 ans.           

« On a pu lui faire nos derniers adieux par vidéo. Quand je lui ai parlé de ma mère, qui est encore vivante, il a froncé les sourcils. Donc j’imagine qu’il nous a entendus », dit cette dernière.           

Elle ajoute que son père, qui a eu pas moins de 12 enfants, était un homme « bon », un homme « travaillant ».           

« C’est quelque chose. Les deux dernières années ont été difficiles. Sa situation s’était détériorée. Ç’a peut-être abrégé ses souffrances », conclut Mme Gignac.           

– Jonathan Tremblay  


Jeannine Bourassa Laplante, 84 ans, Lavaltrie  

Photo courtoisie

Jeannine Bourassa Laplante est décédée le 30 mars à Lavaltrie, à 84 ans.           

« Maman, tu es dans nos cœurs, nous pensons à toi et ce n’est que partie remise pour que nous puissions te rendre l'hommage que tu mérites tant », peut-on lire dans la notice nécrologique.           

Sa fille Louise Bourassa a tenu à remercier l’infirmière « pleine de compassion et d’humanité » qui a accompagné sa mère lors de ses derniers moments, ainsi que tout le personnel hospitalier de Joliette, dans Lanaudière.           

« Je tiens à remercier le personnel [...] qui par leur professionnalisme ont tout tenté [pour] sauver maman par leurs bons soins, leurs suivis journaliers avec moi, pour la compassion ressentie cette semaine. Vous êtes des anges ! » souligne-t-elle dans une publication Facebook.           

– Roxane Trudel  


Mehdi Amin-Salehi, 101 ans, Montréal  

Photo courtoisie

Le destin de Mehdi Amin-Salehi semble être marqué par les pandémies, lui qui est né l’année où la grippe espagnole a ravagé le monde entier et qui s’est éteint en plein cœur de la crise de la COVID-19.           

Après avoir occupé des postes diplomatiques dans son pays d’origine, en Iran, le centenaire a immigré au Canada en 1977.           

Son fils se rendait tous les jours au CHSLD Alfred-Desrochers, où il avait dû être placé, afin de prendre soin de lui. En plus de lui faire jouer sa musique favorite et de discuter longuement avec lui, Behrooz Salehi tenait à le faire manger pour éviter qu’il s’étouffe.           

En raison de la crise actuelle, il n’a malheureusement pas pu serrer son père dans ses bras une dernière fois avant son décès.           

« Je l’ai appelé beaucoup par contre, je lui disais tout le temps qu’on était là, qu’on pensait à lui et qu’on l’aimait, je ne voulais pas qu’il se sente seul », dit son fils.           

Vrai globe-trotter, M. Salehi a transmis sa passion des voyages à ses enfants.           

Il parlait d’ailleurs plusieurs langues, dont le français, l’anglais, le russe, l’arabe et le turc.           

– Frédérique Giguère  


Mariette Brunet, 85 ans, Laval  

Photo courtoisie

Dépeinte comme une féministe coquette par ses proches, Mariette Brunet avait beau mesurer que 5 pieds, rien ne pouvait l’arrêter lorsqu’elle avait une idée dans la tête.           

« Ma mère, c’était une pionnière, et à tellement de niveaux, raconte avec émotion sa fille Michèle Lucier. Elle était toujours à l’avant-garde, que ce soit au niveau de la mode ou au niveau des conventions sociales. »           

En plus d’être impliquée dans plusieurs comités et d’avoir eu cinq enfants, l’octogénaire a notamment travaillé en politique.           

Malheureusement, depuis environ cinq ans, elle souffrait de démence et avait dû être placée. Comme plusieurs autres résidents du CHSLD La Pinière de Laval, Mme Brunet a contracté la COVID-19 à la fin mars. En l’espace de neuf jours, son état s’est tellement dégradé qu’elle en est décédée.           

Comme elle n’avait pas eu de visite depuis un bon bout en raison de la quarantaine, sa famille a le cœur en miettes de penser qu’elle est décédée sans ses proches à son chevet.           

– Frédérique Giguère  


Sébastien Frève, 80 ans, La Pocatière  

Photo courtoisie

Parti en croisière dans les Caraïbes, Sébastien Frève est finalement décédé trois jours après être rentré au pays d’une « fatigue extrême ».           

Embarqués sur le Costa Favolosa le 9 mars, Sébastien Frève, sa conjointe et deux membres de la famille ont vraisemblablement attrapé la COVID-19 au moment de quitter le navire en Guadeloupe. Après deux jours, ils nous disaient de rester dans nos chambres, mais on mangeait tous dans la même salle », raconte sa conjointe Henriette Lizotte.           

« Tout le monde toussait », illustre-t-elle.           

Malgré cela, ils ont réussi à revenir chez eux en passant par les aéroports de Miami, Montréal et Québec.           

« Une chance que je suis revenue parce que mon mari serait mort dans la chambre d’hôtel à Miami », fait-elle valoir.           

Le couple n’avait alors que de légers symptômes de grippe, mais une « fatigue extrême » s’est emparée de l’homme de 80 ans une fois arrivé chez lui à La Pocatière, dans le Bas-Saint-Laurent.           

Transporté à l’hôpital en raison de son état qui se dégradait rapidement, l’ancien employé du cégep de l’endroit s’est effondré dans l’entrée de l’hôpital.           

« Déjà il ne respirait plus », a confié Mme Lizotte. M. Frève est décédé à peine trois jours après être arrivé chez lui. Sa conjointe a aussi été très malade et s’en est remise il y a à peine une semaine.           

M. Frève est la première victime recensée dans le Bas-Saint-Laurent.           

– Nicolas Saillant  

Rendez-leur hommage           

Un de vos proches a été victime de la COVID-19 et vous souhaitez lui rendre hommage, écrivez-nous à coronavirus@quebecormedia.com. Un de nos journalistes vous contactera.           

 

 





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