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Double meurtre: «L’irréparable» commis durant la première nuit

Martin Carpentier a tué ses deux fillettes dans les heures qui ont suivi l’accident de la route à Saint-Apollinaire



Il n’a fallu que quelques heures à Martin Carpentier pour tuer brutalement ses deux filles et s’enlever la vie après leur mystérieux accident de voiture, et ce, avant même que l’alerte Amber ne soit déclenchée.

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L’inspecteur-chef Guy Lapointe a fait le point mercredi au quartier général de la Sûreté du Québec, à Montréal, quant à l’enquête sur la mort de Norah, 11 ans, et Romy, 6 ans, tuées par leur père Martin Carpentier. Il était accompagné de la sergente Ann Mathieu, qui a traité avec les médias durant la traque. Photo Ben Pelosse
  • Écoutez l'entrevue de Claude Poirier avec Caroline St-Hilaire à QUB Radio:

« Au lever du jour, le 9 juillet dernier, l’irréparable était déjà commis. [...] Tout ça s’est déroulé dans le premier 12 heures », a laissé tomber mercredi l’inspecteur-chef de la Sûreté du Québec (SQ) Guy Lapointe, en faisant le point après l’enquête et la chasse à l’homme de 12 jours.    

  • Écoutez le point de presse de la Sûreté du Québec:    

Ce dernier n’a pas voulu élaborer sur les hypothèses permettant d’expliquer ce qui aurait pu pousser le père de famille à tuer Norah, 11 ans, et Romy, 6 ans.

« La réalité est que le principal intéressé est décédé. Donc, il y a des choses qu’on ne saura jamais réellement », a rappelé celui qui dirige les communications de la police provinciale.

Or, l’accident de la route survenu le 8 juillet vers 21 h 30, sur l’autoroute 20 est à la hauteur de Saint-Apollinaire, est le « point de bascule » qui aurait poussé Martin Carpentier à adopter un comportement « hors-norme », a-t-il expliqué.

Accident non prémédité

L’enquête a démontré que la sortie de route n’était pas un geste prémédité et que l’embardée n’était pas intentionnelle. Carpentier aurait même tenté de reprendre le contrôle de son automobile.

Des témoins ont indiqué à la SQ avoir vu le trio traverser l’autoroute et quitter la scène. C’est la dernière fois que le père et ses deux filles ont été vus vivants.

Un peu plus tard ce soir-là, Carpentier s’est introduit dans une roulotte, où il aurait notamment subtilisé une pelle et un briquet.

L’homme a continué son chemin, et c’est plus loin qu’il a assassiné ses deux filles, à l’aide d’un « objet contondant ».  

  • Écoutez l'entrevue de Gilles Chamberland, médecin psychiatre, à QUB Radio:   

Selon des sources du Journal, elles auraient été tuées violemment, à l’aide d’une « arme d’opportunité », fort probablement une branche d’arbre, utilisée pour frapper les petites à la tête.

Après avoir abandonné les corps, Martin Carpentier a poursuivi sa route pour ensuite mettre fin à ses jours derrière une résidence.

L’alerte Amber, qui a mis toute la province en émoi, a été déclenchée par les autorités 18 heures après l’accident. Mais il était déjà trop tard, alors que la nuit d’horreur s’était déjà produite.

« Avec les éléments qu’on possédait à ce moment-là [après l’accident] il n’y a rien qui portait à croire que le père était un danger pour les fillettes », a justifié l’inspecteur-chef.

Policiers insatisfaits

La SQ a la certitude d’avoir déployé tous les moyens possibles pour retrouver en vie le fugitif et les deux jeunes filles durant la plus longue alerte Amber du Québec.

« On peut pas être satisfaits d’un dénouement où y’a trois personnes qui ont perdu la vie. On souhaitait tous et toutes retrouver les fillettes en santé. Ça n’a malheureusement pas été le cas », a souligné Guy Lapointe. 

  • Écoutez la chronique judiciaire de Jean-Louis Fortin, directeur du Bureau d'enquête de Québecor, à QUB Radio:  

L’enquête criminelle est terminée du côté des policiers et c’est une coroner qui fera maintenant la lumière sur les tragiques événements.

- Avec Roxane Trudel et Kathryne Lamontagne, Le Journal de Québec

La nuit d’horreur du 8 juillet    

1. EMBARDÉE SUR L’AUTOROUTE 20 

Vers 21 h 30, la Sûreté du Québec (SQ) se rend sur l’autoroute 20 est à la hauteur du kilomètre 282, dans la région de Chaudière-Appalaches.

La voiture de Martin Carpentier y a fait une embardée, avant de franchir le terre-plein central. À l’arrivée des policiers, le véhicule est vide et endommagé.

