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Saint-Augustin: un climat «malsain» selon les cols blancs

Gros roulement de personnel à la Municipalité

Le président de la Fédération indépendante des syndicats autonomes (FISA), Réal Pleau, représente les cols blancs à l’Hôtel de Ville de Saint-Augustin.
Le président de la Fédération indépendante des syndicats autonomes (FISA), Réal Pleau, représente les cols blancs à l’Hôtel de Ville de Saint-Augustin. Photo Jean-François Desgagnes


Pas moins de 40 % des cadres et employés de bureau ont quitté l’Hôtel de Ville de Saint-Augustin depuis deux ans, un roulement de personnel anormal selon le syndicat des cols blancs qui dénonce un climat « malsain ».

Plusieurs postes ont été abolis, au moins deux employés ont été congédiés et plusieurs cadres ou fonctionnaires ont démissionné pour aller sous d’autres cieux. En tout, 26 personnes ont quitté le navire pour diverses raisons sur les quelque 65 employés de l’administration Juneau depuis deux ans, selon une compilation fournie au Journal par la Ville.

Le maire Sylvain Juneau assure pourtant que le climat est bon et que les employés sont heureux, malgré l’implantation d’une nouvelle philosophie de gestion depuis le départ du directeur général Robert Doré en mai 2018. Ce dernier avait alors signé une « entente mutuelle de fin d’emploi » avec la Ville, assortie d’une indemnité de 81 000 $.

À l’époque, le maire n’avait pas caché que le conseil municipal souhaitait avoir « du sang neuf ». Éprouvée par des problèmes financiers importants dans les dernières années, la municipalité de près de 20 000 habitants s’est restructurée et revoit constamment ses besoins à l’interne, ce qui amène son lot de changements.

Le phénomène s’est amplifié, selon le syndicat des cols blancs, depuis l’arrivée de la nouvelle directrice générale Caroline Tremblay en février 2019.

« De février 2019 à mars 2020, il y a eu huit congédiements, neuf départs, sept maladies », calcule le président de la Fédération indépendante des syndicats autonomes (FISA), Réal Pleau, qui parle au nom des cols blancs. 

« Ça, c’est juste pour les gens de bureaux ; des contremaîtres, des cadres, des fonctionnaires, des professionnels. Il y a 24 personnes ! Et il n’y a plus personne aux ressources humaines. On n’a plus de vis-à-vis », déplore-t-il.

Enquête d’ambiance refusée

« Il y a un climat qui est malsain, et au bout de la ligne, c’est le citoyen qui paie pour ça. Quand il n’y a pas de stabilité, il n’y a personne qui est gagnant là-dedans », peste M. Pleau en entrevue.

La suspension récente de l’ancien président du syndicat, pour des propos qu’il n’aurait « jamais tenus » envers la DG, selon lui, a fait déborder le vase. Il a réclamé en vain, le 12 juin, une rencontre avec le maire. Une enquête d’ambiance lui a également été refusée, déplore-t-il.

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Tout va bien, assurent le maire et la DG  

Confrontés aux reproches des cols blancs, le maire Sylvain Juneau et la directrice générale Caroline Tremblay nient en bloc les allégations et assurent que le climat de travail est excellent.

« Je passe mes journées ici, c’est une petite organisation, et je connais tout le monde. Quand j’entends rire dans mon hôtel de ville, c’est que ça va bien, c’est ça, mon indicateur », réplique le maire de Saint-Augustin.

Ciblée par le syndicat, la nouvelle DG – qui a travaillé à la Ville de La Malbaie pendant dix ans – estime qu’elle fait l’objet d’une « forme d’intimidation concertée » depuis son arrivée, en raison des chambardements au sein du personnel. S’il y a une poignée de griefs, il n’y a pourtant aucun dossier de harcèlement psychologique ouvert présentement à la CNESST, et elle cherche toujours à comprendre ce qu’on peut bien lui reprocher.

« Je n’ai jamais vu une chicane, je n’ai jamais vu un contexte difficile, une impolitesse, je n’ai jamais vu un employé être repris devant tout le monde. C’est pas mal le meilleur milieu de travail qu’on peut avoir. On a un maire hyper disponible. Moi, je travaille la porte ouverte, n’importe qui qui a une question peut venir me voir », insiste-t-elle.

« Eux, ce qu’ils arguent, c’est un climat général malsain partout à l’hôtel de ville. On a demandé aux directeurs de faire des rencontres individuelles, et j’ai eu des retours tous positifs. » Elle dit avoir refusé de déclencher une enquête d’ambiance, ayant été incapable d’obtenir des faits qui justifieraient une telle enquête.

Recrutement difficile

Plusieurs employés ont quitté Saint-Augustin sans animosité, dit-elle, pour la Ville de Québec, qui offre tout simplement de meilleures conditions et des possibilités d’avancement. 

« On peut faire parler les chiffres, mais le contexte est important aussi, et il faut en parler, du contexte de rareté de main-d’œuvre et de la concurrence des autres villes. C’est vraiment difficile de recruter, c’est une réalité. »

Sylvain Juneau déplore quant à lui la « game syndicale » des cols blancs et leur généralisation. Derrière chaque départ, il y a un être humain et des raisons parfois très personnelles. 

« C’est aller pas mal loin que de parler de climat de terreur, mais ça leur appartient. C’est des superlatifs puis des mots creux. C’est facile de dire qu’il n’y a rien qui marche, mais on embauche. »







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