Carambolage mortel sur l’autoroute 440: accusé de conduite dangereuse
Un camionneur est arrêté après l’enquête de la police sur le carambolage qui a fait 4 morts et 15 blessés
Presque un an plus tard, le camionneur à l’origine du carambolage qui a semé la mort et le chaos sur l’autoroute 440, l’été dernier à Laval, devra répondre de sa conduite devant la justice.
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Jagmeet Grewal a été arrêté jeudi midi à son domicile de Dorval par la Sûreté du Québec, au terme d’une enquête complexe.
Il a été rencontré par les enquêteurs des crimes majeurs, avant de comparaître au palais de justice de Laval.
Le père de famille de 54 ans fait face à trois accusations de conduite dangereuse causant la mort et deux autres de conduite dangereuse causant des lésions.
Violent incendie
Le 5 août dernier, Grewal circulait sur la 440, près de la bretelle menant à l’autoroute 15, lorsque son poids lourd a embouti à pleine vitesse huit autres véhicules. Sous le choc, un autre tracteur routier et sa remorque ont été projetés à 10 mètres.
Les collisions en chaîne et le vif incendie qui a éclaté ont fait 4 morts et 15 blessés.
L’effroyable scène de chaos — dans laquelle ont péri Gilles Marsolais, Michèle Bernier, Sylvain Pouliot et Robert Tanguay Laplante — a marqué les témoins et secouristes accourus sur place.
Pas de main sur le volant
Un affidavit produit par la SQ afin d’obtenir un mandat pour procéder à l’expertise du poids lourd suggérait que le camionneur n’avait pas les mains sur le volant et ne regardait pas devant lui dans les cinq secondes précédant la collision.
Ces allégations découlaient d’une vidéo captée par un automobiliste alors qu’il doublait le tracteur routier dans les instants précédant la collision.
On notait dans l’affidavit que ce dernier n’a aucunement réagi, même si on voyait les « feux de freinage s’allumer dans la file de véhicules immobilisés dans la voie de droite, plus loin ».
« C’est comme si le camion était rentré dans le tas sans jamais freiner », avait confié un automobiliste au premier patrouilleur arrivé sur les lieux.
Un expert estimait ainsi que le camionneur avait eu 4,8 secondes pour réagir au danger, mais on ne relevait ni trace de freinage ni manœuvre d’évitement sur la scène.
Distraction
« Il est anormal qu’un conducteur ne porte pas attention à la route durant une aussi longue période », soulignait l’affidavit des policiers, qui ont vite soupçonné une distraction du camionneur.
Questionné sur la cause de la collision, Jagmeet Grewal a rejeté à l’époque la thèse d’un bris mécanique et a assuré ne pas avoir eu son cellulaire en main. Mais il a refusé de répondre lorsqu’on lui a demandé pourquoi il n’avait pas freiné.
Des réponses pour les proches
« L’arrestation répond à certaines questions qu’on a, à savoir notamment si la distraction était finalement la cause de tout ça. J’espère que des gens en tireront une leçon », a réagi Robert Marsolais.
Son frère Gilles et sa conjointe Michèle Bernier, deux policiers récemment retraités, ont perdu la vie dans le carambolage.
M. Marsolais n’entend pas suivre le procès : « Ça me ramènerait trop dedans, mais j’espère que justice sera rendue. »
« Je n’entretiens pas de rancune envers cet individu-là, précise-t-il. Je sais bien qu’il ne s’est pas levé ce matin-là en se disant qu’il allait tuer quatre personnes. Ce n’est pas intentionnel. C’est un bien triste accident par contre. Ça ne nous ramènera personne d’entretenir de la haine ou de la rancœur. »
-Avec Frédérique Giguère
