COVID-19 : ruée sur les masques après la sortie de Legault
MONTRÉAL | Plusieurs Québécois se sont empressés de commander un masque quand le premier ministre François Legault a demandé mardi d'en porter dès qu'on sort de chez soi, ce qui est venu amplifier un effet de rareté déjà préoccupant.
Gabrielle Laïla Tittley, plus connue sous son nom d'artiste Pony, s’est lancée dans la création de masques peu après les débuts de la pandémie. Ceux-ci ont été fort populaires et elle venait de réussir à reprendre le dessus sur la production au moment de l'annonce du premier ministre.
Au téléphone avec le 24 Heures mercredi, elle a eu tout un choc en consultant sa boîte de réception.
«Oh mon dieu! Je viens de me rendre compte que depuis l’annonce, mes commandes se sont environ multipliées par dix. C’est assez fou», a lancé celle dont les masques sont produits à Montréal, dans le secteur Chabanel.
L'entreprise montréalaise Atelier B, connue pour ses des vêtements minimalistes élégants, s'est aussi mise aux masques depuis le début de la crise. Le message automatique que l'on reçoit lorsqu'on lui écrit ne trompe pas: les masques sont populaires là aussi, et le délai de fabrication est long.
«Veuillez noter que nous travaillons très fort pour coudre le plus vite possible, nous savons que c’est urgent si vous avez commandé des masques. Il faut prévoir 12 jours pour la couture», peut-on lire.
Un autre designer du Mile-End, Lowell MTL, a moins de chance. L'entreprise qui fait habituellement des sacs de cuir avait été embauchée pour fabriquer des masques pour les Fermes Lufa, mais elle s'est fait voler une partie de son inventaire, selon un courriel acheminé aux employés des Fermes Lufa qui attendaient leurs masques.
Inquiétant
Cette différence entre l'offre et la demande préoccupe certains clients.
Émilie Vanier, une avocate montréalaise qui est pour le moment en télétravail, avait déjà passé une commande pour un masque la semaine dernière, et la livraison n'est prévue que pour le 26 mai.
Or, après l'appel de François Legault, elle craint que certains commerces commencent à exiger le port du masque. Elle a tenté de trouver une solution plus rapide, sans succès.
«Tous les sites québécois que j’ai visités hier comme Poches et Fils et Pony n’avaient que des masques pour enfants. Il y avait de gros délais», s’est-elle désolée.
« Mes audiences au tribunal sont annulées jusqu’au 5 juin, mais si jamais ça me prend un masque pour retourner au travail, je suis mal prise », a-t-elle ajouté.
Ébéniste à Québec, Marc Bélanger s’est quant à lui mis à la recherche de masques récemment, en prévision du déconfinement, pour lui ainsi que sa conjointe, une travailleuse autonome qui doit prendre le transport en commun tous les soirs.
S’il a accès à des masques N95 dans son atelier, il préfère s’abstenir de les porter en public et songe plutôt à se procurer des masques fabriqués localement.
«Je veux aller le chercher pas loin de chez moi, je n’attendrai pas le délai de la poste», a-t-il expliqué.