COVID-19: le Québec dans le rouge de 14,9 G$
La pandémie a forcé la fermeture de près de 40% de l’économie et 820 500 emplois ont été perdus
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La pandémie a contaminé la santé financière du Québec, qui se dirige vers un déficit historique de 14,9 milliards $ cette année.
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Il y a trois mois à peine, le gouvernement Legault nageait dans les surplus. En raison de l’épidémie de COVID-19, les cinq prochains budgets seront vraisemblablement écrits à l’encre rouge.
« Le Québec a été happé de plein fouet par les mesures sanitaires », précise d’entrée de jeu un portrait de la situation économique et financière dévoilé vendredi par le ministre Eric Girard.
La réserve de stabilisation, le fonds d'urgence du gouvernement, sera à sec.
Le coronavirus a forcé la fermeture de près de 40 % de l’économie. Pas moins de 820 500 emplois ont été perdus.
« Nous sommes maintenant à un niveau de taux de chômage de 13,7 %, et les conditions devraient continuer à s'améliorer d'ici la fin de l'année, mais tous les emplois ne reviendront pas », a prévenu le ministre des Finances.
Le coût total de l’épidémie de COVID-19 est évalué à 6,6 milliards $. Juste en masques, blouses et gants de protection, Québec allongera cette année pas moins de 2,3 milliards $.
Pour affronter une seconde vague de propagation du virus, le gouvernement Legault a mis de côté une réserve de 4 milliards $.
Selon Eric Girard, le Québec a les reins assez solides pour passer au travers et le matériel de protection est suffisant.
La dette en prend pour son rhume
Déposé tout juste avant le confinement, le budget du ministre Girard tablait sur une croissance de 2 % du PIB réel.
Le gouvernement prévoit désormais un recul du PIB réel de 6,5 % en 2020. Le trésor public verra donc ses revenus autonomes fondre de 8,5 milliards $.
Et la dette du Québec en prend pour son rhume. Elle gonflera cette année de 22,9 milliards $. En 2021, la dette brute atteindra 222 milliards $.
Un retour à l’équilibre budgétaire est prévu d’ici cinq ans. Le ministre Girard a exclu une hausse d’impôt pour y arriver.
« Les Québécois sont déjà suffisamment taxés », a-t-il insisté. Et les promesses électorales de la CAQ ne sont pas remises en question, assure-t-il.
Questionné sur le sujet vendredi après-midi à Beaupré, le premier ministre François Legault a justifié un retour à l’équilibre puisque plusieurs dépenses durant la pandémie étaient non récurrentes, comme les équipements de protection et les aides aux travailleurs.
« Donc, dès l’année prochaine, ce sont des dépenses qui ne seront plus là », a expliqué M. Legaut, confiant de compter également sur une croissance économique pour réduire le déficit.
20 000 tests par jour ?
Près de 500 000 tests de dépistage du coronavirus ont été effectués à travers la province jusqu’à maintenant, une dépense de 25,7 millions $.
Si on en croit le document dévoilé par le ministre des Finances, Québec veut réaliser 20 000 tests par jour, ce qui ferait grimper la facture jusqu’à 200 millions $.
Reste à savoir si cet objectif sera atteint, sachant que le dépistage de la COVID-19 a drastiquement chuté dans les derniers jours, passant sous la barre des 5000 tests quotidiens.
Le gouvernement Legault est trop optimiste quant à la relance de l’économie et au retour à l’équilibre budgétaire d’ici cinq ans, selon l’opposition officielle.
À moins d’une croissance exceptionnelle de l’économie québécoise, les prévisions risquent d’être erronées, estime l’ancien ministre des Finances et actuel député libéral Carlos Leitao.
Il doute ainsi de la possibilité pour le gouvernement de renouer avec le déficit zéro d’ici cinq ans tout en ne haussant pas les taxes ni les impôts au-delà de l'inflation.
Entreprises et PME
Carlos Leitão déplore également l’absence d’annonce d’aides directes aux entreprises et aux PME dans le document dévoilé vendredi.
Une préoccupation que partage le solidaire Vincent Marissal. « Pour un gouvernement qui prétend être au service des entrepreneurs, le gouvernement de la CAQ est cheap », a-t-il fait valoir, par communiqué.
— Avec la collaboration de Vincent Larin, Agence QMI
- ÉCOUTEZ Emmanuelle Latraverse sur QUB Radio:
Faits saillants
- Les dépenses de consommation des ménages chuteront de 8,8 % en 2020, un recul historique.
- Malgré la hausse du coût des aliments, la croissance des prix des biens et services ralentira. L’indice des prix à la consommation devrait s’établir à 0,7 % en 2020.
- Les mises en chantier dans le secteur résidentiel diminueront de 11,4 % en 2020.
- Québec table sur une croissance économique de 6 % en 2021.