Lutte au coronavirus: les prochains mois seront critiques
Le respect des règles sanitaires sera crucial une bonne partie de l’année, préviennent des experts
Même si la découverte de vaccins contre la COVID-19 est une excellente nouvelle, notre combat contre le coronavirus n’est pas terminé et il ne faut pas relâcher notre vigilance, signalent des experts.
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En attendant qu’une masse critique de la population soit immunisée, le coronavirus continue d’être une menace pour les hôpitaux et pour la santé, soulignent-ils.
C’est pourquoi, dans l’intervalle, le respect des autres règles sanitaires, comme le port du masque et la distanciation physique, demeure crucial, alors qu’un relâchement pourrait avoir des conséquences importantes, disent-ils.
«Là, on a limité autant que possible nos contacts avec les autres personnes. Si on met tout ça de côté et qu’il n’y a que 10 % de la population qui est protégée, clairement, on va se retrouver avec le même problème de sur-occupation dans les soins intensifs, puis dans les hôpitaux», estime Christian Jacob, président de l'Association des microbiologistes du Québec.
En deux temps
Au Québec, le gouvernement vaccine en priorité les personnes âgées et les travailleurs de la santé.
Éventuellement, cela devrait entraîner à la baisse le nombre d’hospitalisations et de décès et permettre un assouplissement des consignes, mais pas un retour immédiat à la vie normale.
La distribution des doses dans la population générale ne commencera que dans un deuxième temps. Il faudra être patient.
«Si on a quatre fois plus de contacts [sociaux] au mois d’avril que l’on en a en ce moment, bien, il va y avoir des gens des tranches d’âge plus basses qui vont être hospitalisés aussi, et ce serait, excusez le terme, un peu “niaiseux” de causer du délestage d’opérations encore, dans une situation parfaitement gérable», lance M. Jacob.
Car le coronavirus est une infection virulente qui peut aussi entraîner des complications graves chez des individus plus jeunes, même si c’est plus rare, rappelle Anne Gatignol, une spécialiste en virologie et professeure à l’Université McGill.
Une question de mois
Les risques de conséquences à long terme de la maladie ne sont pas bien connus non plus, soulève-t-elle. On en a pour quelques mois à continuer les mesures, pense-t-elle. On voit la lumière au bout du tunnel, et plus on les respectera maintenant et pendant quelques mois, plus la levée de ces restrictions sera rapide.»
D’autres raisons militent pour la prudence, même chez les personnes qui auront été vaccinées, selon ces deux experts.
En effet, si on a la démonstration que les premiers vaccins préviennent les symptômes, on a peu de données sur leur capacité à empêcher complètement l’infection et la contagion.
De plus, malgré leur efficacité élevée, celle-ci n’est pas de 100 % et «le risque zéro n’existe pas ».
Des mesures qui sauvent des vies
Port du couvre-visage
- «Le port du masque, c’est la chose la plus évidente [...], c’est un virus respiratoire», lance Anne Gatignol, professeure au Département de médecine, de microbiologie et d’immunologie de l’Université McGill. Selon certaines études, le couvre-visage permet de réduire jusqu’à 80 % l’émission de gouttelettes. Il protège les autres, mais il vous protège aussi, avec une efficacité qui varie selon le type de masque ou de tissu.
Distanciation physique
- Plus vous êtes loin, moins vous avez de chance d’attraper le virus. On estime que plus de 50 % de la transmission est causée par des personnes asymptomatiques ou présymptomatiques. D’où l’importance de garder ses distances avec les autres.
Limiter ses contacts
- La fréquence des contacts a une incidence directe sur la capacité du virus à proliférer dans la communauté. Celui-ci se nourrit des échanges sociaux, comme en témoignent d’importantes éclosions, rapportées dans les derniers mois, qui se sont produites en raison de rassemblements lors de mariages ou de fêtes privées, par exemple.
Étiquette respiratoire et lavage des mains
- Voilà deux façons simples et efficaces de se protéger contre la COVID-19, qui se propage principalement par les particules respiratoires, mais aussi, dans une moindre mesure, par le contact avec des surfaces contaminées. On sait que le virus peut survivre de quelques heures à quelques jours sur les surfaces, selon le type de matière et les conditions environnementales.
Mesures d’isolement
- Si l’on suspecte une infection par le coronavirus, ou si elle est confirmée, l’isolement est le meilleur moyen d’empêcher la dissémination du virus. Ces mesures aident notamment à prévenir la transmission par des personnes qui pourraient être contagieuses sans le savoir, par exemple après un contact à risque avec une personne infectée ou au retour d’un voyage.
Ce qu’en pense le doc Béliveau
La priorité demeure de vacciner les personnes âgées qui sont à risque beaucoup plus élevé de développer des formes graves de la maladie et d’être admises à l’hôpital (la moitié des patients qui sont actuellement hospitalisés ont plus de 70 ans). En ciblant préférentiellement cette sous-population, on aura donc un impact à court terme beaucoup plus important sur le système de santé que si on vaccinait la population de façon aléatoire.
Mais il est évident que le virus va continuer à circuler cet hiver dans la population et ce n’est que lorsqu’une majorité des personnes sera vaccinée qu’on pourra vraiment envisager de retourner à notre vie normale. La bonne nouvelle, c’est qu’on va y arriver prochainement et qu’il vaut donc vraiment la peine de donner un petit effort supplémentaire d’ici là.
L’autre très bonne nouvelle est que les dernières données recueillies par Moderna indiquent que le vaccin ne diminue pas seulement le développement de la COVID-19 mais aussi l’infection (baisse du nombre de personnes asymptomatiques). Tout est donc en place pour mettre un terme à la pandémie actuelle au cours de l’année 2021.