Déconfiner pour taxer
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Il y a la santé publique, mais il y a aussi la réalité, celle qu’on ne voit pas, la réalité vraie, la réalité taxable, celle qui s’impose malgré les exigences de la pandémie.
La réalité économique dont on parle peu mais qui l’emportera malgré le triste sort de Montréal, la vieille dominatrice déglinguée, patrie de l’UQAM et du progrès social...
La réalité, c’est la nécessité taxatoire, le régime fiscal amaigrissant les revenus de la majorité. C’est le fric, celui qui est destiné à l’État, qui forcera le déconfinement des masses populaires...
Ce sont les impôts à collecter, les acomptes provisionnels, les véritables besoins essentiels de la «machine» dont on apprécie les bienfaits tous les jours.
L'État a besoin de vous, de votre sueur, de votre fric... Sans vous, à terme, il n'existe plus.
Alors sonne la fin des jours paresseux. La vie en mou, en jaquette ou en coton ouaté; oui, il achève, ce petit bonheur d’occasion.
Avec l’extraordinaire franchise qu’on lui connaît, François Legault l’a dit clairement, mardi: «Les entreprises, à un moment donné, on ne peut pas les fermer pour toujours, on a besoin d'avoir des revenus pour être capables de se payer des services, donc c'est pour ça qu'on y va graduellement.»
C’est pour ça qu’il faut retourner travailler. Pour alimenter l’incinérateur. Pour payer les salaires et le reste. Pour satisfaire les besoins de la «machine», même si elle ne s’occupe pas des besoins des autres avec une égale efficacité...
On le voit dans les centres d'hébergement et de soins de longue durée: une fois que les médias lèvent le voile sur l'horreur, les jeannettes des relations publiques parachutées des nues s'avancent aux micros: «On savait pas, on va faire enquête, on était pas au courant»...
Ils ont tous tant à faire, d'abord pour descendre de leur organigramme et flairer l'odeur nauséabonde qui prévaut sur le plancher des vaches...
Tellement nombreux, aussi, qu'on ne sait plus qui fait quoi, la confusion de l'autorité est systémique et permet de déresponsabiliser tout un chacun; ça, on l'a compris, avec la pandémie...
Dans le périmètre comptable provincial, on ne sait pas vraiment combien de gens sont inscrits sur les listes de paie. Elles sont tellement longues qu’on n’en voit pas le bout.
On sait seulement qu’il y a beaucoup de monde. On sait qu’en santé, les royaumes sont nombreux. Plusieurs seigneuries régionales, et donc des flopées de maîtres, de contremaîtres, de potentats et de ventripotentats, de rois, de rondelets et de rondelettes.
Des fourmilières éparpillées d’un coin à l’autre du Québec, avec experts, petits clercs et statisticiens capables de dénombrer à la virgule près le pourcentage populationnel de chancres mous en Minganie, tous à leur iPad, autour d'une table de quartz de 38 000$ au CIUSSS de la Côte-Nord...
On parle de quoi? Un million d’ETC, Équivalent temps complet, estafettes ou poilus, maquisards publics/parapublics, hommages vivants au modèle québécois, né de la Révolution à crédit...
Missionnaires fédéraux, provinciaux, municipaux, apparatchiks communautaires, commissaires du peuple et délégués au moindre malheureux...
Mais quand la moitié du bottin téléphonique s’aligne aux banques alimentaires, l’autre moitié finit par avoir conscience de sa vacuité, peu importe si le chèque de paie tombe pile dans le compte courant...
C’est l’une des principales raisons motivant le déconfinement. On n’en parle pas ouvertement, parce que c’est politiquement incorrect de parler de fric, surtout au Québec, où le contribuable moyen porte son adjectif comme un titre de noblesse.
Mais pour distribuer l’aide sociale à des centaines de milliers de personnes, d’autres doivent aller au boulot.
De même les employés de l’État ont-ils, eux aussi, absolument besoin de ce qu’on appelle l’économie pour subvenir à leurs besoins. Peu importe le niveau de gouvernement, l'appétit est le même et le menu fiscal.
Voilà pourquoi, par exemple, la Ville de Québec exige 250 000$ en taxes annuelles à un paysagiste. Si les rues sont sales et lézardées, c’est que le fric sert à autre chose...
On savait donc que ça ne pouvait pas durer, cette inactivité collective; il y aurait éventuellement des victimes chez ceux qui sont à l'abri de tout...
Alors, les usines seront rouvertes. Les commerces aussi. Toute la vie économique reprendra ses droits, malgré les risques évidents. Docilité rime avec fiscalité...
Telle une transfusion sanguine pour la «machine», les taxes et les impôts seront perçus à nouveau, à la source comme à la pompe. Même les morts seront rétroactivement taxés...
Il fallait donc absolument péter la bulle du bienheureux confinement. Des semaines entières et des régiments complets, d'innombrables assoiffés accrochés au sein du Fonds consolidé, non, ça ne pouvait pas durer...
Cette pandémie aura servi à une chose: vous savez pourquoi, sinon pour qui vous travaillez...