COVID-19: les travailleurs québécois en pleine détresse psychologique
Le stress des travailleurs est en hausse depuis 2015
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Durant la crise sanitaire de la COVID-19, le niveau de détresse psychologique des travailleurs québécois a explosé, rapporte une étude dirigée par une professeure de l’Université Laval.
Entre le 30 avril et le 7 mai 2020, un sondage web a été réalisé auprès d’un échantillon de 1259 Québécois professionnellement actifs, même durant le confinement.
Les résultats ont démontré que 56 % des femmes et 41 % des hommes, pour une moyenne de 49 %, souffraient d’une détresse psychologique élevée. Il s’agit d’une augmentation de 20 % par rapport aux données de l’Institut de la statistique du Québec dans son Enquête québécoise sur la santé de la population publiée en 2015.
Le domaine de la santé et des services sociaux est particulièrement affecté en temps de pandémie. Environ 60 % des répondants de ce secteur ont dit souffrir d’une détresse importante.
«L’enfant pauvre»
«Une bonne partie est reliée à la crise actuelle, mais c’est aussi en lien avec des facteurs qui étaient déjà connus comme les conditions de travail, le soutien des collègues, la reconnaissance, etc.», explique Caroline Biron, la professeure en administration à l’Université Laval et directrice du Centre d’expertise en gestion de la santé et de la sécurité du travail qui dirige l’étude.
Selon elle, la santé psychologique a toujours été «l’enfant pauvre» de l’univers de la santé et sécurité au travail, celui dont on s’occupe en dernier. Une situation qui est d’autant plus observable avec la crise actuelle.
«Le problème c’est qu’en ce moment on se dit qu’on a une plus grosse affaire à régler [avec la pandémie] et qu’on repousse ça à plus tard, alors que [celle-ci] va aggraver les choses. Ça revient à dire que la maison brûle, mais qu’on n’a pas le temps d’appeler les pompiers», image Mme Biron.
La responsabilité des entreprises
Selon cette étude, de tous les répondants qui travaillent pour un employeur qui a la santé mentale de ses employés à cœur, seulement 37 % présentent une détresse élevée. Tandis que pour ceux qui sont engagés par des organisations qui ne sont pas «bienveillantes», cette donnée grimpe à 61 %.
Les entreprises gagneraient à prendre cet aspect en compte, indique la professeure. Surtout en cette période où le contexte du travail a été revisité pour s’adapter à la crise sanitaire.
«Il y a 12 % plus d’employés d’organisations “bienveillantes” qui ont un très haut taux de performance par rapport à celles qui ne le sont pas, durant le confinement», précise-t-elle.
Trois autres vagues de ce sondage seront menées au courant de l’année 2020 pour observer l’évolution de la santé mentale des travailleurs québécois, après le confinement.