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Décès de Joyce Echaquan: enquête en cours, une infirmière congédiée

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Commentant la mort tragique d’une femme attikamek, à l’hôpital de Joliette, le premier ministre François Legault a révélé mardi qu’une infirmière qui a tenu des propos racistes à l’endroit de la femme a été renvoyée.

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«D’abord, j’offre mes condoléances à toute la famille. Deuxièmement, je vous dis que c’est totalement inacceptable.

«Troisièmement, je vous dis qu’il va y avoir une enquête du CISSS et une enquête du coroner. Quatrièmement, je vous annonce que l’infirmière en question a été congédiée», a répondu le premier ministre lorsque questionné sur le sujet lors d'un point de presse sur la COVID-19 en début d'après-midi.

Il y a quelques jours, Joyce Echaquan, 37 ans, s’est rendue à l’hôpital de Joliette. Selon sa famille et ses proches, la mère de famille avait des douleurs à l’estomac.

Or, lundi, dans une vidéo en direct sur Facebook, son entourage a vu Mme Echaquan crier à l’aide. Cette vidéo enregistrée est devenue virale et démontre des propos discriminatoires, racistes et d’une rare violence.

«Esti d’épaisse de tabarnouche... C’est mieux mort ça. As-tu fini de niaiser... câlisse? T’es épaisse en câlisse», murmuraient deux membres du personnel de l’hôpital de Joliette.

«T’as fait des mauvais choix ma belle. Qu’est-ce qui penseraient, tes enfants, de te voir comme ça? Pense à eux autres un peu... C’est meilleur pour fourrer qu’autre chose, pis on paie pour ça. Qui tu penses qui paie pour ça?»          

  • ÉCOUTEZ l'entrevue avec Constant Awashish, grand Chef de la Nation Atikamekw, sur QUB radio:    

Mardi, l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec a offert ses «plus sincères condoléances» à la famille, ajoutant qu’il «déplore qu’un professionnel de la santé ait eu un tel comportement». «C’est inacceptable.»

«Ce n’est pas une exception, c'est la règle dans les différentes institutions», s’est, de son côté, insurgée la directrice générale du Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec, Tanya Sirois. «C’est assez! Combien de fois, combien d’événements, combien de morts va-t-il falloir pour que tout ça cesse? C’est inacceptable de constater qu’encore une fois en 2020, c’est ça le traitement réservé aux personnes autochtones.»

Cette affaire survient au moment où l'Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador (APNQL) avait convoqué une conférence de presse pour annoncer un Plan de lutte contre le racisme et la discrimination envers les Premières Nations au Québec.

«Triste coïncidence parce qu’on est à une journée [du premier anniversaire du dépôt] du rapport du juge Viens. Ça serait trop facile de rester isolé dans l’indifférence, de banaliser et de normaliser. C’est un peu l’occasion qui se prête à nous ce matin et de se donner la main et de mettre fin au raciste envers les peuples autochtones», a soutenu le chef de l'APNQL, Ghislain Picard, lors de cette conférence de presse mardi matin.

Le rapport Viens dénonçait notamment le régime de racisme systémique à l’intérieur de l’hôpital de Joliette.    

  • ÉCOUTEZ l'entrevue de Ghislain Picard, Chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec Labrador, sur QUB radio:    

Les partis d’opposition à Québec ont aussi réagi à cet événement, mardi.

«Je suis satisfaite de savoir que le coroner va faire une enquête à ce sujet-là. Je ne peux que condamner les propos que j'ai entendus et de manière non équivoque [...]. J'ai trouvé ça particulièrement choquant de voir et d'entendre ce genre de propos là tenu auprès d'une personne qui a fini par décéder», s’est désolée la cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade.

«Les propos ont été tenus, c'est des propos graves. Leur carrière ne devrait pas être dans un réseau hospitalier. Il arrive quoi dans les cas où il n'y a pas de caméra qui filme en Facebook Live?», a déclaré pour sa part le chef parlementaire du Parti québécois, Pascal Bérubé.

