Les militaires s’habituent à leur nouvelle mission
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SAINTE-ANNE-DE-BELLEVUE | Déployée depuis près d’une semaine à l'hôpital Sainte-Anne, dans l'ouest de Montréal, une équipe de militaires commence à se faire à leur quotidien, même si l'adaptation n'a pas été évidente au début.
«Habituellement, notre rôle est de préserver la vie, mais ici, c’est de parfois amener des gens au bout de la vie. C’est une autre expérience!», a reconnu Martin Lapalme-Laviolette, qui joue les préposés aux bénéficiaires depuis mardi en «zone tiède», l'étage de l'hôpital où les personnes positives à la COVID-19 peuvent être hospitalisées.
Enrôlé depuis 20 ans maintenant, le sergent Lapalme-Laviolette est technicien médical, une profession militaire qui peut s’apparenter au travail d’un paramédic.
Il a donc une bonne base en soins de santé, mais reste que servir les repas et laver des personnes âgées le changent de ses dernières missions, en Afghanistan et en Haïti.
«L’apprentissage a été à pic, mais une fois dedans, ça s’en vient. Le personnel ici, ce sont des perles avec nous», a-t-il indiqué dimanche, en finissant son quart de travail.
Une équipe tissée serrée
À la fin de chaque journée de travail, sur le coup de 15h30, les sept militaires délaissent l’uniforme qu’on leur a prêté, bourgogne, pour trancher avec le blanc porté par le personnel régulier.
Ils ont revêtu leur habit de camouflage quand ils sont sortis de l’hôpital au garde-à-vous.
Puis, ils repartent ensemble à bord d’un véhicule de l’armée vers la base militaire de Saint-Jean-sur-Richelieu.
Parmi ce très soudé «Lucky 7», comme ils se surnomment à la blague, certains n’avaient aucune expérience dans le domaine la santé.
C’est le cas de la caporale-chef Jessie Brochu-Blais, diplômée en thérapie sportive. En tant que réserviste, elle aurait bien pu patienter chez elle pendant le confinement, mais elle tenait à se porter volontaire.
«On a été très bien formés mardi dernier», a assuré la jeune femme, qui est affectée à l’aile des personnes en perte d’autonomie en tant que préposée.
Une personne d’expérience
Dans ses nouvelles fonctions, elle peut au moins compter sur la capitaine Isabelle Dubé, infirmière de profession pour qui c’est un retour inattendu dans le réseau de la santé.
«On sent vraiment qu’on est utile. Aujourd’hui, une infirmière n’est pas rentrée et on n’était que deux dans mon département. Si je n’avais pas été là, il n’y en aurait eu qu’une», a-t-elle confié.
Sa présence n’est pas seulement appréciée du personnel, elle l’est également des patients.
«Il y a un vétéran qui est devenu tout illuminé quand il a su que j’étais militaire. À ce moment, j’ai senti qu’on avait une connexion très forte», a raconté la capitaine Dubé, elle aussi émue en repensant à ce moment, devine-t-on sous son masque.
Le «Lucky 7» fait partie des 150 militaires qui ont été déployés dans cinq établissements de la grande région de Montréal. D’autres devraient venir prêter main-forte prochainement, a promis jeudi le premier ministre Justin Trudeau.