Découvrez les livres incontournables de 2020
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Pendant la pandémie, les Québécois ont lu beaucoup. Nos collaborateurs aussi. Parmi les centaines de titres parus en 2020, voici ceux qui ont attiré l’attention de notre journaliste Marie-France Bornais et de nos chroniqueures Karine Vilder et Josée Boileau.
L’anomalie
Alors là, impossible de passer à côté de ce génial roman, qui a d’ailleurs remporté le prix Goncourt 2020. Mais afin de ne surtout pas en divulgâcher les incroyables rebondissements, on va se contenter de présenter quelques-uns de ses personnages : Blake, un bon père de famille qui est en réalité tueur à gages, Victor Miesel, un écrivain français sur le point de publier son premier best-seller, ou Slimboy, l’un des chanteurs les plus populaires de l’heure au Nigeria. Oui, des personnages très différents les uns des autres, mais avec un point en commun : le 10 mars 2021, tous ont pris le vol AF006 en direction de New York. Un livre qui fait du bien. (K.V)
Le sel de tous les oublis
Au cœur de l’Algérie des années 50, Adem est dévasté par le départ de son épouse. Laissant tout derrière lui, y compris son emploi d’enseignant, il se lance sur les chemins, en quête de réponses. Les gens rencontrés l’aideront-ils dans sa quête ? Un grand roman sur le sens de l’amour. (M-F.B.)
Les falaises
L’âpreté du paysage gaspésien se fond aux états d’âme de V., dont la mère vient de se suicider, rejetée par les eaux du Saint-Laurent. Pourquoi ? Installée dans la maison maternelle, V. remonte le passé, et l’on se sent puissamment emporté par les vents, les vagues, les tempêtes. (J.B.)
Les miracles du bazar Namiya
Sans aucun doute l’une des histoires les plus originales et les plus dépaysantes qu’on ait lues cette année. Elle se déroule au Japon où, après un vol qui a mal tourné, trois jeunes cambrioleurs amateurs vont aller se cacher dans une vieille boutique abandonnée. Ils ne savent pas encore que jusqu’au tournant des années 80, l’endroit permettait à un vieil homme d’aider tous ceux qui avaient besoin de conseils. Pour ça, ils n’avaient qu’à lui confier une lettre, et le lendemain, ils trouvaient réponse à leurs problèmes. Voilà qui explique en partie pourquoi, dans la nuit du 12 au 13 septembre 2012, les trois cambrioleurs commenceront à recevoir des lettres... (K.V)
Quantum
Les nouvelles technologies et la cybercriminalité mettent les agents des services secrets sur les dents dans le premier tome de cette nouvelle série très prometteuse. Brillamment mené, super documenté, Quantum en met plein la vue, grâce à la quête d’une spécialiste de la mécanique quantique rêvant de devenir astronaute. (M-F.B.)
Yoga
Six ans après la publication du Royaume, Emmanuel Carrère a ressenti le besoin d’écrire « un petit livre pas prétentieux, un petit livre souriant et subtil ». Ce qui aurait pu être le cas si ledit livre n’avait pas compté près de 400 pages, ou si les sujets abordés n’avaient pas été aussi lourds : l’attentat contre Charlie Hebdo, le décès d’un éditeur très apprécié et un diagnostic sérieux de troubles bipolaires. Ça a été l’un des livres de la rentrée littéraire de septembre dont on a le plus entendu parler : le récit est tout simplement jouissif. (K.V)
Le crépuscule et l’aube
C’est l’antépisode des Piliers de la Terre et dans ce roman de près de 900 pages, on découvrira quel genre d’infect hameau était Kingsbridge avant qu’une cathédrale gothique n’y soit construite au XIIe siècle. Pour ce faire, l’écrivain gallois Ken Follett va remonter jusqu’au tournant de l’an 1000, une époque où l’Angleterre était régulièrement attaquée par les Vikings. Une époque où les femmes avaient également rarement l’occasion de décider qui elles allaient épouser. Et lorsqu’elles le faisaient, ce n’était pas toujours pour le mieux. Ragna, une jeune noble normande qui, par amour, décidera de traverser la Manche afin de s’établir non loin de Kingsbridge, va d’ailleurs le découvrir à ses dépens. (K.V)
Les lois du jour et de la nuit
Quand son mari Arnaud part à la guerre, Marguerite retourne vivre dans l’étrange forêt de son enfance. Elle doit composer avec sa mère Ornella, une femme tyrannique qui se livre à des rituels occultes dans son atelier de parfumerie. Un roman multidimensionnel, teinté de noir, très onirique, presque divinatoire. (M-F.B.)
