«Si j’avais été à Beyrouth, j’aurais été dans ce secteur-là»
Le pianiste Steve Barakatt a logé jusqu’en juillet à 4 km du lieu des explosions
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Quelques semaines seulement ont séparé le pianiste québécois d’origine libanaise Steve Barakatt des catastrophiques explosions qui ont soufflé une partie du centre-ville de Beyrouth, d’où il revient tout juste après y avoir passé cinq mois.
« Quand je regarde les images, j’en ai des sueurs. J’aurais pu être là. Si j’avais été à Beyrouth, j’aurais été dans ce secteur-là », a réagi Steve Barakatt en entrevue au Journal.
Le musicien est rentré à Québec le 17 juillet après avoir été forcé de prolonger son voyage auprès de sa famille en raison de la pandémie de COVID-19.
L’appartement où il logeait est situé à quatre kilomètres du secteur portuaire, lieu de la déflagration. L’immeuble avait des allures de ruines quelques secondes après les explosions.
« Je ne peux pas m’imaginer de quoi ça a eu l’air à deux, trois kilomètres. C’est absolument incroyable », s’attriste-t-il.
« Dévaster une ville de cette façon en quelques secondes, c’est historique comme situation », ajoute M. Barakatt.
« État de panique »
Si la pleine mesure de la catastrophe reste à déterminer, les nombreuses vidéos et les témoignages de membres de sa famille à Beyrouth permettent au pianiste de bien saisir l’« état de panique » qui règne.
Les rues sur lesquelles il déambulait il y a quelques semaines sont en ruines. Les dommages matériels sont « extrêmement importants ».
Le compte des blessés et des morts continue d’augmenter, ce qui attise les craintes de M. Barakatt.
« J’attends encore des nouvelles de certaines personnes. Je suis très inquiet », confie-t-il.
« Imaginez ce qui est arrivé le 11 septembre [2001] à New York. C’était un quadrilatère affecté. Là, on parle d’une ville complète, à des kilomètres de distance. À des kilomètres, des édifices sont détruits », expose-t-il.
Onde de choc à Québec
L’onde de choc suivant la colossale déflagration s’est fait sentir dans la diaspora libanaise à Québec, y compris chez M. Barakatt.
L’atmosphère dans la communauté marie tristesse, inquiétude et stupéfaction.
« C’est un choc total. [...] On se pose tous des questions à savoir si la famille des autres va bien. On essaie de se remonter le moral, mais c’est très difficile », observe Naji Daher, qui se rend régulièrement à Beyrouth pour visiter de la famille.
« À Québec, le vibe est très triste. On a l’impression que c’est la goutte qui fait déborder le vase. Le Liban est déjà pris dans une crise économique sans précédent », rappelle le jeune homme.