COVID-19: Les vétérinaires veulent contribuer
Ignorés par la santé publique, les vétérinaires du Québec souhaitent à tout prix partager leur expertise en épidémiologie avec le réseau de la santé.
«On est convaincus que l’expertise vétérinaire aurait pu contribuer à trouver des solutions pour freiner la propagation. Il y a vraiment des liens très étroits entre la médecine vétérinaire et la protection de la santé publique», a affirmé la présidente de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ), Dre Caroline Kilsdonk.
«Les vétérinaires sont habitués à gérer des populations qui sont gardées dans des espaces confinés, a-t-elle ajouté. Ça demande donc l’application de mesures très strictes à l’entrée et à la sortie de ces endroits-là.»
Le vétérinaire à la retraite Daniel Martineau croit de son côté que le gouvernement aurait avantage à s’inspirer des mesures de précaution drastiques mises en place dans certains élevages de porcs en temps de pandémie.
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«Le porc, ça fait longtemps qu’on l’utilise comme modèle de maladies humaines: maladies cardio-respiratoires, diabète, maladies respiratoires. La physiologie du porc, c’est tout à fait semblable à l’humain», a-t-il ajouté.
Certaines mesures sanitaires appliquées dans des élevages porcins sont beaucoup plus strictes que celles observées dans certains CHSLD, a observé M. Martineau.
«Comment se fait-il que les mesures dans les CHSLD ne ressemblent en rien aux mesures qu’on prend pour les maladies de ferme», se demande-t-il.
Le vétérinaire retraité se questionne d'autant plus sur le va-et-vient constant du personnel soignant dans certains centres d’hébergement.
«On envoie des gens se promener entre les hôpitaux et les foyers d’infection. C’est à éviter à tout prix en épidémiologie. Les éclosions dans les hôpitaux pourraient être reliées aux déplacements des gens dans le réseau de la santé, comme les médecins spécialistes», a-t-il indiqué.
Reconnus ailleurs
La présidente de l’OMVQ se désole que l’expertise des vétérinaires québécois ne sert pas au Québec, alors que certains de ses collègues sont consultés à l’international.
«On a des experts en santé publique et épidémiologie, ici, qui sont des experts internationaux et qui me disent qu’ils se font consulter depuis le début de la pandémie [...] Ils ne sont pas consultés ici parce que ce réseau n’est pas encore développé», a déploré Mme Kilsdonk.
«L’expertise des vétérinaires est “inconnue” au Québec», a ajouté M. Martineau, en soulignant que la situation est bien différente en Europe, où des vétérinaires occupent des postes importants en santé publique, notamment en Allemagne et aux Pays-Bas.
– Avec la collaboration de QUB radio et de Raphaël Lavoie, Agence QMI