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Retour en classe: bonne chance si le nez de votre enfant coule

Plusieurs parents redoutent d’avoir à s’absenter du travail souvent cet automne

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Des parents dont l’enfant a été retiré de l’école ou de la garderie cette semaine craignent le «casse-tête» occasionné par les tests de dépistage exigés dès qu’un peu de morve apparaît, d’autant qu’il faut parfois plus d’une semaine avant d’obtenir un résultat.

«Je ne sais pas ce qu’on va faire. Je lisais qu’un enfant de cet âge peut faire 10 rhumes par année», soupire Valérie Beaudoin Morin, de Saint-Apollinaire, près de Québec. 

Sa fille Bonnie est âgée de 22 mois. Depuis janvier, la petite est passée par pas moins de trois tests de dépistage.

Photo Stevens LeBlanc

Une première fois pour la grippe cet hiver, une deuxième fois pour la COVID-19 ce printemps. Puis, le 4 septembre, son nez s’est mis à couler. Elle a donc été retirée de la garderie, puis testée pour la COVID-19 mardi. 

«Je ne peux pas lui faire repasser le test tous les mois», souffle Mme Beaudoin.

Cette phrase résonne fort pour Vincent Morissette, un papa de Québec. Son fils Romain, 1 an, en est déjà à son troisième test de dépistage. Cette fois, il s’est écoulé une semaine depuis que son petit bonhomme s’est plié à un test. Les parents sont ainsi forcés de garder Romain à la maison et de s’absenter tour à tour du travail.  

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«Ça fait trois semaines que l’année est commencée et on a déjà une semaine de congés de prise au complet. On voit venir l’automne et l’hiver et on se demande comment nous et les autres parents allons [nous] en sortir», s’inquiète M. Morissette, qui a finalement reçu le résultat hier soir. Le test a été passé lundi.

Casse-tête

Le Journal a parlé à une douzaine de parents qui s’inquiètent de devoir rester à la maison à répétition au cours de l’automne et de l’effet domino que cela risque d’entraîner dans les milieux de travail (voir autre texte ci-bas). 

Or, l’application des critères pour retirer un enfant n’est pas effectuée de la même façon d’un centre de services scolaire à l’autre, remarque Kévin Roy, président de la Fédération des comités de parents. «C’est un casse-tête», lâche-t-il.    

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Caché

Des parents craignent d’ailleurs que d’autres ne se mettent à mentir ou à cacher les symptômes de leurs enfants. Une entourloupette qu’a exécutée, de son propre aveu au Journal, une mère des Laurentides qui a préféré rester anonyme, convaincue qu’il ne s’agissait que d’un rhume.

«Le problème, c’est que la COVID-19 peut donner à peu près n’importe quoi comme symptômes», résume la Dre Caroline Quach, infectiologue à l’hôpital Sainte-Justine. 

C’est pourquoi il faut garder un enfant à la maison pendant 24 heures dès l’apparition d’un premier signe, au cas où un deuxième apparaîtrait. «C’est chiant, tout le monde est d’accord. Mais on n’est pas dans une année normale. Au moins, on peut garder les écoles et garderies ouvertes», rappelle la Dre Quach.  

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On craint un effet domino       

Des parents qui ont dû s’absenter du travail cette semaine subissent déjà de la pression de la part de leur employeur ou prédisent un effet domino dans le milieu de la santé ou de la justice.

«Qu’on ne vienne pas chialer qu’il manque de gens dans les hôpitaux», s’exclame une agente administrative dans le milieu de la santé, à Laval. Elle préfère taire son nom pour ne pas subir de représailles de la part de ses patrons.

Son fils de 6 ans doit rester à la maison en raison de symptômes d’allergie saisonnière. «Mon employeur me dit : “on a besoin de toi” [...] Ça nous culpabilise. Mais c’est l’école qui dit que mon fils ne peut pas retourner.» 

Le problème est doublé quand il s’agit d’un enseignant dont l’enfant, les parents et l’employeur ont besoin. Les retards dans le dévoilement des résultats ne les épargnent pas, regrette Maude Alarie, une enseignante de Québec.

Mardi dernier, elle a ressenti des symptômes grippaux qui l’ont amenée à se faire tester. «Cinq jours plus tard, je n’ai toujours pas reçu cet appel me donnant mon résultat», écrit-elle dans une lettre adressée au ministre de l’Éducation. Pendant ce temps, son école est aux prises avec un problème de suppléance, expose-t-elle.

Plan B

Devant cette roulette russe d’absentéisme, les employeurs doivent dès maintenant avoir un «plan de contingence», affirme Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. 

«Qui peut prendre la relève? Qui est formé?», donne-t-elle en exemple comme questions que les patrons doivent se poser. 

Et au-delà d’un certain nombre d’employés absents, une entreprise doit s’attendre à réduire son offre de services, ajoute-t-elle. Par exemple, les employés de la firme Valtech ont été informés dès la fin août que les horaires allaient être flexibles pour tout le mois de septembre, au moins.

Pas de télétravail

Or, cette firme qui aide des entreprises à prendre le virage numérique peut opérer en télétravail à 100 %. 

Ce n’est pas le cas dans tous les domaines. «Le système de justice, c’est vraiment archaïque», témoigne anonymement une avocate de Montréal. 

Elle a dû se faire remplacer à la cour parce que son fils s’est mis à tousser. Le dossier pouvait facilement être transféré à un collègue. 

«Mais je ne sais pas ce qui va arriver quand ça va tomber sur des gros dossiers, des procès d’une journée.» 

«On n’aura pas le choix de demander des remises», ce qui risque de ralentir d’autant plus un système déjà bien engorgé, soupçonne-t-elle.

- Avec Arnaud Koenig-Soutière

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