L’enquête démontre qu’il ne s’agit pas d’un geste délibéré, car des traces sur la chaussée portent à croire que Carpentier aurait tenté de reprendre le contrôle de son véhicule. 

Une sandale est trouvée dans la voiture, ce qui permet de penser que le suspect se déplace alors nu-pieds. 


2. VOL D’OBJETS DANS UNE ROULOTTE

À environ 1,7 km de la sortie de route, Martin Carpentier s’introduit dans la dépendance d’une roulotte des environs de Saint-Apollinaire, pour y dérober différents objets, dont une pelle et un briquet. 

Il semble que les deux fillettes sont toujours en vie à ce moment-là, même si leur ADN n’a pas été retrouvé à l’intérieur de la roulotte, contrairement à celui de leur père. 


3. DOUBLE MEURTRE

Le suspect poursuit sa route en compagnie des deux jeunes filles, pendant un peu moins d’un kilomètre, dans un secteur boisé.

Norah, 11 ans Photo courtoisie

Les enfants sont tuées par leur père, à 2,4 kilomètres du lieu de l’accident, à l’aide d’un objet contondant. Même si les fillettes avaient été blessées lors de l’embardée, il s’agit bel et bien d’un double meurtre, confirme la SQ.

Romy, 6 ans Photo courtoisie

Leurs corps n’ont été retrouvés que le 11 juillet, à environ deux heures d’intervalle, mettant fin à la plus longue alerte Amber de l’histoire du Québec.

Leur décès a été confirmé le soir même, vers 17 h.


4. SUICIDE

Martin Carpentier Photo courtoisie

Après avoir abandonné les petits corps, Martin Carpentier poursuit sa route quelque peu et décide de mettre fin à ses jours derrière une résidence. Moins de 12 heures se sont écoulées depuis l’accident lorsqu’il se donne la mort, à 5,5 km de l’autoroute.

La propriété est par la suite visitée à deux reprises par les policiers, le 10 et le 17 juillet, sans que le corps soit découvert.

Une échelle était manquante, mais le propriétaire des lieux ne l’avait pas encore remarqué. « Il faut comprendre que c’est très densément boisé à cet endroit-là, c’est pas visible sur la propriété. Donc, à ce moment-là, le corps n’a pas été trouvé », a expliqué l’inspecteur-chef Guy Lapointe, de la SQ.

Le cadavre de Martin Carpentier a été extirpé de la forêt à l’arrière d’une propriété du rang Saint-Lazare, vers 19 h, lundi. Photo Agence QMI, Guy Martel

Le cadavre du suspect est extirpé du bois le 20 juillet, en soirée, après 12 jours de recherches.

Quelques pistes de réponses     

Plusieurs questions risquent de demeurer en suspens à la suite du suicide de Martin Carpentier. Le Journal a tout de même tenté de trouver des réponses à certaines d’entre elles, à l’aide d’experts.

- Avec la collaboration de TVA Nouvelles


Pourquoi la Sûreté du Québec a attendu 18 heures avant de déclencher l’Alerte Amber ? Aurait-elle pu le faire plus tôt ?

« Ça prend une notion d’enlèvement, une notion d’éléments criminels, et là, tout ce qu’on avait c’était une embardée et on n’avait pas de raison de croire que le père n’allait pas subvenir aux besoins des fillettes. »

-L’inspecteur-chef Guy Lapointe, de la Sûreté du Québec

« Ils ont couvert une scène d’accident qui semblait normale. Il y a eu une recherche de victimes et il y a eu la surprise de ne pas les trouver où est-ce qu’on s’attendait, soit dans les hôpitaux ou d’autres endroits. C’est par la suite qu’on s’est posé d’autres questions : ‘‘ est-ce qu’il s’est passé autre chose ? ’’ »

-Roger Ferland, ex-enquêteur à la police de Québec


Est-ce que l’accident aurait pu causer des lésions cérébrales à Martin Carpentier, qui expliqueraient son comportement destructeur ultérieur ?

« Plus que 10 jours dans le bois, avec un cadavre qui putréfie, je serais surpris qu’on soit capable de mettre ça en évidence. »

-Dr Christian Couture, pathologiste


La famille de Norah et Romy Carpentier peut-elle entamer des recours ?

« Il va falloir une enquête pour savoir heure par heure ce qui est arrivé, le coroner va aussi analyser ça. [...] Il pourrait y avoir des demandes d’enquêtes [supplémentaires], un dépôt au BEI [Bureau des enquêtes indépendantes] ou au niveau de la déontologie policière. Il y a toutes sortes de choses qui peuvent être faites. »

-Me Nancy Roy, directrice générale de l’Association des familles de personnes assassinées ou disparues
 







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