Le prêt-à-cuisiner gagne en popularité
Les Québécois ont découvert en masse la livraison de repas à préparer chez soi pendant le confinement
L’appétit des Québécois pour les boîtes de prêt-à-cuisiner a atteint des records depuis le début de la pandémie, selon les derniers chiffres d’entreprises bien établies sur le marché.
Le confinement et le télétravail ont chamboulé la vie de plusieurs consommateurs québécois, qui se sont tournés vers le prêt-à-manger pour éviter de mettre les pieds à l’épicerie.
« On a eu beaucoup de gens qui faisaient des commandes pour porter cette nourriture à des gens de leur famille qui ne pouvaient pas sortir », illustre Geneviève Allaire, responsable des relations publiques de l’entreprise québécoise Cook it.
En quelques mois, l’entreprise québécoise Cook it a vu son nombre d’abonnés monter en flèche.
L’entreprise a dû embaucher pas moins de 300 nouveaux employés pour veiller à la préparation et à l’acheminement de ses boîtes, qui contiennent des recettes ainsi que les aliments nécessaires pour les préparer.
Partout pareil
Le phénomène s’observe aussi du côté de la compagnie montréalaise Marché Goodfood, qui compte 26 000 nouveaux abonnés depuis mars.
« On a eu des recettes de 87 millions de dollars de mars à mai, ce qui est une augmentation de 75 % par rapport à la même période l’an dernier », a soutenu le directeur des relations aux investisseurs, Roslane Aouameur.
HelloFresh, fondée en Europe, mais présente au Québec et au Canada, a également noté une hausse de clients actifs de 107 % sur son marché international par rapport à l’an dernier.
Même chez évoilà5, une compagnie québécoise qui offre du prêt-à-cuisiner sans livraison, le nombre de clients a augmenté dans les 12 boutiques de l’entreprise situées dans la grande région de Montréal et à Sherbrooke.
Même le prêt-à-manger semble suivre cette tendance. L’entreprise Repas WeCook, qui offre des boîtes de repas à réchauffer, a vu ses ventes quadrupler.
Là pour rester ?
« Est-ce que [cette popularité] va durer ? On l’ignore », prévient toutefois le professeur en science agroalimentaire de l’Université Dalhousie, Sylvain Charlebois.
Selon lui, deux obstacles majeurs pourraient freiner la croissance des entreprises de prêt-à-manger : le prix et le suremballage des aliments.
Le Canada, ajoute-t-il, n’a pas une culture de commande en ligne aussi développée qu’en Europe ou aux États-Unis, bien que la situation ait changé avec la COVID-19.
–Avec Nora T. Lamontagne, Le Journal de Montréal
POUR ÉVITER DE PENSER AU SOUPER
Le prêt-à-cuisiner permet d’alléger la charge mentale qui accompagne la planification des repas, font remarquer des clientes.
« C’est moi qui m’occupais de la planification et j’étais toujours fatiguée de penser à faire le repas », explique Pascale Pelosse, une mère de famille végétarienne de Saint-Hubert.
Abonnée à Marché Goodfood depuis cinq ans, Mme Pelosse dit économiser de l’argent et faire des découvertes culinaires.
« Je me casse beaucoup moins la tête pour les repas », affirme-t-elle.
« Je trouve que ce n’est pas paresseux, je cuisine quand même », estime pour sa part Laëtitia Gagnon, une résidente de Rosemont abonnée au même service.
À 10 $ en moyenne par repas, l’analyste en agroalimentaire Sylvain Charlebois rappelle que ce service n’est pas à la portée de tous les portefeuilles.
« Mais c’est sûr que ça simplifie les choses. Ça ramène les gens dans la cuisine et ça leur donne des idées », ajoute-t-il.