Ohio
Un autre gros, gros coup de cœur qui ne se lit pas sans heurt. Car à New Canaan, une petite ville (fictive) de l’Ohio durement frappée par la crise économique de l’après-11 septembre, la vie n’a vraiment plus rien d’un conte de fées. Obligés d’y remettre les pieds le temps de régler quelques trucs d’ordre personnel, quatre de ses anciens habitants, tous plus amochés les uns que les autres, nous permettront d’ailleurs de découvrir pourquoi. Ah, dernière chose : ce roman incroyablement noir a décroché le Grand prix de littérature américaine 2020. (K.V)
Les Graciées
Un autre livre qui s’inspire de faits réels. Mais cette fois, on change complètement d’époque et de latitude : le 24 décembre 1617, une terrible tempête va emporter d’un coup pratiquement tous les hommes d’un petit village isolé de Norvège du nom de Vardø. Pour survivre, les villageoises devront ainsi effectuer des tâches typiquement masculines, comme partir en mer pêcher des poissons ou couper du bois. Ce qui ne sera hélas pas très bien vu, et dans le temps de le dire, la plupart de ces malheureuses femmes seront jugées pour sorcellerie. (K.V)
Impact
Thriller percutant, Impact raconte la soif de justice d’un homme qui n’accepte pas que son enfant soit mort-né à cause de la pollution. Lieutenant de police en disponibilité, Olivier Norek s’est documenté en profondeur sur les enjeux des changements climatiques pour asseoir ce thriller « vert », à lire de toute urgence. (M-F.B.)
Les Chiens
Ce roman dur, sans concession, extrêmement tendu, se déroule au rythme d’une course d’endurance. Alexia ira au-delà d’elle-même pour sauver l’homme qu’elle aime. Aussi héroïque qu’il soit, Sam n’est pas à l’abri des fantômes surgis de son passé. Il vivra 48 heures d’enfer pour échapper aux griffes de deux malfrats. (M-F.B.)
Les crépuscules de la Yellowstone
Le célèbre naturaliste Audubon remonte le Missouri pour finaliser son ouvrage Les oiseaux d’Amérique et l’expédition devient épopée. Ça vibre, ça sue, ça saigne et c’est beau comme un poème. Et puis l’auteur s’immisce habilement dans ce récit du milieu du 19e siècle où l’Amérique est encore autochtone et les aventuriers encore français. (J.B.)
Méduse
Ses yeux sont si effrayants qu’ils lui ont valu le surnom de Méduse et d’être enfermée dans un institut pour jeunes filles laides, soumises aux tourments d’étranges bienfaiteurs. Mais la vengeance viendra. L’auteure le raconte dans son style unique où la cruauté est aussi raffinée qu’inventive. Jouissif. (J.B.)
Em
Kim Thuy revisite la guerre du Viêt Nam – appelée là-bas « guerre américaine » – dans son nouveau roman. Sur fond de conflit, elle raconte une belle histoire d’amour entre deux éclopés, et montre que dans tout le mal, toute la haine, toute la destruction, le bien et l’amour réussissent quand même à s’infiltrer. (M-F.B.)
