Les centres d’entraînement sortent les muscles
Une coalition se dit prête à livrer un véritable bras de fer au gouvernement Legault
Coup d'oeil sur cet article
Une coalition formée de plus de 250 gymnases, centres de yoga, de danse, d’arts martiaux et de CrossFit entendent rouvrir leurs portes le 29 octobre même s’ils n’obtiennent pas le feu vert de la Santé publique.
• À lire aussi: Coalition pour rouvrir les gyms : un Hells Angel comme interlocuteur avec le gouvernement?
• À lire aussi: Tous les développements de la pandémie de COVID-19
Si la précarité financière de leur entreprise pèse évidemment dans la balance, les propriétaires des salles d’entraînement interrogés sont en premier lieu préoccupés par la santé mentale et physique de leurs clients. « Si on peut sortir une seule personne du pétrin, ça vaudra la peine de recevoir toutes les amendes qu’on nous donnera, a déclaré l’initiateur de la coalition et propriétaire du Méga Fitness Gym 24 H, Dan Marino. On va aussi assumer les amendes que nos clients pourraient recevoir. Nous avons des avocats très qualifiés pour contester les amendes qu’on pourrait recevoir. On préfère recevoir des amendes et les contester que laisser tomber nos gens. Ça serait moralement inacceptable de dire à nos clients que nous devons fermer de nouveau. On ne veut pas être illégal, mais nous sommes acculés au pied du mur. Un gym va fermer ses portes à chaque journée supplémentaire que nous resterons fermés. »
Une solution plus qu’un problème
Réunis lundi matin à Québec à l’occasion d’un point de presse dans le gym de l’instigateur de la coalition, Marino et ses collègues, Dany Laflamme et Arsène Lagrange, se voient comme des partenaires du gouvernement dans la lutte contre la pandémie, et non comme une source de problème.
« On fait partie de la solution et non du problème, a résumé Marino. Nous sommes des vendeurs de santé. Nous comprenons ce qui se passe et nous ne sommes pas aveugles au sujet de la pandémie, mais nous avons reçu de trop nombreux témoignages de détresse psychologique pour rester les bras croisés. Nous sommes des auxiliaires de la santé publique. Les gens ont besoin de s’entraîner pour ne pas retomber dans leurs problèmes de dépendance ou d’anxiété et de stress. Plusieurs médecins, infirmières et ambulanciers s’entraînent dans nos centres parce qu’ils ont besoin de ventiler. La semaine dernière, Manon Massé, de Québec solidaire, a dit qu’on s’en allait vers un burnout collectif. Je ne suis pas docteur, mais on le voit et on l’entend sur le terrain. Nous sommes déjà dans cette direction. »
- ÉCOUTEZ l'entrevue avec Mathieu Dumontet, porte-parole de la Coalition des studios d’entraînements privés du Québec, avec Benoit Dutrizac, à QUB radio:
Service essentiel
Laflamme abonde dans le même sens. « Nous sommes un service essentiel, a affirmé le propriétaire du Nova Gym. Les suicides, les dépressions et les dommages collatéraux sont importants. Écoutez-nous, M. Legault. On lance un cri d’alarme au gouvernement. »
« Le nombre de cas recensés n’a pas diminué quand les gymnases ont fermé et ils n’ont pas augmenté quand ils ont rouvert en juin, de poursuivre Laflamme. La SAQ et la SQDC sont considérées comme des services essentiels. Où est la cohérence ? »
Besoin de bouger
Propriétaire du Gym Élite Coach, à Sainte-Marie, Lagrange estime que les gens doivent bouger en cette période de pandémie. « La meilleure solution dans la situation actuelle est que les gens doivent bouger au lieu de rester à la maison. La clientèle des centres d’entraînement est disciplinée. Si le gouvernement veut ajouter des consignes claires pour permettre l’ouverture des gyms, on va les respecter.
« Le gym est mon CHSLD »
Féru d’entraînement depuis 60 ans, Michel Mecteau assure qu’il sera le premier client quand le Méga Fitness 24 H ouvrira ses portes, le 29 octobre.
« Ça ne sera pas pour narguer le gouvernement, mais je serai le premier client, a mentionné cet ancien restaurateur maintenant âgé de 78 ans qui s’entraîne à raison de trois fois par semaine. Il y aura un délinquant de plus parce que je ne suis pas capable d’accepter la fermeture. Si ça dure un mois de plus, je vais rentrer à l’asile. Je n’ai pas d’idées suicidaires, mais j’ai fait mon testament pendant le confinement et ma nécrologie est écrite. L’épouse d’un de mes partenaires de golf a fait deux tentatives de suicide depuis le début du confinement. »
« Plus jeune, mon père me disait que c’était important d’amasser de l’argent pour assurer mon avenir, mais il ajoutait aussi de ne jamais oublier la santé, qui est une priorité, et d’en mettre de côté, de poursuivre M. Mecteau. Le gym est mon CHSLD et c’est important que ça reparte. »
Une politique à suivre
Ancien restaurateur, M. Mecteau trace une comparaison entre son ancien milieu de travail et les centres d’entraînement. « À l’époque, le MAPAQ n’existait pas et il y avait plein d’abus, raconte-t-il. La création du MAPAQ a permis de faire le ménage dans la restauration. Les contrevenants ont été pénalisés et les récalcitrants se sont éliminés par eux-mêmes. Que le gouvernement donne une politique d’opération aux centres d’entraînement et elle va être suivie. Quand je m’entraîne, je n’ai pas le temps de faire du social. Je prends une pause de 30 secondes entre chaque série d’exercices et je continue. Il n’y a pas de rassemblements. »
Si le golf lui a permis d’occuper ses temps libres pendant le premier confinement, la situation est différente maintenant avec la fermeture des terrains et des clubs de curling. « Je marchais mes trois 18 trous par semaine, a-t-il précisé. Je prévoyais reprendre mes formations, mais les clubs de curling sont fermés.