Engouement monstre dans des commerces de Québec
Les consommateurs étaient au rendez-vous dans plusieurs établissements qui rouvraient leurs portes hier
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Du Purell en abondance, des files d’attente, des comptoirs qui n’ont jamais été aussi propres : les travailleurs du commerce de détail et de nombreux clients ont expérimenté la « nouvelle » façon de magasiner, hier, à Québec et dans les régions où les détaillants ayant pignon sur rue pouvaient enfin redémarrer leurs activités. Après six semaines de fermeture et avec le retour des beaux jours, les consommateurs, à deux mètres d’autrui autant que possible, avaient manifestement des achats urgents à faire.
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Les vendeurs de vélos roulent à plein régime
De nombreux amateurs de plein air limités dans leurs activités se rabattent sur le cyclisme pour traverser la pandémie.
- Écoutez l'entrevue du DG du Conseil québécois du commerce de détail avec Jonathan Trudeau à QUB Radio:
« Il n’y a pas grand-chose à faire et on ne travaille pas, donc, faire du vélo, ça permet de passer le temps », indique Alexandre Ruel, qui attendait devant la boutique Mathieu Performance, dans Limoilou, pour s’acheter un nouveau banc.
D’ailleurs, le copropriétaire de l’établissement, Philippe Desgagnés, affirme que le magasin roule à plein régime, et ce, malgré la crise sanitaire actuelle.
« Le mois de mai, c’est notre plus gros mois habituellement, et jusqu’à présent, on ne voit pas de différence. Du côté de l’atelier, on est déjà rendu à trois semaines d’attente, même si chaque rendez-vous ne dure que 15 minutes. »
Plus fort que d’habitude chez Latulippe
Les ventes ont dépassé les prévisions du côté des magasins Latulippe. Hier, à midi, elles étaient déjà équivalentes à celles d’un lundi de mai « habituel », si l’on compare avec l’an dernier.
« Puis, sur le web, il semble que ça ne dérougit pas non plus. On est comme attaqués sur deux fronts, s’exclame le copropriétaire de l’enseigne, François Latulippe. Reste à voir si ça va tenir. Pour nous, c’est le jour un. »
Les employés ont dû apprendre à travailler avec une visière ou un masque. « C’est tannant, surtout si on porte des lunettes. J’ai essayé le masque, mais je ne vois plus rien avec mes lunettes, alors je garde la visière pour l’instant », explique un commis, Richard Lapointe.
Des détaillants préfèrent attendre avant d’ouvrir
Même s’ils pouvaient rouvrir, plusieurs détaillants ont préféré garder leurs portes fermées, hier, comme les enseignes IKEA, Benjo et Simons.
Au cours des derniers jours, des commerçants ont confié qu’ils craignaient que l’achalandage ne soit pas au rendez-vous. Ils estimaient que l’ajout du poids de la masse salariale pourrait fragiliser davantage la santé financière de leur organisation.
Chez IKEA, le détaillant a choisi de maintenir la fermeture de son réseau de magasins. Le plan du géant suédois devrait être prochainement dévoilé.
À La Maison Simons, la direction vise le 19 mai pour l’ouverture de ses succursales. Du côté du détaillant de jouets Benjo dans Saint-Roch, aucune date n’a encore été fixée.
Chez Décathlon à Sainte-Foy, le magasin devrait ouvrir jeudi. Même chose pour la bannière Jysk dans le centre commercial Fleur de Lys.
Plus de confort en télétravail
Le confinement des dernières semaines a amené bon nombre de personnes à faire du télétravail, parfois sans y être préparé.
La réouverture de Bureau en gros a souri aux travailleurs qui veulent améliorer leurs conditions de travail à la maison, d’autant que cette façon de faire risque de se prolonger pendant une certaine période.
« Je suis venu pour m’acheter une nouvelle chaise de bureau, je n’avais qu’une chaise en bois pas confortable », lance Lou Perraud.
Une employée de l’établissement situé rue Cyrille-Duquet affirme que c’est le matériel informatique qui était le plus demandé, hier.
Des plexiglas en renfort
Un commerce de Sherbrooke spécialisé dans la course à pied a pris les grands moyens pour s’assurer que sa réouverture se fait de façon sécuritaire en installant des plexiglas entre les clients qui essayent les chaussures et ses employés qui les conseillent.
« Je dirais que 99 % de nos clients qui sont passés dans la journée [hier] ont apprécié et ont trouvé l’idée très bonne », estime le copropriétaire de la boutique Le Coureur, Kenny Beaudette.
Trois stations d’essayage temporaires construites avec six panneaux de plexiglas permettent d’éviter tout contact entre les employés et les clients.