Nickel Boys
Il y a trois ans, l’écrivain américain Colson Whitehead avait réussi à nous ébranler et à nous enchanter avec Underground Railroad, qui lève avec brio le voile sur un pan assez obscur de l’histoire afro-américaine. Rebelote cette année avec Nickel Boys, qui s’inspire d’un terrible fait divers : la découverte d’un cimetière clandestin sur le campus d’une école disciplinaire de Floride qui, jusqu’en 2011, a accueilli pupilles de l’État, fugueurs et jeunes délinquants. Il en découle un récit aussi dur que formidable. Et qui, là encore, a remporté le Pulitzer de la fiction. Incroyable, mais vrai ! (K.V)
American Dirt
En octobre dernier, l’écrivaine américaine Jeanine Cummins nous apprenait qu’en 2017, un migrant mourait toutes les 21 heures non loin de la frontière Mexique–États-Unis. Et que depuis 2019, ce n’était plus toutes les 21 heures, mais toutes les 16 heures. Choquée par ces chiffres, elle va donc imaginer le personnage de Lydia, une libraire établie à Acapulco qui sera très vite obligée de fuir le plus loin possible avec son fils de huit ans. Pour échapper aux griffes du puissant cartel qui a assassiné toute sa famille, il n’y a pas d’autre solution. De ce fait, elle devra notamment prendre la Bestia, le train de marchandises sur le toit duquel de nombreux migrants perdent chaque année la vie... Aux États-Unis, ce livre a remporté un succès phénoménal. (K.V)
Méconnaissable
L’auteure est autiste et de cette caractéristique elle a fait tout un roman ! Sa narratrice, fillette d’une dizaine d’années, n’en peut plus de l’incompréhension qui l’entoure, alors elle fugue. Et nous plongeons dans la déroutante mécanique de ses pensées. Ça fait aussi mal que sourire ; ça fait surtout comprendre. (J.B.)
La mariée de corail
Passionnée par les gens de la mer – elle a beaucoup navigué –, l’écrivaine propose une deuxième enquête de son irrésistible détective Moralès. L’intrigue se déroule dans les environs de Gaspé, dans le monde de la pêche commerciale. Un bonheur de lecture, où il y a autant de tension que de poésie. (M-F.B.)
Miroir de nos peines
Dernier opus des Enfants du désastre, une trilogie comprenant déjà Au revoir là-haut (prix Goncourt 2013) et Couleurs de l’incendie, Miroir de nos peines se déroule en France pendant la drôle de guerre, une période qui a été difficile à bien des égards, les nazis étant presque aux portes de Paris. Grâce à la magie des mots, on en aura du reste un excellent aperçu. Que ce soit en suivant l’étonnant parcours de Louise Belmont, qui finira par courir, nue, sur le boulevard du Montparnasse, de Gabriel, qui sera affecté à la ligne Maginot et verra des choses inimaginables, ou de Désiré, un type étrange qui aurait pu inspirer à Jacques Dutronc les paroles de L’opportuniste. (K.V)
L’exil vaut le voyage
Entièrement écrit et dessiné à la main, ce nouveau livre entraîne les lecteurs dans l’imaginaire foisonnant de Dany Laferrière. Il y partage ses réflexions toujours lucides et inspirantes sur l’exil, mais aussi sur l’art et sur la vie. Montréal est à l’honneur dans ce projet d’une grande justesse, très original. (M-F.B.)
Au bonheur des filles
Plongeant dans une période où New York s’était vidée de sa population masculine – Seconde Guerre mondiale oblige –, Elizabeth Gilbert montre à quel point les années 1940 ont donné des ailes aux femmes. L’auteure de Mange, Prie, Aime examine le monde des showgirls qui ont pris goût à la liberté. (M-F.B.)
Mon territoire
Oui, c’est vrai, on triche un peu en glissant ce roman dans le présent palmarès. Mais comme il est sorti ici en décembre 2019 et qu’on l’a lu au tout début de l’année 2020, on s’est dit que ça pouvait quand même passer.
Alors bienvenue dans le merveilleux monde d’Harley McKenna, dont la mère a été assassinée sous ses yeux et dont le père est à la tête d’un vaste empire criminel situé dans le nord de la Californie. Du moins pour le moment. Car bientôt, ce sera à Harley de le diriger. À condition que Carl Springfield, l’homme qui a tué sa mère, ne lui en laisse la chance... Sincèrement, un excellent bouquin. (K.V)
Mon (jeune) amant français
Josée Blanchette s’est inspirée de sa propre expérience et de celles de femmes de son entourage pour écrire un roman sexy, décomplexé, sur l’amour après 50 ans. Brisant un tabou, elle dépeint le réveil amoureux d’une femme, grâce aux bons soins d’un amant qui a la moitié de son âge. (M-F.B.)
Les rosemonteries
En ce 24 juin, la blonde d’Adam le quitte et il y a un bris d’équipement à la brasserie où il travaille. En quête de la pièce manquante, son rocambolesque tour de Rosemont devient une lettre d’amour au quartier, au Québec, au frère trop tôt décédé, à celle qui l’a laissé... Séduction garantie. (J.B.)
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