L'enseignement à distance pour tous les élèves isolés à la maison
Le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge a fait parvenir de nouvelles directives jeudi
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Trois mois après le début de l’année scolaire, le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge corrige le tir. Tous les élèves qui sont en isolement à la maison de façon individuelle auront finalement droit à de l’enseignement à distance.
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Le ministre a fait parvenir, jeudi matin, au réseau scolaire de nouvelles directives à ce sujet. L’annonce réjouit les représentants des parents et des directions d’école, alors que les syndicats d’enseignants déplorent que cette surcharge de travail repose encore une fois sur les épaules des professeurs, déjà à bout de souffle.
Depuis la rentrée, plusieurs élèves ont dû s’isoler à la maison en attente d’un résultat de test ou parce qu’ils avaient été en contact avec une personne ayant contracté le virus, alors que leurs camarades de classe étaient toujours à l’école.
Leur absence, qui pouvait durer plusieurs jours, était alors traitée comme si l’élève avait une grippe ou une «gastro». Son enseignant n’avait aucune obligation de communiquer avec lui sur une base régulière afin d’assurer un suivi scolaire.
Seuls les élèves dont le groupe au complet était en isolement à la maison avaient droit à un nombre d’heures minimum de cours en ligne.
La situation avait été dénoncée à maintes reprises depuis le début de l’année scolaire, par des parents et des directions d’école.
Suivi quotidien
Désormais, «chaque élève dont l’absence se prolonge au-delà de deux jours doit se voir offrir des services sur une base quotidienne permettant la poursuite de ses apprentissages, malgré son absence», écrit le ministre Roberge dans une lettre obtenue par Le Journal.
Les enseignants devront «établir un contact direct et quotidien avec les élèves» et l’école devra fournir du matériel pédagogique et un appareil informatique à ceux qui n’en ont pas à la maison.
Un enseignant pourrait faire parvenir des travaux scolaires à faire, planifier des rendez-vous téléphoniques ou virtuels, se rendre disponible pour répondre aux questions ou enregistrer des capsules vidéo, énumère le ministre à titre d’exemple.
Une «trousse pédagogique d’urgence» pourrait aussi être conçue par l’équipe d’enseignants afin de prévoir la réalisation de projets qui permettent d’intégrer plusieurs matières.
«Au besoin, ces tâches pourraient être confiées à du personnel supplémentaire», comme des enseignants retraités ou à temps partiel, évoque M. Roberge.
Ces services doivent être déployés auprès des élèves concernés dans un délai de 48 heures et les parents doivent en être bien informés, précise-t-il.
«Enfin!»
Cette nouvelle a été accueillie avec soulagement à la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ). «Enfin! Ça arrive un peu tard, mais au moins ça arrive», a lancé son président, Kévin Roy.
Au cours des dernières semaines, la Fédération avec reçu des appels de parents dont l’enfant avait dû s’isoler à la maison pendant deux, trois, voire quatre semaines sans aucun suivi scolaire.
Même son de cloche de la part de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE). «C’est une très bonne nouvelle. On se rendait compte que ça touchait beaucoup d’élèves et que ça représentait beaucoup de journées d’absence. C’était un angle mort important depuis le début de la rentrée», a affirmé son président, Nicolas Prévost.
Les enseignants mécontents
La grogne est toutefois grande dans les rangs des syndicats d’enseignants, qui déplorent n’avoir jamais été consultés à ce sujet.
«Ça ne passe pas du tout, lance Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ). On va le trouver où, ce temps-là? La cour est déjà pleine.»
La FSE considère que la tâche des enseignants devrait être réaménagée en conséquence ou qu’une forme de compensation devrait être offerte aux professeurs pour ce travail supplémentaire.
À la Fédération autonome des enseignants (FAE), son président, Sylvain Mallette, reconnaît que la situation est problématique pour plusieurs élèves, mais déplore que la solution repose encore une fois sur les épaules des professeurs.