Des chaussures pour les enfants
À Lévis, des parents se sont rués au Sports Experts des Galeries Chagnon pour faire des achats, à quelques jours du retour en classe au primaire.
« On est contents que ça rouvre. On est venus chercher des espadrilles et des casquettes pour les enfants. Les trois enfants retournent à l’école lundi prochain », explique Gilles Rodrigue, en compagnie de sa fille de 7 ans et de son garçon de 10 ans.
Le grand patron du Groupe Boucher Sports, Martin Boucher, a remarqué que le respect des règles de distanciation physique se fait facilement.
« Les clients sont habitués. On croirait qu’on a toujours fonctionné de même. On est impressionnés de voir comment les gens se croisent et changent de place, ça se fait comme naturellement », observe-t-il.
En file pendant 3 heures pour du tissu à masques
L’engouement pour la confection de masques de protection ne s’essouffle pas. Obligées de commander leur tissu en ligne jusqu’à hier, les couturières amatrices ont pris d’assaut le magasin Club Tissus, à Québec, dès son ouverture afin de se réapprovisionner.
« On s’attendait à un certain achalandage, mais pas à ce point-là ! Des gens ont commencé à arriver à 7 h 30, alors qu’on ouvrait seulement à 9 h 30. À un certain moment, il devait y avoir 300 personnes à l’extérieur du magasin ! », s’est exclamé Michel Verret, bras droit du propriétaire Jean-Mathieu Roy.
Une cliente, Valérie Fortin, a même attendu plus de trois heures en file à l’extérieur pour se procurer le matériel nécessaire à la confection de masques destinés à des employés du CPE où elle travaille.
Pris au dépourvu par l’achalandage monstre, Club Tissus a dû limiter la vente d’élastiques à 10 mètres par personne pour éviter une pénurie.
Les gyms à la maison sont populaires
L’incapacité d’aller se défouler au gym a de quoi rendre fous plusieurs habitués des salles d’entraînement. Plusieurs amateurs de musculation n’ont donc eu d’autres choix que de créer leur propre gym à domicile.
« C’est difficile d’être confiné quand on veut rester en forme », soutient Martin Veilleux, qui patientait comme une vingtaine d’autres clients devant les portes de Fitness L’entrepôt, sur la rue Marais.
D’ailleurs, la demande pour ce genre d’équipements est en forte hausse, précise le propriétaire de l’établissement, Denis Lajeunesse (photo), et pas seulement au Québec. « L’engouement [...] est tellement énorme que nos fournisseurs ont de la misère à nous fournir. »
La laveuse a brisé
L’ouverture du magasin Ameublements Tanguay des Saules, à Québec, était particulièrement courue. Au passage du Journal, une bonne trentaine de personnes patientaient à l’extérieur. La plupart, comme Sylvie Gobeil, y étaient par nécessité plus que par plaisir.
« C’est la première fois que je sors depuis la mi-janvier. La laveuse a cassé vendredi. C’est un cas de force majeure, sans ça, je serais restée chez nous ! », explique la femme de 70 ans, derrière un masque.
À l’intérieur, il faut être accompagné en tout temps d’un vendeur, ce qui limite donc le nombre de personnes. « Au début, je voulais toucher mon divan, mais ils m’ont dit : non, madame ! Ils m’ont donné des gants et m’ont déroulé un morceau de tissu pour que je puisse l’essayer », relate une autre cliente, Sylvie Langlois.
Éviter un retour en arrière
Un achalandage somme toute modeste a permis aux employés d’Urban Planet, à la Place de la Cité, d’apprivoiser leur nouvelle réalité, notamment le port obligatoire du masque jusqu’à nouvel ordre.
« Je pense qu’on est tous alertes et suffisamment conscients de ce qui se passe. Notre but est de rester ouverts, pas de fermer dans un mois. On veut retravailler, avoir une vie sociale, alors ce n’est pas dans notre intérêt de ne pas faire tous les efforts possibles », dit la cogérante du magasin, Céline Blanc (photo).
La loterie reprend lentement
Même si Loto-Québec a annoncé le redémarrage de la vente de loteries chez les commerçants, Le Journal a constaté hier que la demande reprenait lentement dans la région de Québec.
Rencontré au dépanneur Couche-Tard situé sur le chemin Sainte-Foy, près de l’autoroute Robert-Bourassa, Robert Bertiaux était l’un des premiers à s’en procurer.
« J’avais gagné un petit montant avant le confinement, alors j’ai profité de la réouverture pour le réclamer et acheter un autre billet par la même occasion », raconte-t-il.
Il émet d’ailleurs l’hypothèse que peu de gens ont acheté de la loterie, hier, car la majorité des aînés, qui sont nombreux à s’en procurer, sont toujours confinés chez eux.
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