COVID-19: conditions pénibles au Centre de convalescence du Concorde
Des employés du centre de convalescence déplorent des lacunes affectant leur travail et les patients
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Du personnel soignant assigné au Centre de convalescence dédié à la COVID-19 de la Grande Allée, déployé sur trois étages de l’hôtel Le Concorde par le CIUSSS, dénonce leurs conditions qui les exposent à un haut risque de contamination, ainsi que la surcharge de travail qui plonge de nombreux patients dans des conditions inhumaines.
Ventilation inadéquate, zones délimitées uniquement par du ruban adhésif au sol, présence insuffisante d’intervenants en prévention et contrôle des infections (PCI), des portes de chambres ouvertes en permanence et des patients qui errent et touchent à tout ne sont que quelques exemples énumérés par plusieurs employés pour dénoncer la situation.
Alors que le Québec est à la veille d’un autre confinement total et tente avec difficulté de faire diminuer le nombre de cas, plusieurs travailleurs de la santé du CDC de la Grande Allée estiment que le site est un véritable milieu de propagation.
Par crainte de représailles, les travailleurs qui ont témoigné ont réclamé l’anonymat.
«Inacceptable»
«Il n’y en a pas de zone verte. Nous sommes en zone rouge partout», dénonce l’un des soignants.
«On sort des ascenseurs et ce qui sépare le personnel “propre” de ceux qui sont en équipement contaminé, c’est un tape sur le tapis», renchérit un autre soignant.
Les employés sont nombreux à devoir partir parce qu’ils ont été contaminés et, pendant ce temps, les patients continuent d’arriver en grand nombre. Résultat : les effectifs diminuent et les tâches augmentent.
«C’est inacceptable, le traitement des patients, confie un autre travailleur. J’ai vu une dame qui est restée dans ses selles de 8 h à midi.»
Des travailleurs rapportent que des patients sont déshydratés, sous-alimentés et que, malheureusement, certains décèdent seuls parce que les employés sont submergés par les tâches.
Impact émotionnel «immense»
«Le patient meurt seul, avec pour seul souvenir des gens dévoués, mais masqués et méconnaissables», s’attriste un soignant.
«Ils regardent tous le ciel lorsqu’ils partent. La vue est magnifique, mais croyez-moi, j’ai en tête chaque visage de mes patients décédés. L’impact émotionnel est immense», dit-il.
«Il y a plein de patients qui arrivent et, quand ils voient ça, ils disent qu’ils préfèrent mourir plutôt que de vivre ça», poursuit un collègue.
Rencontre
Une rencontre est prévue aujourd’hui entre les employés et des gestionnaires du Centre de convalescence de la Grande Allée.
«On veut la PCI sur place, comme il y a ailleurs, et un véritable zonage, sécuritaire et efficace», rapporte un employé. S’il n’y a pas de changement, ils envisagent de faire appel à la Sécurité publique et au Protecteur du Citoyen.
L’accès aux masques N95 est aussi demandé, puisque la charge virale des patients en fin de vie est importante.
Un site « non traditionnel » avec des désavantages, admet le CIUSSS
Le CIUSSS de la Capitale-Nationale dit faire le maximum pour assurer la sécurité des usagers et du personnel au Centre de convalescence de la Grande Allée, mais admet que le site, à vocation hôtelière, comporte plusieurs «désavantages» pour les équipes et les patients sur place.
Ajustements
«Le Centre de convalescence (CDC) de la Grande Allée a repris ses activités en octobre dernier, avec l’arrivée de la deuxième vague. Depuis, certains ajustements ont été réalisés de façon à continuer d’optimiser les mesures de sécurité pour les usagers et le personnel», indique Mélanie Otis, porte-parole au CIUSSS de la Capitale-Nationale (CIUSSS-CN).
Elle convient toutefois que l’Hôtel Le Concorde, qui accueille le CDC de la Grande Allée, est un site «non traditionnel» qui vient avec des désavantages que le CIUSSS-CN tente d’amoindrir «par tous les moyens possibles».
«De multiples tournées de personnel ont été réalisées par la coordonnatrice du centre dans les dernières semaines, afin de saisir les différents enjeux. Des mesures ont alors été réfléchies et mises en application graduellement depuis», poursuit la porte-parole.
Soins palliatifs
Le CIUSSS-CN indique ne pas être au courant que plusieurs patients manquent de soins, mais confirme qu’une équipe dédiée aux soins palliatifs est présente.
«Les proches aidants sont invités à accompagner leurs proches, qu’ils soient en soins palliatifs ou non. Si un usager n’a pas de proche aidant, une attention particulière lui est accordée», fait valoir Mme Otis.
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