«Je pense que les institutions doivent sévir après avoir fait l'analyse de la situation, si tel est le cas. Mais, je vous dis, ça ne doit pas cacher en aucun cas, en aucun cas que le problème est systémique, et non pas une histoire de quelques pommes pourries à travers nos institutions», a de son côté indiqué la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé.

L’enquête du Bureau du coroner du Québec pour faire la lumière sur la mort de Mme Echaquan s’ajoute à celle déjà annoncée lundi soir par la direction du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Lanaudière.

Écoutez le journaliste Alexandre Dubé avec Benoît Dutrizac sur QUB radio: 

«Je suis très anéantie», confie la cousine de Joyce Echaquan 

La famille de la femme attikamek décédée à l’hôpital de Joliette lundi après avoir publiée une vidéo en direct montrant des professionnelles de la santé la maltraiter et prononcer des propos racistes à son égard est complètement dévastée au lendemain de cette tragédie qui a bouleversé tout le Québec.

«Je suis très anéantie. Parce que la mort c’est triste. Mais c’est encore plus déchirant d’apprendre comment elles l’ont traitée et comment elle est décédée», a soufflé la cousine de Joyce Echaquan, Karine Echaquan, en entrevue avec l'Agence QMI.

«Hier soir, je n’ai pas réussi à dormir et j’entendais encore ses cris», a-t-elle ajouté.

Souvent à l’hôpital

Joyce Echaquan était une mère de famille de sept enfants. Samedi dernier, elle était arrivée à l’hôpital de Joliette en ambulance, car elle souffrait de maux d’estomac.

La femme de 37 ans était bien connue des professionnels de cet hôpital en raison de ses problèmes cardiaques et de ses accouchements.

Selon sa cousine, Karine Echaquan, elle actionnait souvent son cellulaire, car elle se savait maltraitée à l’intérieur des murs de cet établissement.

Karine Echaquan
Photo Geneviève Quessy
Karine Echaquan

La vidéo publiée en direct sur Facebook par la mère de famille en est la preuve.

«T’as fait des mauvais choix ma belle. Qu’est-ce qui penseraient tes enfants de te voir comme ça? Pense à eux autres un peu... C’est meilleur pour fourrer qu’autre chose, pis on paie pour ça. Qui tu penses qui paie pour ça?», sont quelques phrases qui ont été dites par une infirmière et une préposée à l'endroit de Mme Echaquan.

Choquée, Karine Echaquan s’est rendue à l’hôpital de Joliette dès qu’elle a pris connaissance de la vidéo. Interprète judiciaire, elle a l’habitude d’y aller pour aider les Attikameks de Manawan à comprendre ce que les professionnels disent.

Cette fois, elle est arrivée trop tard.

Seule la fille de Joyce Echaquan et la belle-sœur de cette dernière étaient sur place.

«C’est moi qui ai annoncé la mort de Joyce à sa fille. Il était 12 h 30. Elle m’a dit "c’est pas vrai. Dis-moi que ce n’est pas vrai. Ils ont tué ma mère?"», a raconté Mme Echaquan.

La communauté autochtone est très choquée, mais pas surprise par cet événement.

«C’est inacceptable de constater qu’encore une fois en 2020 le traitement réservé aux personnes autochtones, c’est celui-là. Dans ces derniers moments, elle (Joyce) a été entourée de gens qui ne portaient pas à son bien-être, c’est dégradant ce qui a été dit», a indiqué la directrice générale du Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec, Tanya Sirois.

«Moi, j'ai perdu dans les mêmes circonstances ma mère, mon père, mon grand-père, ma grand-mère et des cousins dans cet hôpital», a ajouté son cousin Reginald Echaquan.

Enquête

Plus tôt mardi, le premier ministre François Legault a annoncé que l’infirmière aux propos racistes avait été congédiée et qu’une enquête du coroner serait menée.

Une campagne de sociofinancement a également été lancée sur le site GoFund me pour amasser de l’argent pour les sept enfants de Joyce Echaquan.

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